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Le Forum Catholique

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Michel De Jaeghere -  2008-12-09 22:29:03

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Cher Monsieur
J'ai peu de temps pour vous répondre, et de longs développement seraient nécessaires. Je vous prie donc d'excuser par avance ce que mes réponses auront d'un peu rapide.
1 S'agissant du concile, il me semble (mais comme vous le savez, je ne suis pas infaillible) que les ambiguités sont dans le texte même de certaines constitutions conciliaires (Lumen gentium, sur la définition de l'Eglise comme signe et sacrement de l'unité du genre humain, Nostra aetate sur la valeur des religions non chrétiennes, Dignitatis Humanae sur la Liberté religieuse par exemple: je ne parle pas de Gaudium et spes, qui échappe à mon avis à toute tentative d'analyse critique pour des raisons qui ne sont pas forcément à porter au crédit de ses rédacteurs).
Le saint Père ne dit pas cela (vous avez raison) mais dans le cas du subsistit in, il nous a donné l'exemple d'une réinterprétation magisterielle contre le sens litéral du texte: c'était tout de même reconnaitre que ce sens était ambigu. Ce que j'espère, c'est qu'il va poursuivre cette réinterprétation avec d'autres textes.
Beaucoup de constitutions conciliaires ont été le fruit de compromis entre conservateurs et progressistes. Les conservateurs ont obtenu le plus souvent le maintien d'une économie générale classique dans l'exposé de la doctrine; les progressistes ont glissé, ici ou là des formules équivoques qui pouvaient être entendues de façon traditionnelle ou de façon novatrice. Le concile terminé, ils l'ont réduit à ses seules novations, considérées par eux comme seules importantes, seules représentatives de l'"esprit du concile" (ce que le saint Père dénonce quant à lui comme un "anti-esprit du concile"). Il est donc bien vrai que les textes de Vatican II sont d'apparence beaucoup plus conservatrice que ce qu'on leur a fait dire. Il n'en reste pas moins (à mes yeux) que les novations sont dans le concile, comme un gramme d'arsenic dans un litre de tisane.
2 S'agissant de la réforme liturgique,le fait que le Nouvel Ordo ait été utilisé par quatre papes successifs n'empêche pas qu'il ait pu avoir des faiblesses. Le saint Père a parlé à son propos de liturgie fabriquée, ce qui était dans sa bouche un jugement sévère.
Pour m'en tenir à un seul exemple: le fait d'avoir suprimé la genuflexion que faisait le prêtre en signe d'adoration juste après avoir consacré l'hostie, puis le calice, et maintenu en revanche celle qu'il fait après l'élévation de l'hostie puis du calice, a objectivement contribué à rendre indiscernable la différence entre la foi de Luther (pour qui c'est l'adoration des fidèles qui consacre en quelque sorte l'hostie) et la foi catholique (qui professe que la transubstantiation est opérée par les seules paroles du prêtre agissant in persona christi). Je ne dis pas, bien sûr, que cette suppression rend la messe invalide; je n'incrimine pas la foi de ceux qui la célèbrent ou y assistent selon le nouveau rite. Je dis qu'indiscutablement, on a démantelé là une barrière qui faisait obstacle à la diffusion de l'hérésie luthérienne: c'est si vrai que comme vous le savez, des pasteurs protestants se sont dits prêts à célébrer leur culte selon ce rite. Ce démantèlement n'a rien eu d'innocent. On a invoqué la nécessité de supprimer les genuflexions trop abondantes: si c'était le cas, pourquoi est-ce justement celles qui étaient essentielles qui ont été choisies?
Je suis bien d'accord avec vous sur le fait que la formation est nécessaire. Mais les rites mêmes de la liturgie sont un tout premier catéchisme.
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