Le Forum Catholique

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images/icones/info2.gif  ( 7261 )Le Mercredi 11 février, Philippe Pichot-Bravard sera l'invité du Forum Catholique par XA (2009-02-08 17:33:25) 



Historien et romancier, Philippe Pichot-Bravard est aussi chargé d’enseignement en Histoire du Droit, en Histoire des idées politiques et en Histoire de l’Église. Il est l’auteur de plusieurs romans historiques : Le Vol de l’aigle, Le jeu de la fidélité et du pouvoir, Christian, 2002 ; Le duel ou les rebelles de l’an II, Choletais ; Épopée de la Vendée, Choletais, 1995.
Il dirige une émission sur Radio Courtoisie un dimanche par mois. Il a collaboré à plusieurs revues : Conflits Actuels, Permanences, Nova Historica.

Il a publié aux éditions Tempora Le pape ou l'empereur, Les catholiques et Napoléon III



Il répondra en direct aux questions des liseurs du Forum Catholique le mercredi 11 février, de 18h30 à 22h.

On peut d'ores et déjà lui poser de premières questions, démarche qui lui permettra de préparare quelques réponses au préalable.

Dans la mesure du possible, on fera en sorte de scinder ses questions en créant autant de fils de discussion que de sujets différents.

On peut s'inscrire au Forum Catholique pour ce seul Rendez-vous. Il convient alors d'écrire à l'adresse admin@leforumcatholique.org en indiquant bien le nom sous lequel on souhaite intervenir. Identifiant et mot de passe vous seront alors communiqués par courrier électronique.

Le pape ou l'empereur
Les catholiques et Napoléon III

Philippe Pichot-Bravard

Prix : 19,00 €
Disponibilité : 48h aux éditions Tempora, accessibles en cliquant ici
Année : 2008
Editeur : Editions Tempora
EAN13 : 9782916053349
Nombre de pages : 212
images/icones/carnet.gif  ( 7262 )Présentation de l'éditeur de "Le Pape et l'Empereur" par XA (2009-02-08 17:34:47) 
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Présentation de l'éditeur

Le 10 décembre 1848, le prince Louis-Napoléon Bonaparte est élu président de la République française. L’ambiguïté de cette élection, qui met en péril la constitution, est le reflet du trouble des électeurs qui cherchent un homme consensuel pour diriger la France. Le ralliement au futur Napoléon III semble le seul choix politique capable de préserver l’ordre social. La politique de l’empereur sera condamnée par le pape Pie IX qui y voit une atteinte aux affaires temporelles du saint-Siège et à la doctrine sociale de l’Eglise. Mais pour les catholiques français, décider de suivre l’empereur qui représente la seule force capable de résister à la gauche anticléricale ou le pape qui condamne les erreurs modernes ne va pas être un choix facile. Historien et romancier, Philippe Pichot met en scène les hésitations, les retournements et les choix qui furent ceux de cette période de reconstruction difficile de la nation française. L'auteur est chargé d'enseignement en Histoire du Droit, en Histoire des idées politiques et en Histoire de l'Eglise.
images/icones/carnet.gif  ( 7263 )Une recension par XA (2009-02-08 17:36:36) 
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Conflits actuels - N°20 - Juin 2008

Historien du droit et des institutions, romancier d’une trilogie reconnue des guerres de Vendée, l’universitaire Philippe Pichot (Paris-II) nous entraîne avec talent à approfondir l’une des polémiques les plus importantes de l’histoire de France. Entre l’apparence de l’ordre social et le conservatisme rempart contre la gauche anticléricale, d’une part, et la condamnation par le pape Pie IX de la politique impériale, dans laquelle il décèle une menace sur le pouvoir temporel du Saint-Siège tout autant que sur la doctrine sociale de l’Église, de l’autre, les catholiques français vont connaître un réel déchirement remarquablement décrit par Philippe Pichot, lequel fait notamment revivre le contraste des positions entre un Veuillot intransigeant, un Falloux dont la loi est un instrument de pouvoir et une œuvre de transaction et un Montalembert devenu le chantre du libéralisme catholique. L’ambiguïté du champ politique intérieur est clairement exposé : « Héritier de la Révolution française et de la philosophie des Lumières, le césarisme ne peut que rebuter les contre-révolutionnaires. Il pourrait à l’inverse, séduire ceux qui, parmi les libéraux catholiques entendent réconcilier catholicité et esprit révolutionnaire, face à la menace d’une révolution socialiste, face à l’anarchie, le césarisme va également incarner l’autorité protectrice de l’ordre social et de la civilisation ». Le lecteur est-il vraiment étonné que l’auteur s’attarde sur la figure de Tocqueville, ministre des Affaires étrangères « libéral contre-révolutionnaire respectueux de la religion » et ne réussissant pas à concilier le Pape et le Prince-Président, alors que Philippe Pichot lui transmet en réalité son plaisir à développer là l’un de ses sujets d’études préférés ? L’articulation entre le césarisme et la reconquête spirituelle de la papauté réalisée par Pie IX (Syllabus, Quanta cura, dogme de l’infaillibilité pontificale) dans un contexte de critique du modernisme alors qu’apparaît le libéralisme catholique (Montalembert, le Congrès de Malines) préfigurant la démocratie-chrétienne, est finement proposée au lecteur comme clef de voûte de cette opposition entre le dernier souverain pontife disposant du pouvoir temporel et ayant connu le plus long règne de la papauté et un empire libéral et autoritaire. « (…) L’empereur, sur les conseils de Mgr Darboy et Mgr Maret, signe le 5 janvier suivant, en vertu de dispositions contenues dans les Articles organiques, un décret interdisant la publication de l’encyclique Quanta Cura et du Syllabus parce qu’elles “contiennent des propositions contraires aux principes sur lesquels repose la constitution de l’Empire” ». En France, conclut l’auteur, « l’incompatibilité foncière de la doctrine sociale chrétienne et des principes politiques du césarisme, pourtant rappelée par le Syllabus, n’a été perçue que par une petite élite divisée en trois familles de pensée parfois antagoniste : les contre-révolutionnaires légitimistes, autour de Monseigneur Pie, les contre-révolutionnaires libéraux-traditionnels, nourris de Tocqueville et d Monseigneur Dupanloup et les catholiques libéraux, démocrates-chrétiens, autour de Lacordaire, de Montalembert et d’Arnaud de l’Ariège ». Avec un appareillage de notes substantiel, une présentation des sources, une bibliographie et des études électorales cartographiques sur le département symptomatique du vote catholique conservateur, le Maine et Loire, l’ouvrage enrichit par un apport original la recherche scientifique sur le Second empire, mais il permet également l’accession du plus grand nombre à la connaissance d’un des aspects les plus importants de cette période grâce à son style à la fois léger et évocateur, qui fait de l’historien un conteur.
images/icones/carnet.gif  ( 7281 )Napoléon III et les catholiques (Yves Chiron) par Le Webmestre (2009-02-11 13:03:24) 
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Napoléon III et les catholiques

Philippe Pichot-Bravard est un jeune historien, né en 1974, qui avait publié, jusqu’ici, deux romans historiques et un récit (L’Epopée de la Vendée). Sa première étude historique reprend, en le développant, un mémoire de sciences politiques soutenu, il y a quelques années, à l’université de Paris II.

L’idée la plus communément répandue est que les catholiques ont apporté un soutien massif au coup d’Etat de Louis-Napoléon Bonaparte puis au Second Empire. Ingrat, Napoléon III aurait rendu la vie difficile à l’Eglise et « lâché » Pie IX qui a essayé, jusqu’au bout, de sauvegarder son domaine temporel.

Les choses sont moins simples. Les positions des uns et des autres – Veuillot par exemple – ont connu des variations dans le temps. Le mérite de l’étude de Pichot-Bravard, qui s’appuie notamment sur un examen très attentif des résultats électoraux du Maine-et-Loire, est de mettre en lumière ces variations, leurs raisons et les enjeux.

Il caractérise justement l’idéologie du Second Empire comme un « mélange d’autorité et de démocratie plébéienne », ce qu’on appelle le « césarisme ». Napoléon III ne fut pas un contre-révolutionnaire (ni Napoléon Ier d’ailleurs). Au lendemain du coup d’Etat du 2 décembre, Louis Veuillot, pourtant, le croit : « La révolution du 2 décembre est une véritable contre-révolution. » Certes « les gens qui tiennent le pouvoir […] ne sont pas chrétiens mais, écrit Veuillot le 16 décembre, […] de bons diables, point voltairiens, point philosophes, point gallicans ». Quelques jours plus tard, il va plus loin encore estimant que Louis-Napoléon Bonaparte combat les principes de la Révolution « avec une vigueur inconnue, et que n’a osé montrer depuis cinquante ans aucun pouvoir ».

Veuillot, en la circonstance, ajoute l’illusion à l’injustice (Louis-Napoléon plus contre-révolutionnaire que Charles X ?). Il reviendra de ses illusions. Défenseur du pape et de l’Eglise, son journal, L’Univers, sera interdit en 1860.

L’épiscopat, lui, tout en étant divisé, variera dans son attitude face au régime. A une époque où l’influence du clergé est encore importante, notamment dans les zones rurales, les consignes de vote de l’épiscopat déterminent en partie les résultats électoraux. Philippe Pichot-Bravard remarque : « Pour bien comprendre le vote de chaque commune, il faudrait disposer d’indications précises sur l’attitude du clergé local. L’influence de celui-ci reste souvent déterminante, et le restera encore longtemps. En Ille-et-Vilaine, il suffit que l’évêque de Rennes donne des consignes de vote précises à l’occasion du plébiscite de 1852 pour que les abstentions légitimistes du 20 décembre 1851 se changent en votes positifs. A l’inverse, le clergé nantais, imitant son évêque, demeure légitimiste. Il en est de même de Mgr Baillès, évêque de Luçon qui, après plusieurs démêlés avec les autorités de l’Etat, abandonne son siège épiscopal au vicaire général de Coutances. Or la Vendée et la Loire-Inférieure comptent au rang des départements les plus réticents à l’égard du nouveau régime. »

Le bienheureux Pie IX

Philippe Pichot-Bravard analyse de manière plutôt claire les raisons qui ont incité Louis-Napoléon Bonaparte à intervenir à plusieurs reprises en Italie, d’abord en faveur de Pie IX, puis pour soutenir le Piémont-Sardaigne (donc non en faveur de Pie IX), puis à nouveau pour aider le pape à garder une part de souveraineté temporelle. L’image de Napoléon III en a été brouillée : « La chute de l’Empire entraîne, dans les jours qui suivent, la chute de Rome dont la France interdit la route au Piémont depuis trois ans. L’Empire passera donc pour le dernier défenseur de la souveraineté du pape qu’il a pourtant contribué à fragiliser. »

Philippe Pichot-Bravard est moins convaincant, disons plus superficiel, lorsqu’il évoque Pie IX. Sur ce pape, il semble ne connaître qu’un livre, celui du chanoine Aubert, qui reste une référence mais qui date d’un demi-siècle.

Et surtout il répète, à cinq ou six reprises, le même anachronisme : le Syllabus de 1864 aurait condamné le « modernisme », les « catholiques modernistes ». Pichot-Bravard nous dit même : « Le Syllabus condamne avec netteté ce qu’il nomme “les erreurs du modernisme”. » Le modernisme n’existait pas en 1864, le mot ne se trouve pas dans le Syllabus. Il apparaîtra, au sens actuel, au début du XXe siècle.

• Philippe Pichot-Bravard, Le Pape ou l’Empereur. Les catholiques et Napoléon III, Editions Tempora (11, rue du Bastion Saint-François, 66000 Perpignan), 204 pages.

YVES CHIRON

Article extrait du n° 6742 de Présent du Samedi 20 décembre 2008