Mystère pascal

Le Forum Catholique

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Abbé Christophe Héry -  2006-07-10 20:45:19

Mystère pascal

A propos de votre question, on pourrait rebondir sur le "mystère pascal", si présent dans la prédication post-conciliaire, mais d'une façon curieusement tronquée.

Si l'on reprend la définition de la messe du premier Missel de Paul VI (n° 7), "synaxe sacrée ou rassemblement du peuple de Dieu, se réunissant sous la présidence du prêtre pour célébrer le mémorial du Seigneur, etc.", on peut identifier legrave déplacement qui s'est opéré dans la théologie de la célébration.

La Messe, simple "mémorial du Seigneur" est une hérésie luthérienne clairement identifiée; Pour luther, la liturgie est le mémorial de la Cène et la célébration du Christ ressucité; il n'y a pas de sacrifice car il a déjà eu lieu et on ne peut prétendre le reproduire sans contrefaçon…

La Messe, rassemblement du peuple de Dieu est la définition d'un autre réformateur hérétique, Zwingli…

Nous avons déjà parlé de la "présidence du prêtre"

La Réforme protestante a séparé les mystères de la passion, de la résurrection et de l'ascension, que la prière Unde et memores(canon) et Suscipe Sancta Trinitas (offertoire) réunissent ensemble. Cette disjonction des mystères est tenace dans les esprits et mènent aussi certains qui veulent défendre la tradition à se replier sur une position opposée, mais qui relève au fond de la même erreur : l'oubli de l'unité des Mystères de notre rédemption.

la nouvelle théorie du mystère pascal fait de la messe le mémorial des trois jours saints (de la Cène à la résurrection). La Tradition considère la Cène comme la première Messe et son institution par le Christ; et voit dans la Messe l'actualisation de la passion, mais aussi de la resurrection et de l'ascension du seigneur.

En effet, comme 'enseigne par exemple le pape Benoît XIV, le sacrifice du Christ commence après la Cène et s'achève dans le Ciel, où il "continue" éternellement. Sans la résurrection, la Victime n'est pas consumée, sans l'Ascension, elle n'est pas encore agréée du Père.

En guise de conclusion provisoire, laissons la plume à dom Guéranger, en son commentaire du « Vendredi dans l’octave de l’Ascension », « Le temps pascal », L’Année liturgique, t. III., Houdin, 1908 :

« Chaque jour, la sainte Église, dans l’auguste Sacrifice, à la suite des paroles sacrées qui ont amené sur l’autel celui qui est à la fois le Dieu et la victime, s’adressant à la majesté du Père, exprime ainsi les motifs de sa confiance : “Ayant donc présents à la pensée, nous vos serviteurs et votre peuple saint, la bienheureuse Passion de ce même Christ, votre Fils et notre Seigneur, sa Résurrection au tombeau, et aussi sa glorieuse Ascension dans les cieux, nous vous offrons cette hostie pure, sainte et immaculée…” [prière du canon « Unde et memores », qui suit immédiatement la consécration].
Il ne suffit donc pas à l’homme de s’appuyer sur les mérites de la Passion du Rédempteur qui a lavé nos iniquités dans son sang ; il ne lui suffit pas de joindre à ce souvenir celui de la Résurrection qui a donné à ce divin libérateur la victoire sur la mort ; l’homme n’est sauvé, n’est rétabli, que par l’union de ces deux mystères avec un troisième, avec le mystère de la triomphante Ascension de Celui qui est mort et ressuscité. Jésus, durant les quarante jours de sa vie glorieuse sur la terre, n’est encore qu’un exilé ; et nous demeurons exilés comme lui, jusqu’à ce que la porte du Ciel, close depuis quatre mille ans, se rouvre pour lui et pour nous. »

Bien à vous C.H.

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