social, vous avez dit social, propos d'un sceptique sur la DSE

Le Forum Catholique

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baudelairec2000 -  2010-06-08 22:08:51

social, vous avez dit social, propos d'un sceptique sur la DSE

bonsoir monsieur, je prends le débat en cours de route.


je réalise que vous êtes un fervent défenseur de la DSE. Pourquoi pas?

Mais il me semble que vous commettez plusieurs erreurs lorsque vous affirmez

1/qu'elle découle de l'enseignement du Christ: l'expression remonte à la première moitié du XX e siècle et, si j'en crois Calvez et Perrin (Eglise et société économique, Aubier, 1959), elle apparaît seulement dans le Magistère en 1947, nous sommes sous Pie XII. Excusez du peu!
Evidemment la réalité existe avant le vocable depuis Léon XIII avec l'encyclique Rerum Novarum (1891). Dans cette encyclique, le pape entend énoncer les "principes gràce auxquels on pourra, comme la justice et la vérité le commandent, mettre un terme au conflit (ouvriers/capitalistes)." En d'autres termes, ce corps de doctrine répond à une situation nouvelle, inouÏe dans l'histoire humaine, celle de la question ouvrière. On le comprend aisément, cet enseignement social est circonstanciel, d'autant plus circonstanciel que, le monde économique évoluant rapidement, les problèmes sociaux évoluent au même rythme que l'économie. Cet enseignement social n'a donc rien d'éternel, elle n'est pas, si l'on peut dire, adéquate avec le Décalogue. Très clairement, l'Eglise a toujours eu un enseignement moral et politique, pour le social, il vous faudra attendre l'époque contemporaine!

2/une remarque logique: je ne vois pas comment la DSE qui "ne change pas" peut cependant "évoluer avec la vie". Vous apportez de l'eau à mon moulin, en affirmant bien involontairement que cet enseignement est circonstanciel et par nature évolutif. Je vous en remercie.

3/L'Etat, affirmez-vous, devrait promouvoir la DSE. Je dirais bien au contraire qu'il a mieux à faire: remettre de l'ordre dans la société, remettre l'économie à sa place lorsque l'Eglise aura remis l'homme à sa place par l'affirmation du primat de l'être sur l'avoir, de la contemplation sur l'action et de la nécessité de la pratique de la vertu. L'Etat a une finalité et une seule: tout faire au moyen de la législation pour disposer de l'extérieur les individus à la pratique de la vertu et à interdire ce qui pourrait les en détourner; sur le plan économique, cela signifie la pratique de la justice que les Anciens s'évertuaient à diviser en commutative et en distributive; pas besoin de cette notion bâtarde de "justice sociale" apparue sous Pie XI et qui consacre la mort de la vertu de justice légale, désormais inutile depuis la disparition du bien commun. Pas besoin non plus de cette notion de "corps intermédiaires", rustines fragiles destinées à colmater les dégâts de la démocratie moderne et de ses fidèles compagnons le capitalisme et le libéralisme. Il ne restera plus à l'Eglise, lorsque l'Etat aura retrouvé sa finalité, lorsque l'Etat aura été réhabilité et qu'on aura réaffirmé sa nécessité (le pouvoir n'est pas mauvais en soi, l'Etat ne fait pas le malheur de l'homme, puisque l'homme est un animal politique) à faire ce qu'elle a toujours le mieux fait: sanctifier les individus pour les orienter vers leur fin ultime, la béatitude éternelle. Tout autre discours serait une trahison de sa mission.


Merci de m'avoir supporté.
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