Le Forum Catholique

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images/icones/1n.gif  ( 9536 )Quel esthétisme ? par XA (2010-12-12 14:27:50) 

Je me suis rendu ce dimanche à la grand-messe dominicale de ma paroisse, à l'église St Claude de Tassin la Demi Lune. (Nouvel ordo)

J'ai pensé à vous tout au long de la messe.

J'ai tenté de trouver où pouvait se glisser un quelconque esthétisme. Je n'en ai trouvé qu'un seul. Dans la chasuble rose du prêtre célébrant. Et le pire, dans l'affaire, c'est qu'il est vraisemblable que 99% des personnes assistant à cette messe ne savaient pas pour quelle raison elle était rose.

Les chants, plus insipides les uns que les autres, entonnés sur un fond d'orgue d'un autre temps, étaient censés appeler à la joie, mais comme tout le peuple a perdu le sens de la liturgie, tout ceci sonnait faux, jusqu'au maitre de chant qui chantait faux. Affreux.

La réforme de la réforme est un beau chantier.

Ne croyez-vous pas que dans certaines paroisses menées par certains curés, le retour au sens de la liturgie, à un effectif esthétisme de la messe relève du voeu pieux ? Fait-on seulement boire des ânes qui n'ont pas ou plus soif ? (Le cas de ma paroisse est assez frappant. Elle était menée de main de maitre par le précédent curé. En quelques mois, son remplaçant, Mgr Duthel, a su trouver les moyens de tout faire partir en vrille.)
Quand on voit la façon qu'ont les fidèles de se tenir (2 hommes sur trois croisent les jambes et sont à moitié affalé sur le banc, les enfants invités à rejoindre la sacristie des enfants de choeur au moment de la Liturgie de la parole et su sermon en reviennent avec des coloriages... qu'ils font pendant la fin de la messe (si si, je l'ai vu, de mes yeux vu), chacun se promène à son gré, un laïc - qui donnera la communion en présence d'un prêtre qui restera assis pendant la distribution - qui communie lui même en portant ses deux mains à sa bouche (du meilleur goût)), on se dit qu'il y a toute une éducation à refaire. A vue humaine, cela semble impossible.

Il reste l'exemple des cérémonies papales, qui peut marquer les esprits. Quand on en voit l'illustration lors des JMJ, notamment, là aussi, on frémit.

Faut-il placer notre espérance dans les petits curés de paroisse dont on ne parle pas, et qui reconstruisent sur des cendres refroidies ? A-t-on des exemples dans le passé pour nous redonner la force d'espérer ?

XA
_ pessimiste, comme vous le voyez
images/icones/neutre.gif  ( 9542 )Exactement. par Lux (2010-12-13 18:14:51) 
[en réponse à 9536]

Je m'associe à XA, avec lequel je suis entièrement d'accord,. Je voudrais toutefois apporter une petite précision : comment peut-on faire lorsque les "petits curés de paroisse" eux-mêmes, loin de chercher un quelconque esthétisme dans la nouvelle messe, en créent des encore plus nouvelles, changeant sans cesse les paroles, inversant l'ordre, ne respectant rien si ce n'est l'animatrice liturgique qui chante archi-faux ? Lorsqu'on leur parle, et j'ai essayé (à la fin de la discussion, je leur offre toujours un exemplaire de Redemptionis Sacramentum; pas un seul n'a semblé connaître, pas un seul ne m'a remercié et pas un seul n'a eu l'air de me prendre pour autre chose que pour un fou furieux qu'il faudrait éviter comme la peste), ils ne comprennent qu'une chose : tous ceux qui critiquent ce qu'ils font sont des intégristes, d'où que vienne la critique. Et qu'on ne vienne pas me dire que ces lieux sont une exception : il m'arrive assez souvent de voyager en France, et il n'y a qu'une seule fois parmi une dizaine de lieux différents environ, en Alsace, où j'ai vu le rite de Paul VI suivi et la liturgie garder une certaine dignité (c'est-à-dire l'esthétisme que vous décrivez dans votre livre, pas plus !), sans compter ce que l'on m'a raconté.

Lux,
très pessimiste lorsqu'il s'agit des hommes
images/icones/neutre.gif  ( 9561 )animatrice par Samuel Martin (2010-12-13 19:59:03) 
[en réponse à 9542]

Bonsoir Lux,
Ah ! l’animatrice qui chante archi-faux ! Pas besoin d’efforts pour l’imaginer. Elle est une pièce maîtresse de la liturgie d’aujourd’hui, d’autant qu’elle patronne l’équipe liturgique, auprès de laquelle le prêtre n’a que peu de poids. En chantant sous la baguette de l’animatrice, « l’assemblée prend conscience qu’elle devient, par son rassemblement même, Jérusalem nouvelle, Temple saint habité par l’Esprit-Saint » (« explication » tirée du site du diocèse de Bellay-Ars, citée dans mon livre pages 89-90). On comprend que des critiques surprennent et choquent ces fidèles parvenus à une telle dignité.
images/icones/neutre.gif  ( 9553 )tristesse par Samuel Martin (2010-12-13 18:52:15) 
[en réponse à 9536]

Comme je comprends votre tristesse ! Elle est la mienne aussi quand je suis contraint d’assister à une messe de ce genre. Cette liturgie, ou, pour reprendre les termes d’André Chastel, cette « non-liturgie » a répandu une médiocrité de gestes et d’attitudes, du prêtre aux fidèles. Les gens semblent s’en contenter. Mais connaissent-ils autre chose ? Je veux croire qu’une initiation progressive et intelligemment menée éveillerait rapidement les cœurs et les intelligences à la messe Saint Pie V. Celle-ci, par sa haute tenue, amènerait vite les fidèles à se mieux tenir. Le chemin resterait ensuite considérable en matière de chants, de musique, partie la plus ardue puisqu’obtenir une chorale dynamique et de qualité est un travail qui demande de la patience. Mais espérons !