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images/icones/heho.gif  ( 6998 )Changement de dynastie! par Noisette (2009-01-19 20:07:52) 

Bonjour monsieur. Je suis très heureuse de poser ces questions à un historien...Qu'en est-il du changement de dynastie? Surtout celui entre Carolingiens et Capétiens? Est-ce une prise de pouvoir ou un "glissement" d'une famille à l'autre? (familles peut-être un peu cousines)
Peut-on continuer à dire alors qu'en créant une nouvelle dynastie Napoléon était un imposteur? Merci infiniment de vos lumières pour moi et mes élèves du primaire.
images/icones/neutre.gif  ( 7031 )[réponse] par Gabriel Dubois (2009-01-20 18:44:45) 
[en réponse à 6998]

Chère Noisette,

Pour répondre le plus correctement possible à votre question, il faut remonter aux origines de la dynastie capétienne. Le premier Capétien, Robert le Fort, s’illustra au IXe siècle, plus de cent ans avant la prise de pouvoir d’Hugues Capet, et déjà on le voit dans les sphères du pouvoir, au plus près du souverain carolingien, recevant de lui titres et honneurs.

Son fils, Eudes, comte de Paris, sera roi de France. Son petit fils, Hugues le Grand, sera duc des Francs, régnant sur d’immenses domaines, et son arrière petit-fils, enfin, sera le premier roi Capétien, Hugues Capet. Sans oublier le roi Robert (ou Raoul selon les versions), grand-oncle d’Hugues Capet.

La dynastie est donc bien en place, déjà, au moment où le pouvoir s’offrait à elle.

On peut donc dire que la dynastie s’est mise en place peu à peu, elle n’est pas arrivée au pouvoir comme par un coup de baguette magique. On ne peut pas non plus parler de lent glissement, comme ce sera par exemple le cas entre Mérovingiens et Carolingiens.

En effet, la dynastie carolingienne est brisée nette par la mort de son dernier souverain dans un accident de chasse, alors que celui-ci est en pleine possession de ses moyens intellectuels et physiques et mène une politique active. Il y a donc une part de hasard dans l’effondrement de la dynastie carolingienne.

Mais la prise de pouvoir capétienne, elle, ne doit rien au hasard. Il semblait tout naturel que le prince le plus puissant, petit-fils de roi, prenne le relais.

Ce n’en est pas moins pour autant une usurpation. En effet, il y avait toujours un prince carolingien successible en la personne du duc Charles de Basse-Lorraine, grand-oncle du dernier carolingien, et qui n’hésitera pas, d’ailleurs, à faire valoir ses droits les armes à la main.

Mais Hugues Capet fut vainqueur, et l’installation de sa dynastie le fit passer d’usurpateur à roi légitime.

On peut alors penser, sans aucune exagération historique, que si Napoléon fut bel et bien un usurpateur, une pérennisation de sa dynastie aurait fait de lui un dynaste comme les autres, par la force de l’histoire.

Le passage des Mérovingiens aux Carolingiens, lui, en revanche, est tout autre. En effet, l’enracinement territorial et politique de la dynastie carolingienne était encore plus fort, et les premiers carolingiens en étaient venus à exercer la réalité du pouvoir monarchique, sur des rois inaptes. Aussi, le transfert de la dignité royale du dernier mérovingien à Pépin le Bref, soutenu par le pape, fut comme une sorte de formalité, d’évidence. Ici, on ne parla jamais d’usurpation. (pour plus de détail sur les origines de la dynastie carolingienne, je vous renvoi aux chapitres correspondants de l’ouvrage de Fustel de Coulanges, Les Transformations de la royauté à l’époque carolingienne.