Le Forum Catholique

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images/icones/hein.gif  ( 8953 )Le Cardinal Newman, le Père Pouget ne sont-ils pas à (re)découvrir ? par Athanase (2010-06-03 17:50:33) 


N'ont-ils pas permis une approche spécfiquement catholique du Catholicisme et d'éviter l'opposition entre progrès et conservation ? La Tradition est forcément quelque chose que l'on transmet et à partir de ce moment là elle cesse d'être passive. Elle devient forcément sujette à approfondissement.

La figure du Cardinal Newman que j'eus le bonheur de découvrir jeune ne pourrait-elle pas éviter les attraits d'un pseudo progressime et de répondre aux objections que l'on se fait sur la Foi.

images/icones/neutre.gif  ( 8979 )Newman et le développement par Père Keith Beaumont (2010-06-03 21:39:35) 
[en réponse à 8953]

Je réponds de manière un peu approximative à votre question, qui me laisse un peu perplexe. Newman est "irrécupérable" par quelque "parti" que ce soit. J'ai cité dans une autre réponse une appréciation de la complexité et du caractère nuancé et équilibré de sa pensée. Je me permets ici de citer un autre passage d'un de mes livres (Le Bienheureux John Henry Newman, un théologien et un guide spirituel pour notre temps, à paraître aux Editions du Signe) sur sa conception du "développement":
"L’Essai sur le développement constitue une contribution majeure à l’évolution de la théologie chrétienne, catholique en particulier. Vu le contexte historique, il était inévitable qu’on le compare – surtout au moment de la crise moderniste au début du XXe siècle – à L’Origine des espèces de Charles Darwin, publié quatorze ans plus tard, en 1859. L’idée du changement est au cœur de la pensée des deux hommes ; mais à d’autres égards, leurs idées diffèrent radicalement et sont presque, peut-on dire, diamétralement opposées. Dans la conception darwinienne de l’évolution, un organisme vivant peut changer indéfiniment, de manière à ne posséder finalement qu’une ressemblance infime avec son origine. Pour Newman, au contraire, le « développement » conjugue en même temps changement et continuité, nouveauté et fidélité. Dans un passage célèbre de l’Essai – souvent cité mais tout aussi souvent l’objet d’une interprétation erronée car il est sorti de son contexte – il affirme que si ce qu’il appelle l’« idée » du christianisme change, c’est afin de rester fidèle à elle-même. [...]
Enfin, il faut préciser le sens de ce que l’auteur appelle l’« idée » du christianisme qui « se développe » tout au long des siècles. (Le lecteur aura sans doute noté que l’« idée » forme le sujet grammatical de presque chacune des phrases du passage cité : elle apparaît ainsi comme acteur dans ce drame.) Le sens que Newman donne à ce mot est souvent flou et même ambigu (Newman n’est pas toujours un penseur d’une rigueur absolue ! Mais il faut reconnaître qu’il défriche, ici comme ailleurs, en matière de théologie, un terrain presque entièrement vierge …). En fin de compte, la clé de sa pensée est celle-ci : cette « idée » n’est pas un simple concept ou une quelconque réalité abstraite, mais une source vivante de sainteté. Quand il parle de l’« idée » vivante du christianisme, il parle non seulement de la pensée du Christ présente dans l’esprit des hommes (bien que ce soit sans doute en raison de cela qu’il utilise le terme d’« idée »), mais aussi et surtout de la Personne même du Christ vivant tout à la fois dans le cœur de chaque chrétien et dans l’Église tout entière, tout particulièrement dans sa vie liturgique et sacramentelle – l’Église étant elle-même à la fois « sacrement » et « corps mystique » du Christ.
Les formes peuvent changer, et changent effectivement ; mais c’est cette Présence spirituelle continue qui constitue le critère ultime de tout authentique « développement ». Et toute réduction du christianisme, que ce soit à l’époque de Newman ou à la nôtre, à un simple ensemble d’« idées » ou de « valeurs » – c’est-à-dire, à ses seules dimensions intellectuelle et morale – est un signe sûr et certain, pour emprunter le vocabulaire de Newman, d’un « faux » développement ou d’une « corruption »."