Le Forum Catholique

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images/icones/abbe1.gif  ( 9535 )évolution de l'esthétique par abbé F.H. (2010-12-12 13:14:47) 

Je suis désolé, je n'ai pas encore pu lire votre ouvrage... cela viendra, il est en attente.

Je me pose une question: la réforme tridentine a imposé un esthétisme nouveau dans la liturgie, ce que Philippe Martin dans son (mauvais) ouvrage appelle « Le théâtre divin » (Le Théâtre divin, une histoire de la Messe XVIe-XVIIe siècle, CNRS, 2010). L'apologétique anti-protestante transforme pour la première fois la messe en un élément de pastorale et de catéchèse. Il faut tout montrer, de manière triomphale, pour contredire les thèses réformées. Le chœur se transforme en véritable scène, il suffit de voir certaines églises, comme celle-ci (ND de Bonsecours, Nancy) où chaque fois que j'ai dû y célébrer une messe St Pie V, j'ai vraiment eu l'impression d'être un accessoire du décor que la sainte Messe vient seulement 'meubler'.


Cet esthétisme lié à une pastorale particulière, à une époque donnée et souvent au baroque, ne portait-il pas en lui-même la cause de son rejet?

Ne devrions-nous pas (sans faire d'archéologisme) chercher à revenir à des formes plus médiévales, plus mystiques et moins théâtrales?

Donpaco dans son message précédant cite André Frossard: « Je trouve que la nouvelle messe n'est pas assez contemplative, que l'on y parle trop et que la part du mystère y est bien réduite ». Si l'on ne parle pas trop dans la messe tridentine, en revanche, ne peut-on pas légitimement penser que le 'décor', voire les polyphonies comparées au grégorien nuisent au mystère en lui-même en en détournant l'attention des fidèles?
images/icones/neutre.gif  ( 9551 )arts sacrés par Samuel Martin (2010-12-13 18:43:36) 
[en réponse à 9535]

Monsieur l’abbé,
L’art sacré en effet a varié au fil des époques, donnant des choses assez différentes. Sans faire de relativisme, on peut essayer de comprendre ce qui, à chaque époque, a pu répondre à des préoccupations spirituelles propres, même si certaines choses nous déroutent. Chacun ensuite peut préférer un art donné, vous êtes manifestement « médiéval » – et je le suis aussi – quand d’autres se sentent des affinités avec l’art baroque.
Cela acquis, on peut hiérarchiser les arts suivant leur adéquation à la liturgie. L’art de la Contre-Réforme a plein de qualité, il a aussi des défauts. Un bon critère, vous le donnez vous-même : quand l’art détourne l’attention des fidèles, on peut penser qu’il outrepasse son rôle. Et la photo de cette église nancéenne est très parlante ! Elle montre comment l’art peut justement se fourvoyer au point de noyer ce qu’il est censé, au contraire, faire ressortir.
Ces faux pas artistiques ont cependant une différence avec la pratique artistique d’après Vatican II. Ils n’ont jamais prétendu remplacer l’art précédent, l’annuler, peut-être les modes ont-elles donné l’impression qu’on faisait parfois table rase du passé, mais il n’y a jamais eu de décret de l’Eglise décidant que la polyphonie effaçait le grégorien, ou que les églises romanes devaient entièrement être converties en édifices baroques, sous peine… d’exclusion.
images/icones/neutre.gif  ( 9585 )merci par abbé F.H. (2010-12-13 22:16:17) 
[en réponse à 9551]

de votre réponse.