Le Forum Catholique

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images/icones/1a.gif  ( 7280 )Sur "l’incompatibilité foncière de la doctrine sociale chrétienne et des principes politiques du césarisme" par Rikiki (2009-02-11 12:19:53) 

Bonjour Monsieur,

Je lis la recension publiée plus haut qui évoque votre conclusion sur "l’incompatibilité foncière de la doctrine sociale chrétienne et des principes politiques du césarisme". Si l'on s'en tient justement aux principes, cette incompatibilité ne me paraît pas si évidente que ça. (même si historiquement, je saisis bien tout ce qui oppose les courants légitimiste et orléaniste d'une part, et bonapartiste d'autres part pour reprendre des catégories connues; c'est l'opposition de principe qui m'échappe à moi aussi!)

Votre éclairage sur ce point précis m'intéresserait beaucoup!

Rikiki (catholique quoique césariste - pas encore repentant...)
images/icones/neutre.gif  ( 7296 )[réponse] par Philippe Pichot-Bravard (2009-02-11 19:48:27) 
[en réponse à 7280]

L'incompatibilité entre la doctrine sociale chrétienne et les principes politiques du césarisme est très grande :
-D'une part le césarisme exalte l'autorité de l'Etat de manière excessive et subordonne tout à l'intérêt de l'Etat y compis la religion. De là l'excessive centralisation napoléonienne (organisation préfectorale ; concordat et articles organiques ; université impériale) qui empiète sérieusement sur la liberté de l'Eglise (communications entre le Saint-Siège et les fidèles ; nominations des évêques, enseignement...). Nous sommes très éloignés de la subsidiarité que défend l'Eglise.
-D'autre part, le césarisme, y compris celui de Napoléon III, se place dans la continuité des principes de la Révolution et des Lumières, lesquels reposent sur une conception matérialisante et utilitariste de l'homme (très nette chez Napoléon 1er, plus nuancé chez Napoléon III) et une conception individualiste de la société. La doctrine sociale de l'Eglise est fondée quant à elle sur une conception thomiste de la société qui regarde l'homme comme un animal politique lié à ses semblables par des liens d'amitié et non comme un individu isolé qui ne s'associe aux autres que par intérêt.
Enfin, le césarisme a pour fin la conservation de l'Etat napoléonien alors que la doctrine sociale chrétienne insiste sur la poursuite du bien commun qui consiste dans le règne de la justice et de la paix mais aussi dans la communauté du bien (qui comprend le règne de l'amitié politique et qui comporte une dimension surnaturelle : le salut de l'âme de chacun).