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Le Forum Catholique

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Gabriel Dubois -  2009-01-20 18:29:29

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J’ignorais l’existence de l’ouvrage de Dom Guéranger, mais, en effet, si l’on se penche sur les recherches historiques récentes, comme celles de Jacques Le Goff, plus éminent spécialiste du règne de St Louis, sa fidélité à la papauté semble évidente, et il serait anachronique de parler de gallicanisme pour le règne de St Louis. Si la fidélité ne veut pas dire la soumission, et si St Louis ne se laissera pas non plus dominer par les prétentions temporelles des papes d’alors, il sera toujours le fils de l’Eglise.

En revanche, effectivement, le gallicanisme est une réalité du règne de Philippe le Bel, et la falsification peut, dans ce contexte, largement se comprendre, surtout si l’on suit le détail des affrontements entre le roi de France et le pape sous le règne de Philippe le Bel. Affrontements dans la ligne de ce qui se passait également dans l’Empire Romain Germanique, alors. Nous sommes, à ce moment là, en pleine opposition autour des prétentions du pape à une supériorité politique, temporelle, par rapport aux souverains d’Europe.

Mais pour en revenir à St Louis, M. L’abbé Schaeffer a tout à fait raison, et ce avec les éminents médiévistes des dernières années.

La position de Fustel de Coulanges, elle, s’explique non seulement à cause de la foi accordée à un document falsifié, mais également à cause d’une orientation de l’historiographie de l’époque. A la France républicaine de ce début de IIIe République, préparant la revanche contre l’Allemagne, en prise aux luttes anticléricales, il faut à la fois une indépendance totale face aux puissances intérieures et extérieures qui pourraient brider l’Etat républicain, mais il faut également une indépendance dans le domaine de l’histoire. Dans ce mythe de la France parfaite, quasiment de la « déesse France », il faut une patrie immaculée, qui ne fut jamais soumise à qui que ce soit sous quelque forme que ce fut, et conserva toujours ses spécificités. Le gallicanisme faisant partie de ces spécificités.

Enfin, à cette France de la fin du XIXe siècle, il faut des saints, mais des saints laïcs. St Louis, Godefroy de Bouillon, Philippe Auguste, Philippe Le Bel, mais également Jeanne d’Arc, seront récupérés par l’historiographie, comme les bâtisseurs de la nation, mais des bâtisseurs laïcs. La foi est absente.

Autrement dit, il y a également, ici, un enseignement à tirer des orientations idéologiques de l’historiographie, selon les situations nationales. Ainsi, même Fustel de Coulanges, qui se disait positiviste, et voyait l’histoire comme une science exacte, même lui, qui fut pourtant un novateur éclairé dans son domaine, a parfois pêché dans ce sens.
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