Michel de Saint-Pierre

Le Forum Catholique

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Jean Madiran -  2008-04-06 15:17:46

Michel de Saint-Pierre

Captain : Ce grand écrivain que fut Michel de Saint-Pierre vous cite plusieurs fois dans certains de ses livres. Je pense notamment à "Sainte Colére" dans lequel il se targue de votre amitié, n'hésitant pas à se référer à Itinéraires dès qu'il le peut. Dans ce contexte, j'aimerais savoir quelle fut la teneur de votre relation -tant spirituelle, professionnelle que personnelle- avec ce grand ami et défenseur de la Tradition.

Jean Madiran :
Sur ma « relation avec Michel de Saint-Pierre », l’essentiel consiste dans l’activité concertée du « SMOG », sur l’existence duquel il n’existe encore à ce jour, à ma connaissance, aucune indication publique.
L’intitulé du SMOG rassemblait les initiales des quatre participants : Saint-Pierre, Madiran, Ousset, Giovanni.
Michel de Saint-Pierre était, comme on le sait, un écrivain d’une grande notoriété.
J’étais directeur de la revue Itinéraires.
Jean Ousset, fondateur de « La Cité catholique » et de son bulletin Verbe, les avait transformés en « Office international des œuvres de formation civique et d’action doctrinale selon le droit naturel et chrétien », avec sa revue Permanences. Il tenait à Lausanne un congrès annuel qui rassemblait pendant trois jours 2.000 à 3.000 participants, dont les deux tiers étaient généralement des moins de trente ans.
André Giovanni était le directeur du magazine intitulé Le Monde et la Vie, qui était alors diffusé à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires.
Nous avions décidé de concerter notre action contre la pénétration du communisme dans le monde catholique. C’était l’époque où le directeur de l’information religieuse ( !) du journal La Croix se proclamait « sans complexe, compagnon de route des communistes » ; où des communistes déclarés figuraient en tant que tels dans les comités directeurs de l’Action catholique ; où la plupart des évêques français pratiquaient systématiquement une « non-résistance au communisme », certains d’entre eux allant même jusqu’à ce que l’on appelait l’« accompagnement pastoral ». Tout cela au nom du « dialogue », de la « démocratie » et de l’« esprit du Concile ».

Trois actions décidées par le SMOG eurent un vif retentissement.

1.– L’ « appel aux évêques » lancé par Michel de Saint-Pierre, co-signé par Ousset et Madiran.

2.– Le meeting du 27 avril 1966 à la Mutualité (grande salle), avec trois orateurs parlant dans l’ordre alphabétique : Madiran, Ousset, Saint-Pierre, démonstration publique qu’aucun autre groupe de laïcs catholique sans mandat et sans appui officiel n’était capable de faire aussi nombreuse à Paris. Il s’agissait de demander solennellement à l’épiscopat une réaction contre la pénétration communiste et en général contre les autres désordres post-conciliaires ; entre autres, de « rendre droit de cité, d’un bout à l’autre de la communauté chrétienne, aux catégories entières de prêtres et de fidèles qui sont exclus de la vie sociale et institutionnelle catholique sous l’accusation d’ « intégrisme », d’« anticommunisme systématique », de « dévotion mariale », de « paganisme maurrassien » et autres prétextes analogues.
L’épiscopat mit deux mois à préparer sa réponse : une condamnation publique de la revue Itinéraires pour opposition à l’ « esprit du Concile ».

3.– L’année suivante, le 25 avril, le SMOG organisa une Mutualité aussi nombreuse, et cette fois, en plus des trois orateurs de l’année précédente, prirent aussi la parole Marcel De Corte, l’amiral Auphan, André Giovanni et Louis Salleron.
C’était une réplique au noyau dirigeant de l’épiscopat. Mais surtout, le SMOG n’attendait désormais plus rien des évêques français et décida de porter sa réclamation devant le Souverain Pontife en personne. Des quatre membres du SMOG, c’est Michel de Saint-Pierre qui fut désigné à l’unanimité pour faire une demande d’audience, en raison de sa notoriété littéraire et mondaine, de ses relations familiales et diplomatiques. La réponse de Paul VI accorda l’audience sous réserve du consentement préalable de l’épiscopat français.
C’est la fin du SMOG : l’année 1970 en sépare les membres.
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