Bonjour deo gratias

Le Forum Catholique

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Dominique Morin -  2006-12-11 18:37:48

Bonjour deo gratias

Je suis né, il y a 47 ans, j’ai été baptisé catholique et consacré à la Sainte Vierge à la naissance. J’ai été au catéchisme jusqu’à notre arrivée dans une cité d’Orly, vers 1970. À ce moment-là, ma mère ne pratiquait plus, personne non plus autour de moi, l’ambiance du catéchisme tenait plus lieu de la garderie. Pas plus motivé que ça, sans encouragement, j’ai tout laissé tomber vers 12 /13 ans. Mes années d’errance, la drogue, les filles, la violence anarchiste m’ont privé de liberté et du désir de Dieu. Ma quête de redressement en fuyant la violence politique, la drogue et la délinquance d’abord par la loi naturelle m’a conduit au service militaire, que je refusais jusque-là en décembre 1984 avec la 84/12. Bloqué durant les classes le soir de Noël, j’ai suivi des soldats et officiers à la cathédrale de Laon. Je cherchais sans savoir quoi. Surpris de l’accueil bienveillant et de découvrir des fidèles qui, à travers la prière, les sacrements et les commandements de Dieu puisaient une force pour affronter les difficultés de leur vie, cela m’a attiré et j’ai commencé à suivre l’Eglise, maladroit et un peu désarçonné par certaines choses. Au PMI de Lourdes en 1985, j’étais le seul soldat du 6e RHC présent et je n’avais pas encore la foi, je ne communiais pas encore, je me confessais déjà, il y avait du boulot et je tachais de suivre les commandements de l’Eglise. Je suis redevenu pratiquant avant de devenir croyant.
La confession et ce cheminement m’ont aidé à arrêter la drogue. J’ai commencé à aller à la messe tous les dimanches, y ramenant ma mère. D’abord à Saint Germain l’Auxerrois, bonne paroisse avec le Père de Margerie qui avait écrit « communion quotidienne et confession fréquente. » En 1986, ce n’était pas banal. Je n’ai jamais pratiqué dans ma banlieue rouge où le discours du clergé n’était pas assez clairement catholique. Je n’y suis pas retourné, et je ne sais pas si cela a évolué. Je ne juge pas, mais je ne veux pas entrer dans une église la peur au ventre et en ressortir furieux ni risquer d’y perdre la foi. Aussi, je monte à Paris depuis cette époque. Je le regrette car un catholique devrait pouvoir aller à sa paroisse, mais vais-je y trouver ce que je suis en droit d’attendre d’une paroisse ?
Mais la tristesse où disons la sécheresse des offices, Noël entre autres, ne me contentait pas. Avec ma mère, nous nous sommes intéressés à Saint Nicolas. Un minuit chrétien chanté par un choriste et quelques larmes plus loin, j’en suis devenu fidèle. Ces années m’ont aidé à structurer ma pratique et à diminuer mon ignorance doctrinale, à lire de bons auteurs. J’y ai aussi fait deux confessions qui ont orienté ma vie. Une confession générale ou j’ai avoué les explosions politiques et d’autres chose. Je ne parvenais pas à me les pardonner et les croyais impardonnables par Dieu. Puis plus tard, ne parvenant pas à choisir entre le marathon qui se courait le dimanche matin et la messe dominicale, un autre prêtre m’a cité Saint Paul et j’ai choisi… la messe dominicale en renonçant à courir au moins en compétition. Gros sacrifice à l’époque que je ne regrette pas ! Vous connaissez tous ces deux prêtres que Dieu a mis sur ma route. Mais sont arrivés les sacres qui m’ont obligés à choisir la fidélité à l’Eglise aidé il faut le dire par les invectives du Chardonnet contre celui que j’estimais et dont j’ignorais encore qu’il deviendrait plus tard mon compagnon de cellule d’une nuit à Grenoble et mon père abbé. Je me rapproche alors de Saint Eugène tout en retournant parfois à la messe nouvelle, ce que je ne faisais jamais à Saint Nicolas. Je précise que je n’avais de lien réel avec aucune paroisse depuis ma conversion ni de père spirituel.
Les années passent, je grandis en découvrant l’amitié avec des femmes, la chasteté, le militantisme pro vie et l’amour.
Tout ça en paquet cadeau, la belle vie quoi !
Vient l’annonce terrible du sida, remontant à mon adolescence 13 ans plus tôt. Tout s’écroule, je vais mourir très vite. Je me raccroche à Dieu, à la vie, aux joies simples de chaque jour. Sorti de ma première hospitalisation, je pars au Barroux pour mon premier séjour dans un monastère. Je viens y demander l’aide de l’Eglise pour affronter la maladie et la mort. J’y reçois en urgence la confirmation, le sacrement des malades et quelques semaines plus tard, j’ai demandé à devenir oblat et je reçois mon noviciat puis la profession quatre mois plus tard en la fête de Saint Louis. Délais exceptionnellement courts en raison de mon état de santé dégradé. Cela fait douze ans.
La maladie s’aggravant, je survis trois ans jusqu’aux trithérapies, il y a dix ans aujourd’hui.
Je n’aime pas les étiquettes qui déguisent des réalités plus complexes en enferment les gens dans des cases. L’idéologie mise à la sauce religieuse pour moi qui suis passé par l’extrême gauche, c’est un non-sens. Je suis catholique militant, oblat bénédictin du Barroux auquel j’appartiens selon les statuts que j’ai accepté dans ma charte. Je suis proche de la fraternité Saint Pierre mais dépendant inconditionnellement du Saint Père et de la doctrine catholique pour servir Jésus-Christ. J’aime toute l’Eglise sans réserve sinon contre les égarements humains de ses membres quand ils trahissent leur mission.
Ma maladie est liée uniquement à mes égarements de jeunesse et à mon aveuglement d’avoir suivi les utopies meurtrières de 68. Dieu pardonne, pardonnons-nous nos erreurs et guérissons nos cœurs blessés.
Le sida a été pour moi un désastre humain qui m’a fait renoncer au mariage avec la femme que j’aime. Mais Dieu a permis que j’attende d’être debout et enraciné dans la vérité pour apprendre la nouvelle. Ma vocation de riche devenu irréalisable, j’ai cherché à comprendre. Dieu m’a offert de continuer à vivre et à servir son amour, la Vie et témoigner auprès des jeunes pour leur transmettre la vie et la vérité à partir du fruit du mensonge qui mène à la mort. Vocation de pauvre et grâce exceptionnelle dont je rends grâce à Dieu tous les jours.
La sexualité est un moyen, un instrument, qui peut nous éloigner de la paix, de notre bien, de Dieu et des autres. Elle peut aussi trouver sa vocation en l’apaisant par la chasteté, en la préservant par la pureté, en la sublimant par l’amitié pour l’offrir comme un trésor, une joie, un don d’amour. Dieu a voulu que l’homme et la femme participent par un acte d’amour physique à son plan d’amour pour l’humanité et deviennent co-créateurs en s’apportant de la joie. Vous me verriez en parler quand je suis à l’aise devant certains publics de jeunes, le malade du sida n’existe plus, je m’envole vers le Ciel. Leurs regards dans ces moments-là valent bien des discours sur la jeunesse.
Ce n’est pas la sexualité qui est en cause, mais les dérives de la pensée qui ont détourné ce moyen de sa finalité en rejetant l’auteur de la vie qui nous en donne le mode d’emploi. Nous sommes une société orpheline qui cherche désespérément dans le sexe un sens et n’y trouve que la mort après s’être habitué à avoir peur de la vie.
L’homosexualité est une blessure qui a des explications dans les carences, les pertes de repères et l'hyper sexualisation des rapports humains qui dégradent toute vie sociale et affective. Il y a certainement d’autres explications tant le sujet est difficile à comprendre. En privé, beaucoup d’entre eux reconnaissent l’échec de leur choix voulu ou subi. Je pense à Philippe mon ami, militant pro vie malgré son sida en phase terminale. Il était revenu à la vie de la mort, si vous l’aviez entendu parler de l’homosexualité, et m’a aidé à avancer dans cette épreuve. N’enfermons pas les personnes dans un instant de leur vie et rappelons-leur que Dieu les a aussi créés pour aimer en vérité et participer à la création. Les discours freudiens marxistes essaient de nous imposer une vulgate matérialiste, mais cette souffrance homosexuelle peut être accompagné psychiquement et vécue chrétiennement. J’en ai des témoignages. Tout le reste est du baratin à usage externe et du désespoir déguisé en carnaval d’enfants perdus ou de pervers.
Il faut prendre garde à certaines associations dites chrétiennes qui accompagnent les homosexuels et les malades du sida. Discernez leur discours par rapport à la charité fondée sur la vérité avant de soutenir une action. Certains penseurs catholiques ont fait beaucoup de mal et encore aujourd’hui la confusion règne dans les discours moralistes. Heureusement pas tous.
Aucun n’est oublié sur la route, soyez en certain et de chacun nous aurons des comptes à rendre quand Dieu nous demandera » Qu’as-tu fait de ton frère ? »
Ayons ou retrouvons une pensée claire, un cœur droit pour aller vers un Dieu Père aimant chacun de ses enfants qu’il connaît par son nom et qu’Il aime comme la prunelle de ses yeux.
Union de prière
Dominique


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