Je pense que la restauration liturgique en cours aura des effets extrêmement bénéfiques mais qu’elle ne fera pas tout.
Il me semble que ces effets se feront sentir sur les prêtres et les fidèles, auxquels cette restauration pourra faire découvrir ou redécouvrir des richesses que la révolution liturgique avait parfois masquées, affaiblies ou perdues : la transcendance de Dieu, le caractère sacrificiel de la Messe, le ministère du prêtre agissant à l’autel in persona Christi, la dévotion due à la sainte eucharistie. Qu’elle fera gagner la prière en intériorité. Qu’elle pénétrera le peuple chrétien de l’idée que, selon les termes de Benoit XVI aux Invalides « rien ne remplacera la Messe pour le salut du monde » . La Messe traditionnelle, par ses textes et par ses rites, présente en outre un certain nombre de barrières qui sont autant d’obstacles aux hérésies. Leur remise à l’honneur ne pourra manquer de donner à réfléchir ceux qui se seraient, sans malice de leur part, laissé séduire.
La crise de l’Eglise est cependant survenue avant la réforme liturgique. Les plus progressistes des Pères conciliaires célébraient sans sourciller la Messe traditionnelle. Cela me parait prouver que la liturgie n’a pas réponse à tout (encore que l’on puisse estimer que la crise liturgique avait précédé le concile ; que la Messe traditionnelle n’était plus célébrée comme elle devait l’être, qu’on avait cessé de l’aimer comme elle méritait de l'être).
Il faudra donc que vienne de Rome, en parallèle à la restauration liturgique, une restauration doctrinale qui dissipe les ambiguïtés nées du dernier concile. C’est ce que le Saint Père a commencé de faire, avec son discours du 22 décembre 2005 sur l’herméneutique de la continuité, comme avec sa mise au point sur le subsistit in. Ce qui avait d’ailleurs été dans une certaine mesure déjà entrepris dès le pontificat de Jean Paul II avec Veritatis splendor, Evangelium vitae ou Dominus Jesus.
Il y faudra du temps, et pour ce qui dépend de nous, de la patience, de l’intelligence, et quelque chose qui ressemble à l’union des forces vives qu’appelle de ses vœux l’abbé Barthe. C’est ce que je nous souhaite.
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