Le Forum Catholique

http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=8284
images/icones/livre.gif  ( 8284 )Le cardinal de Cabrières (1830-1921) par Escartefigue (2009-12-06 19:12:04) 

Gérard CHOLVY
Le cardinal de Cabrières (1830-1921)
Cerf histoire/biographie, mars 2007, 39 €

Montpelliérain de souche, c’est tout naturellement que Gérard Cholvy, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paul-Valéry (Montpellier III), actuellement professeur au séminaire de la Castille (diocèse de Toulon), évoque dans cette biographie un demi-siècle d’histoire languedocienne. Le long épiscopat du cardinal de Cabrières (1874-1921), « Blanc du Midi » ami de Mistral, a été un sujet tabou à cause de l’intransigeance de cet évêque de Montpellier marqué par le Syllabus de Pie IX et proche de Maurras (les archives de l’évêché furent longtemps barrées aux érudits). Marqué par la forte emprise du père d’Alzon et ami de Louis Veuillot, Mgr de Cabrières prit des positions anti-républicaines sans équivoques avant la démission de Mac Mahon en 1879. Dans une note de « Renseignements sur les évêques », l’administration républicaine le range parmi les « violents » ; le préfet de l’Hérault présente le prélat comme un homme « jeune, actif, intelligent, ultramontain, légitimiste et clérical ardent ». Il avait cependant l’art d’allier des opinions de combat à un « abord facile » et à un caractère très doux : lors de ses visites pastorales annuelles il maniait avec saveur la langue du terroir en Félibre qu’il était, ce qui soulevait l’enthousiasme du petit peuple croyant. Il n’hésita pas, entre 1879 et 1891, à affirmer les droits de l’Eglise contre la République anticléricale. Mais les sentiments du prélat, le moins républicain de tous les évêques, se heurtèrent à la politique du Ralliement de Léon XIII. Mgr de Cabrières tenta d’affaiblir la portée de l’encyclique Au milieu des sollicitudes. Prélat intransigeant, il était par le fait prélat social : il accueillit positivement l’encyclique Rerum novarum et il devint « l’évêque des gueux » lors des manifestations viticoles de 1907. Durant la crise de la Séparation, son rôle dépassa de beaucoup l’horizon de son diocèse, encouragé par saint Pie X. Il reprit en main les séminaires de son diocèse peuplés de jeunes clercs de la « génération Léon XIII » (Yvon Tranvouez) pour les tenir à distance du modernisme et du Sillon. Son élection à l’Académie française acquise, il reçut la pourpre cardinalice en 1911, après une longue attente : « era tempo, il était temps », disait Pie X. Le prélat méridional plaida en 1913-1914 contre le projet de condamnation de l’Action française et obtint gain de cause. Cette personnalité hors du commun et représentative du catholicisme méridional n’eut pas droit à la moindre évocation par le diocèse de Montpellier en 1971, pour le 50e anniversaire de sa mort. Gérard Cholvy tenait à réparer cette injustice.