Le Forum Catholique

J'ai récemment entendu, de la part d'un prêtre bien en vue dans les milieux légitimistes et très cultivé, que considérer le Sacre Royal comme un sacrement était une déviance du XIXème siècle, un argument "inventé" pour soutenir les thèses légitimistes faces aux thèses orléanistes.

J'ai pourtant souvenance d'avoir vu dans un livre (que je n'ai pas encore pu lire entièrement, mais j'ai quand même la chance d'en connaître un exemplaire) que ça en était un. Ce livre de 1607 (dont je ne me souviens plus du titre) était en deux parties: l'une sur la construction des Eglises, l'autre sur le sacre du roi de France (et sa supériorité sur ceux de toutes les autres nations). Le peu que j'ai pu lire présentait le sacre comme un sacrement.


Qu'en pensez-vous? Avez vous des références sur le sujet?

Le Sacre royal n'est il pas le seul symbole que tout pouvoir vient de Dieu ici bas ?

Justement non, ce n'est pas ce que laissait supposer le peu que j'ai lu de ce livre, il y a quelque chose de plus dans ce sacre.

Ma question suivante est d'ailleurs assez proche: la prépondérance du roi de France sur les autres évêques et les autres princes (sauf le Pape bien entendu).

...avoir lu quelque part que le Sacre des Rois de France se classait dans la catégorie des bénédictions et non des sacrements. Je ne saurais plus dire où je l'ai vu, en revanche. J'espère que notre invité pourra trancher. Mais ce n'est déjà pas rien qu'une bénédiction, ce me semble.

C'est à dire une bénédiction spéciale destinée à élever le Roi de France au-dessus des sujets du royaume et de lui assurer l'assistance de Dieu pendant son règne. Enfin, sauf erreur de ma part.

… qui participe du ministère ecclésiastique (image du Père, représentant de la souveraine Puissance, image du Christ en tant que « oint » par le Saint Chrême, roi et prêtre, spirituel et sacerdotal etc. selon les chroniqueurs) et jouit ainsi de certains privilèges : il a accès au chœur, voire à l’autel, il est encensé par le diacre, a le droit de toucher les vases sacrés (mais bien entendu pas l’hostie - autres temps autres moeurs)… ne justifie-t-il pas dans l'esprit de la loi l’agnation (succession masculine) à un niveau bien plus élevé qu’une prétendue « loi salique » invoquée dans des circonstances politiques complexes de succession ?

Pardonnez-moi, Monsieur Dubois de vous poser cette question à laquelle vous répondez peut-être dans votre ouvrage (que j’ai commandé mais pas encore reçu) et en vous remerciant d’être venu nous éclairer sur le Forum Catholique.

Pierre Deporte (Ewondo).

A titre personnel, au vu de ce qu’était le sacre des rois de France, et au vu de ce que l’Eglise considère comme un sacrement, je ne peux pas dire que le sacre des rois de France soit un sacrement.

A moins de considérer le sacre royal comme une sorte de sacrement de l’ordre, étant donné que le souverain est oint et porte, de façon symbolique, l’étole du diacre. Mais cette interprétation, à mon sens, serait une exagération. Le sacre du roi n’est pas un sacre d’évêque.

On peut voir l’empreinte des sacrements de l’Eglise, dans le sacre royal, ne serait-ce qu’au point de vu de son déroulement, puisqu’il s’inscrit dans une messe. Mais de là à faire du sacre royal, un sacrement en lui-même, je ne pense pas. En dépit de l’onction et des nombreuses bénédictions dont le roi fait l’objet lors de la cérémonie.

Néanmoins, la question du sacre mérite d’être développée. A ce titre, vous pouvez vous référer, certes, au chapitre correspondant dans mon livre, mais surtout aux ouvrages suivants :

La constitution de l’ancienne France, par Bernard Basse, aux éditions DMM
La symbolique de la France royale, par Hervé Pinoteaux, aux éditions PSR