Le Forum Catholique

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images/icones/neutre.gif  ( 7791 )Choeur bien visible de tous par Aétilius (2009-05-25 21:08:02) 

Encore une question, et je m'arrête :

Que pensez-vous des choeurs bien visible pour les paroissiens ?

Je reviens en effet d'un séjour à l'île de Ré, où j'ai été surpris de visiter de belles et vieilles églises traditionnelles, dans lesquelles le choeur, et encore plus le maître-autel, étaient bien visible depuis l'assemblée, un autel latéral encadrant de chaque côté le principal sans mur cachant la vue, avec une "table de communion" s'étendant sur toute la largeur de l'église, ce qui symboliquement me semble faire plus "festin des noces de l'Agneau" que lorsque tout le monde arrive à la queue-leu-leu, comme dans le rite actuel, tel du moins qu'il est célèbré dans l'immense majorité des cas.

J'ai entendu dire que l'éloignement par rapport aux fidèles des autels traditionnels dans le rite latin était l'équivalent de la coupure symbolisant concrètement la grandeur qui s'opère durant le sacrifice eucharistique dans les rites orientaux.

Bref, n'est-il pas possible de sauver la sacralité, devenue souvent absente des célébrations dans le rite moderne, et le côté humain, hypertrophié dans ce dernier, et trop évacué dans le rite "extraordinaire" ?

Aétilius
images/icones/neutre.gif  ( 7797 )Choeur surélevé. par Sic transit (2009-05-25 21:38:17) 
[en réponse à 7791]

Cela s'apparente à la question précédente: j'ai suivi hier la retransmission des Vêpres à l'abbaye du Mont-Cassin, où l'autel, situé en hauteur, est particulièrement bien visible, même pour quelqu'un au fond de la nef. Cela m'a fait penser à l'église de la Trinité, à Paris, où on retrouve cette disposition, bien adaptée aux grandes églises.
Pour les églises plus anciennes, la présence du jubé devait considérablement gêner la vue, ce que notre sensibilité estime indispensable.
J'arrête moi aussi mes questions,et lirai avec plaisir vos réponses et vos commentaires.
images/icones/neutre.gif  ( 7811 )[réponse] par Marc Levatois (2009-05-25 23:56:49) 
[en réponse à 7797]

Merci du témoignage supplémentaire que vous apportez. La vue sur l'autel était déjà un élément important au lendemain du concile de Trente, tout autant que la bonne audition des explications données de la chaire.
Bien cordialement.
Marc Levatois
images/icones/neutre.gif  ( 7799 )Pour compléter: par Sic transit (2009-05-25 21:44:56) 
[en réponse à 7791]

A Yvetot, dans mon exemple précédent, il me semble que l'autel est sur un vaste podium, nettement surélevé, donc bien visible de tout point, ce qui n'est pas le cas de la chapelle de la rue des Epinettes.
images/icones/neutre.gif  ( 7800 )Orient - Occident par Assurancetourix (2009-05-25 21:49:56) 
[en réponse à 7791]

Sans vouloir interférer avec l'Invité du FC, j'ai pour ma part en tête l'idée selon laquelle la prononciation à voix basse du Canon est équivalente à l'iconostase orientale.

En espérant que cela apporte quelque chose au débat.
images/icones/neutre.gif  ( 7813 )[réponse] par Marc Levatois (2009-05-26 00:08:01) 
[en réponse à 7800]

Cette assimilation entre le silence du canon et l'iconostase est fort juste et a été reprise par le grand historien Alphonse Dupront et des liturgistes actuels, récemment par le Père Cassingena-Tréverdy.
Bien cordialement.
Marc Levatois
images/icones/neutre.gif  ( 7810 )[réponse] par Marc Levatois (2009-05-25 23:53:46) 
[en réponse à 7791]

Merci de votre ultime question (pour ce soir). Le thème de la « distance sacrée » est important pour le caractère sacré d’un lieu de culte mais il faut aussi se rappeler que la grande différence du temple chrétien par rapport au temple de l’antiquité gréco-romaine est que l’assemblée est placée dans l’édifice lui-même où réside la divinité, alors que les anciens célébraient devant le temple, vide de ses fidèles. Il y a une part d’assimilation entre l’Eglise et l’église. Le mot église lui-même, dans son sens de bâtiment liturgique, l’atteste, au moins depuis l’édit de persécution de Dioclétien. Cela veut dire que distance ne signifie pas coupure absolue. Durant la restauration moyenâgeuse de la période néogothique, au XIX° siècle, on n’a pas jugé bon de reconstruire les jubés qui séparaient le chœur de la nef tout autant que l’iconostase orientale. Dans L’esprit de la liturgie, le futur Benoît XVI estime utile de rapprocher l’autel de l’assemblée, jusqu’à la croisée du transept si nécessaire, quand il a été initialement conçu au fond d’un chœur trop long. Il le dit, dans le livre, tout autant pour la forme ordinaire. Ici encore, la mesure s’impose d'elle-même, comme vous le remarquez.

Bonne soirée.
Marc Levatois