réponse à l'idée de nation

Le Forum Catholique

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Gabriel Dubois -  2009-01-20 18:32:22

réponse à l'idée de nation

L’idée de nation au sens moderne est plus contraignant, plus écrasant, plus identitaire également que celui où l’entendait nos pères. Il est certainement issu de la Révolution jacobine, qui confondait l’unité et l’unanimité.

Ainsi, aujourd’hui, nul ne conçoit une nation sans une unité de coutumes, de langue, de lois, etc.

Pour les Français de l’Ancien Régime, appartenir à la nation française, avoir un roi de France et aller se battre pour la patrie française, cela ne signifiait pas pour autant renier son village, sa province, sa langue, ses coutumes, ses droits et ses privilèges, en bref ses libertés. Et une même nation pouvait être composée de corps divers, sans souci d’unanimisme.

La notion de nation républicaine, largement acceptée aujourd’hui, n’a donc rien à voir avec la nation d’Ancien régime.

J’irais plus loin en disant que la nation d’Ancien Régime est profondément organique. A la différence de l’unanimisme national contemporain, qui, détruisant les particularités, crée des atomes individuels dans la nation. De fait, ne concevant la nation que comme un agglomérat d’êtres identiques, cette vision de la nation est mère de tous les individualismes et destructrices, de ce fait, des nations, qui ont besoin de ces corps divers pour respirer. Enfin, la nation moderne est mère des nationalismes guerriers, bien loin de ce nationalisme protecteur, fait du respect des libertés, que vivaient les Français des siècles passés et que chantaient encore les félibriges du début du XXe siècle.

Il y a en effet, dans cette idée de nation, confondue avec le citoyen anonyme, la citoyenneté, cette idée d’utilité. N’est bon pour la nation que le citoyen actif, producteur en quelque sorte, et donc artisan physique de la nation. Cette idée de la nation était déjà en germe chez les philosophes des Lumières, et ce n’est pas pour rien qu’ils avaient en horreur les ordres contemplatifs, jugés inutiles. De même, les légistes de la révolution détestaient la jurisprudence et les corps constitués, car ces deux choses représentaient l’indépendance des juges, la vitalité d’un droit local dans le premier cas, et l’existence d’institutions entre le citoyen et l’Etat, dans le deuxième cas.

En revanche, j’introduirais une correction pour la citation de Maurice Barrès, qui disait que la nation c’est « la terre et les morts. » Autrement dit, la terre charnelle et nos ancêtres qui l’ont peuplée et travaillée.
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