C'est très simple. Je ne veux pas faire parler les morts.
Mais Mgr. Decourtray était un personnage complexe.
Je m'en tiens aux faits.
Il a d'abord eu des propos déplaisants à l'égard du FN, qui ont été à l'origine de notre première rencontre.

Plus tard, j'ai constaté que, pressé à la télévision locale TLM de condamner le FN, il s'y refusait en dépit du harcèlement dont il était l'objet.
Plus tard encore, chez Anne Sinclair, pressé de dire à quoi l'on devait attribuer la progression du FN, présentée par la journaliste comme une réalité épouvantable, il a reconnu s'être peut-être trompé à notre égard, puis il a eu cette réponse déconcertante "Il y a plus de gens que vous ne pensez qui sont attachés aux valeurs traditionnelles".
En 1989, il a été la seule personnalité à part moi à célébrer, à propos du bicentenaire, le souvenir des victimes de la révolution. Il l'a fait solennellement, dans la cathédrale, où j'étais au premier rang. Il a lui même prononcé le sermon, parlant entre autres de l'assassinat (sic) du roi et de la reine.
A propos du SIDA, il a perdu définitivement la faveur des médias, quand il a osé dire que, bien plus que le préservatif, la chasteté ou la fidélité conjugale en était la meilleure prévention. Il m'a confié ses sentiments, et, si j'ose dire, son désarroi. Je crois qu'à ce moment-là il avait compris comment fonctionnait le système.

Je ne dis pas cela pour instruire son procès en canonisation, ni même pour l'exonérer de toute critique. Je dis cela parce que c'est vrai, et qu'il en résulte que ceux que nous croyons être nos ennemis, et qui se comportent parfois comme tels, sont parfois (pas toujours hélas !) susceptibles d'évoluer, surtout si nous nous efforçons de les y aider.