Enrichissement substantiel, certainement pas. Vous avez raison en disant que l’enrichissement de la forme riche par la forme pauvre, si vous permettez cette pointe polémique, consiste en effet à peu de choses. On peut dire en effet que c’est pour apaiser - diplomatiquement plutôt qu'hypocritement - les partisans les plus décidés de la forme ordinaire, à savoir les évêques, que l’on insiste sur cet enrichissement-là qui n’a rien de commun avec l’enrichissement inverse.
Selon des sources qui paraissent fiables, ce point a fait l’objet de discussion entre les prélats et professeurs favorables à la Réforme de la réforme. L’introduction du nouveau lectionnaire semble avoir été écartée, car outre le caractère en soi très discutable de la composition de ce lectionnaire, son introduction dans la forme traditionnelle en bouleverserait trop radicalement l’économie. Le lectionnaire traditionnel – au moins en ce qui concerne le temporal – est inchangé depuis au moins le XIème siècle. Toute la tradition interprétative de la messe romaine (saint Bernard, saint Bonaventure, parmi tant d'autres) est fondée sur elle. Qui plus est temporal + lectionnaire nouveau supposent des changements tels que la suppression du temps de la Septuagésime.
Bref, ce qui semble retenu est ce qu’a exprimé Mgr Schneider dans un entretien qu’il a accordé à Paix liturgique (1er octobre 2010). Certes, Paix liturgique n’est pas L’Osservatore Romano et Mgr Schneider parle en son nom propre, mais ce qu’il dit résume ce que pourrait être l’enrichissement de la forme extraordinaire par l’ordinaire : « L'introduction de quelques-unes des préfaces du nouveau missel serait une initiative belle et utile, ainsi que l'introduction de nouveaux saints dans le calendrier liturgique traditionnel. »
|