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Le Forum Catholique

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abbé Vincent Ribeton -  2006-11-13 22:22:11

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La critique constructive de Vatican II, comme je l'ai souligné ce soir dans l'une de mes réponses, était en fait déjà autorisée et encouragée par le protocole d'accord du 5 mai 1988. Cette critique constructive reste, il est vrai, largement à faire. Depuis quarante ans, on s'est souvent davantage focalisé sur "l'esprit du concile" que sur les textes eux-mêmes. Ce travers a été dénoncé par le pape Benoit XVI dans son discours du 22 décembre 2005. Dans ce même discours, le pape remarquait que le concile n'avait pas été chargé d'agir comme une sorte d'Assemblée constituante chargée de donner un contenu nouveau à l'Eglise. Il n'en avait pas le mandat, et ne pouvait pas l'avoir, puisque c'est Jésus-Christ qui a donné sa constitution à l'Eglise. Cette critique du Pape est très intéressante car elle bouscule l'idée trop répandue d'une Eglise prenant un commencement nouveau avec Vatican II, tournant le dos à l'ère sacrale de l'âge post-constantinien. Vatican II n'a pas inventé une Eglise nouvelle. Vatican II doit donc être lu dans la continuité du Magistère antérieur, à la lumière de la Tradition. Le concile a hélas trop souvent fonctionné comme un slogan qui servait à disqualifier la Tradition de l'Eglise. L'étude attentive des textes eux-mêmes montre que cette attitude fut abusive.
Les évêques réunis à Lourdes admettent que la réception des textes de Vatican II reste largement à entreprendre. Le cardinal Ricard dans son discours de clôture a déclaré : "le Concile Vatican II est encore à recevoir. Il faut toujours vérifier que son souffle anime bien en profondeur la vie et le fonctionnement de nos communautés chrétiennes. Il s’agit de vérifier également que l’on ne met pas sous son patronage des façons de vivre, de penser, de célébrer ou de s’organiser qui n’ont rien à voir avec lui. Rester fidèle au Concile ne veut pas dire non plus qu’on demeure nostalgique des premières décennies de sa mise en œuvre." Si je comprends bien la pensée du cardinal, il prend ses distances par rapport à ce que l'on a dit du Concile dans le contexte postérieur à mai 68. Ce discours de clôture manifeste que l'épiscopat français est en train de s'ouvrir à la problématique abordée par Benoît XVI le 22 décembre 2005. La pensée du Pape, Dieu merci, est en train de devenir contagieuse, et nous tâcherons nous-mêmes par nos efforts de servir cette pensée du Pape.
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