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De la part de l'un de vos anciens fidèles par Candidus (2007-01-18 00:27:36) Imprimer

Cher Monsieur l'abbé,

J'ai eu l'honneur de vous connaître et de vous apprécier dans les années 80. A cette époque, nous étions tous deux, à des titres divers (vous prêtre, et moi adolescent), membres de l'Union Pour la Fidélité, dirigée par feu le RP Barbara.

Pour ceux qui l'ignorent, l'UPF était une "association de prêtres et de laïcs catholiques" qui défendaient la thèse de la "vacance du siège apostolique" (sédévacantisme) et cherchaient, par des voyages et des rencontres à travers le monde, à susciter la conversion d'évêques "encore catholiques" ("la mêche qui fume encore" disait le P. Barbara) afin que ceux-ci jetassent l'anathème contre l'anti-pape JP II (sic) et son Eglise conciliaire apostate.

Vous comme moi (ou pour être tout à fait exact, moi sous votre houlette et celle du P. Barbara), considérions la nouvelle messe comme intrinséquement invalide, les prêtres ordonnés selon le nouveau rite comme probablement tous de simples laïcs, et "l'évêque Lefebvre" comme un hérétique inconséquent dont il n'y avait plus rien à attendre (Ecône point final).

Que d'eau est passée sous les ponts depuis cette époque monsieur l'abbé...

Que de remises en question et pour moi, et pour vous aussi semble-t-il...

A une époque, je vous en ai beaucoup voulu. J'ai eu l'impression que vous, le P. Barbara, l'abbé Zins, l'abbé Delmasure, pour ne nommer que les principaux clercs que je côtoyais ces années-là, à des titres divers, m'aviez blessé l'âme et l'intelligence en m'inculquant une culture religieuse faite de critiques, d'interpétations, d'extrapolations obtuses et systématiquement malveillantes de Vatican II et des faits et gestes des autorités romaines.

Avec le recul du temps, ces sentiments hostiles me paraissent bien puérils. Vous aussi, je pense, avez dû "laisser des plumes" dans cette odyssée.

L'évolution qui paraît avoir été la vôtre, a été aussi en grande partie la mienne. Pour faire court, ce qui m'a éloigné du sédévacantisme n'est pas tant la "démonstration" de sa fausseté, mais plutôt la conviction qu'il menait à des impasses, l'évidence qu'il ne pouvait être vrai ; la prise de conscience de l'extrême complexité des êtres et des problèmes ecclésiaux contemporains que nous maniions avec tellement de désinvolture et d'imprudence.

Tout cela a suscité chez moi un grand acte de foi libérateur : la reconnaissance que ce qui me "paraît blanc est noir, si l'Église hiérarchique le décide ainsi".

Une libération, c'est vrai, mais accompagnée aussi de la constatation quotidienne que l'on ne chemine jamais impunément dans le milieu sédévacantiste ; on en garde souvent de douloureuses séquelles ; notamment certains réflexes pavloviens qui vous empoisonnent longtemps la vie spirituelle et intellectuelle ; cependant, progressivement, avec la grâce de Dieu, l'aide de la Sainte Vierge, on parvient à se reconstruire...

Il m'arrive fréquemment de lire vos articles publiés dans Catholica, et je dois dire que je trouve votre réflexion intellectuellement stimulante. Dans l'ensemble, je suis plutôt d'accord avec vos analyses, même s'il m'arrive de les trouver quelquefois un peu trop "sociologisantes".

Ce que je souhaiterais connaître de vous à l'occasion de ce "rendez-vous" est une explication, voire une justification du cheminement qui vous a conduit du sédévacantisme à la position plutôt ecclésiadéiste que vous défendez aujourd'hui (et, encore une fois, qui correspond à mon évolution personnelle).

Monsieur l'abbé, comment avons-nous pu nous aveugler à ce point durant les années 80 ? Que ne voyions-nous pas ? Où le bât blessait-il dans notre raisonnement ?

Chesterton a dit du fou qu'il n'avait pas perdu la raison mais plutôt qu'il avait TOUT perdu, SAUF la raison. Ne pourrait-on pas dire la même chose du sédévacantiste ? Il n'a pas perdu la foi, il a TOUT perdu SAUF la foi ?

Ce que j'attends de vous est que vous m'aidiez à formaliser et à clarifier ce qui à cette époque nous conduisait à soutenir une position si radicale, si simpliste, et avec le recul du temps, si déconnectée de la réalité ecclésiale.

Cordialement, et en espérant pouvoir renouer prochainement un contact personnel avec vous (je travaille à Paris).
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images/icones/hein.gif De la part de l'un de vos anciens fidèles par Candidus (2007-01-18 00:27:36)
     images/icones/neutre.gif Une longue réflexion par Abbé Claude Barthe (2007-01-22 19:17:39)
         images/icones/hein.gif Cher Monsieur l'abbé... par JacqHou (2007-01-22 19:48:34)
             images/icones/neutre.gif Pardonnez-moi de ne pas continuer sur ce sujet... par Abbé Claude Barthe (2007-01-22 20:09:58)
                 images/icones/hein.gif Merci Monsieur l'abbé par JacqHou (2007-01-22 20:30:12)



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