B-P et la maçonnerie

Le Forum Catholique

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Philippe Maxence -  2007-10-22 19:50:56

B-P et la maçonnerie

La question de l'appartenance à la F.M. de B-P nécessite une longue réponse, en plusieurs étapes, avec quelques détours dont je vous prie de m'excuser. Je vais être aussi un peu schématique pour cette réponse :

1°) La F.M. est une organisation universellement condamnée par l'Eglise catholique.
2°) En Angleterre, la F.M. a toujours été une institution « conservatrice », impliquée directement dans le jeu des institutions politiques. Si Blair a pensé rendre obligatoire la déclaration d'appartenance à la F.M. pour les fonctionnaires, c'était pour lutter contre cette présence conservatrice au sein des rouages de l'Etat. L'un des effets de cette situation est que, contrairement à la France, la maçonnerie n'y a pas une pratique clandestine en tout et toujours. Cet aspect ne veut pas dire, bien sûr, que les grandes décisions prises en loge sont forcément divulguées. Cela veut dire que l'appartenance à la maçonnerie n'est pas forcément un secret.
3°) L'épouse de B-P a toujours nié l'appartenance de son mari à la F.M. Personne n'est obligé de la croire.
4°) J'ai posé la question de cette appartenance à la fille de B-P, Betty Clay, alors vivante. Elle m'a affirmé également que son père, à sa connaissance, n'avait pas été membre de la F.M. Là encore, personne n'est obligé de la croire;
5°) J'ai posé la question à l'un des petits-fils de B-P. Ce petit-fils était lui-même maçon et membre d'une loge en Australie du nom de… Baden-Powell. Il m'a affirmé lui aussi que son grand-père n'était pas maçon. Une fois encore, on peut le soupçonner de manquer à la vérité.
6°) Après la guerre (la Seconde) contre l'Afrique du Sud, dans laquelle s'inscrit l'épisode de Mafeking, la maçonnerie anglaise a mené une enquête pour savoir combien de soldats et officiers maçons avaient participé au conflit. Il s'agissait d'une opération de propagande, visant à montrer que les maçons étaient particulièrement patriotes. Une très longue liste a été publié. Le nom de Robert Baden-Powell (j'insiste sur le prénom) n'y est pas. En revanche, on trouve le nom de Baden Baden-Powell (là encore, j'insiste sur le prénom) et de Kenneth McLaren (rien à voir avec le propriétaire de Gilwell).
7°) C'est là que tout se complique et j'en suis désolé. Vous risquez d'être consommé par mes propos un peu embrumés. Mon hypothèse – qui n'est que cela – est que le bruit de l'appartenance de B-P à la F.M. a été facilité par l'appartenance certaine de son frère Baden à la maçonnerie. Confusion d'autant plus facile que le frère de Robert, le fondateur du scoutisme, se prénomme Baden comme une partie de leur nom de famille.
Pourquoi cet étrangeté ? Tout simplement parce que les enfants Baden-Powell ne sont pas nés sous ce nom là. Ils sont les enfants du professeur et de madame Powell. Laquelle une fois veuve, à la fois par piété envers la mémoire de son défunt mari et en cédant aussi à une mode germanique en Grande-Bretagne, a fait ajouter officiellement au nom de famille Powell le prénom de son mari : Baden. Ce qui fait, au passage, que la bonne orthographe du nom du fondateur du scoutisme est Baden-Powell (avec un tiret) et non Baden Powell (sans tiret). Pourquoi préciser tout cela ? Tout simplement parce qu'en lisant sur des listes maçonnes officielles le nom de Baden Powell, on a peut-être cru y voir Baden-Powell. Je vous accorde que la réponse et l'explication sont un peu compliquées. Au reste, cela ne prouve pas la non-appartenance de Robert Baden-Powell à la F.M. Cela montre juste que la confusion a été possible.
8°) Outre un frère (au moins) maçon, B-P a eu comme meilleur ami Kenneth McLaren, maçon notoire, sauvé d'une blessure à Mafeking, par un boer qui a reconnu sur McLaren un signe maçon. S'il n'a pas été lui-même maçon, – ce vers quoi je penche personnellement – B-P a fréquenté sans aucun problème des maçons et des théosophes dont Annie Besant. Pour le moins, B-P n'est pas un adversaire de la F.M.
9°) Mais il n'est pas non plus un adversaire du catholicisme. Dès le début du scoutisme, il a veillé à entretenir de bonnes relations avec la hiérarchie catholique et le cardinal Bourne a autorisé les catholiques a participé au scoutisme de B-P. Ce dernier a confié le développement de la branche cadette du mouvement (louveteaux) à la catholique Véra Barclay.
10°) Retrouve-t-on dans le scoutisme cette liste impressionante : « naturalisme, théosophie, rituels, signes secrets, cris, grades, méthode ésotérique initiatique, libre examen et libre choix d'apprentissage et de discipline » ? La question du naturalisme est largement débattue. Il serait long d'y revenir. Disons que le scoutisme de B-P prête le flanc à cette accusation. Le scoutisme catholique fidèle à l'enseignement de l'Eglise a su s'en affranchir.
Outre le cardinal Bourne cité pour l'Angleterre, on peut citer aussi le fait que le scoutisme catholique est reconnu dès 1920 par Benoît XV,
– que en 1916, le cardinal Gasparri, secrétaire d'Etat, encourage en Italie la fondation du scoutisme,
– que dès le 18 janvier 1913, le secrétaire d'État Merry del Val loue « cette excellente œuvre de jeunesse » à propos du scoutisme en Belgique ?
Et on ne parlera pas des milliers de vocations nées grâce au scoutisme ni les martyrs venus de ses rangs
11°) Les rituels, les signes secrets, les cris, les grades existent dans la maçonnerie. Mais ailleurs aussi. Baden-Powell a largement puisé, et parfois pillé, dans des mouvements de jeunesse plus ancien que le sien. Le nom d'animal donné à une patrouille : il le prend aux Woodcraft indians. La Cour d'honneur, il va la chercher dans une Ligue de l'honneur. Etc. Sa grande inspiration reste cependant la chevalerie anglaise.
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