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[réponse] par Jérôme Triomphe (2011-06-20 20:09:28) Imprimer

"1°) Dans le métier d’avocat, il y a une forme de comédie, qui oblige à accepter de défendre des affaires alors même qu’on les sait presque perdues d’avance".

Je ne suis pas d’accord. Ce n’est pas par comédie qu’un avocat va accepter de prendre une affaire difficile. D’abord parce que rien n’oblige un avocat à prendre une affaire qu’il ne se sent pas de défendre ; à l’inverse, il doit en conscience la refuser.

Ensuite parce qu’une affaire peut être fondée en équité mais difficile au regard de la règle de droit positive.

A partir du moment où l’avocat en informe le client, lui indique les risques de perdre, les risques financiers d’un échec, et à partir du moment où le client l’accepte, il n’y a là nulle comédie.

J’en profite pour répondre à votre dernière question : bien entendu : l'avocat a le devoir impérieux de dire la vérité à son client sur les risques d'un échec car il appartient seul au client de prendre la décision d'engager ou non une action.


"De la même manière, il arrive que les avocats « plaident corps présent » au tribunal : ils font une plaidoirie éloquente simplement parce que leur client assiste à l’audience mais ils savent que cette plaidoirie est inutile, soit parce qu’ils ont remis au juge toutes les pièces et écritures (conclusions, dossier de plaidoirie) qui suffisent à leur donner raison, sans qu’il y ait besoin de prendre la parole à l’audience, soit parce qu’ils savent que leur affaire est perdue d’avance, eu égard à l’état du droit existant.

Que pensez-vous de cette forme de « comédie » que jouent les avocats ? Sert-elle la Justice ? Comment se concilie-t-elle avec les principes chrétiens de vérité ou de sincérité ?"

Je préviens toujours le client qui sera présent à une audience civile ou administrative qu'il ne s'attende pas à de grands effets de manche. Je lui explique alors que la procédure est totalement écrite et que tous les arguments écrits et toutes les pièces sont entre les mains du juge. Les clients le comprennent fort bien.

Cela étant, la plaidoirie n'est jamais inutile même dans certaines procédures écrites. Dans ce cas, elle se limite à tel ou tel point fondamental qui peut être éclairé oralement mieux encore qu'à l'écrit et sur lequel l'attention du juge peut être attiré.

Je n'ai en tout cas jamais eu l'impression qu'un déplacement pour plaider dans une procédure écrite avait été inutile. Au contraire, aujourd'hui, dans les matières civiles, les juges procèdent de plus en plus souvent par voie de questions sur les points qui leur semblent justifier des précisions orales. La plaidoirie devient alors interactive et l'on sait sur quel point particulier il faut emporter la conviction du juge.

Bien entendu, je précise pour ceux qui ne sont pas familiers de la chose judiciaire cela est valable pour les procédures dites écrites par opposition aux procédures orales comme en matière pénale où les débats oraux et la plaidoirie ont une importance fondamentale.
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images/icones/1a.gif Les avocats jouent-ils la comédie ? par K. Jaspers (2011-06-18 14:41:14)
     images/icones/neutre.gif [réponse] par Jérôme Triomphe (2011-06-20 20:09:28)



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