Fustel de Coulanges, l’un des maîtres de l’histoire moderne, considérait l’histoire comme une science exacte. Tout cela ferait sourire, aujourd’hui, le moindre historien blasé et relativiste, dont nos facultés regorgent. Néanmoins, l’idée est loin d’être fausse :
Il s’agit d’étudier avec la même rigueur, de façon égale, tous les phénomènes et éléments de la période étudiée, afin de mieux la comprendre. A ce titre, une étude des croisades devrait étudier avec la même rigueur, la même volonté d’objectivité, la même impartialité, Philippe Auguste et Saladin, par exemple.
Cette volonté d’objectivité historique doit avant tout être vue comme une méthode de recherche et de réflexion afin de progresser vers la vérité.
Il y a des vérités historiques.
Le but de la recherche historique est de trouver ou de tendre vers cette vérité. L’objectivité, selon moi du moins, est un outil de progression dans la recherche.
En ce sens, l’Histoire est privilégiée sur la mémoire. Mais finalement, le travail de l’historien achevé, son œuvre s’inscrit dans la mémoire nationale, qu’il a contribué à façonner, par son travail.
Cette rigueur n’empêche pas l’historien de ressentir les choses, en fonction de sa personnalité, de son éducation, de son milieu, et cela, ce sont des choses dont il ne pourra se défaire, qui reviendront d’elle-même et qui, peut-être, l’éloigneront parfois de la vérité historique, sans qu’il s’en rende compte. Aussi, je vous rassure, la neutralité absolue en histoire n’est pas pour demain.
Moi-même, si je tente de toujours rester rigoureux dans mes recherches, je m’inquiéterai le jour où je décrirai avec la même tempérance la bataille de Bouvines et la St Barthélemy.
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