Le Forum Catholique

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images/icones/macos.gif  ( 6807 )adolescence et direction spirituelle par Yvonne (2009-01-05 18:41:50) 

Bonsoir Monsieur l'abbé,

Dans votre ouvrage, vous encouragez les adolescents à prendre un directeur spirituel. N'y a-t-il pas un danger pour l'enfant et les parents (le père en particulier) de commencer si tôt ? En effet, l'adolescent ne risque-t-il pas, en s'adressant à son père spirituel sur les questions importantes de sa vie d'adolescent, de ne pas les poser à son père naturel et finalement, de ne pas construire cette relation d'homme à homme qui commence à cette période (du moins pour les garçons). De même, à une époque où les pères de famille démissionnent trop facilement de leur rôle, le père de famille ne risque-t-il pas de se défausser de sa mission en la confiant à un prêtre ? Bref, à l'âge où l'adolescent se tourne naturellement vers son père pour recevoir son éducation d'homme et de père de famille, est-il opportun de confier cette charge à un prêtre ?

Merci de votre réponse.
images/icones/neutre.gif  ( 6810 )[réponse] par Abbé Régis Spinoza (2009-01-05 18:58:57) 
[en réponse à 6807]

Chère Yvonne, Cher XA,

Les deux questions se rejoignent et j'en profite pour grouper les réponses.

En premier lieu, je dirai qu'il y a des questions qu'un ado posera plus facilement à un "étranger" qu'à son père. L'expérience m'a montrée que, malheureusement, peu de pères savait aborder les questions qui touchent essentiellement à la pureté. La plupart du temps, le papa abordera la question de manière très générale. Or, chaque personne étant unique, il n'y a pas de réponse toute faite bien que les généralités restent les mêmes.
De plus, l'intérêt d'avoir une direction spirituelle dès la jeune adolescence permet au garçon ou à la fille d'établir une confiance. L'expérience m'a montrée qu'il fallait du temps pour qu'elle puisse s'établir.
D'autre part,je pense qu'il y a davantage une complémentarité qu'une contradiction. Mais là encore, il faut savoir que certains prêtres peuvent avoir du mal à aborder le sujet.
Enfin, suite à un questionnaire que j'avais effectué auprès de plusieurs adolescent, venait la question de l'âge de la direction spirituelle. Ils m'ont répondu que l'envisager dès la classe de sixième voire cinquième était une bonne chose.
images/icones/fleche2.gif  ( 6846 )Le guide (père/mère) spirituelle pour mieux être avec son géniteur (père/mère) par Glycera (2009-01-05 21:26:21) 
[en réponse à 6807]



Les questions des adolescents qui se posent ne commencent-ils pas -le jeu de mot est connu- par s'opposer à ses transmetteurs, les parents étant les premiers en vue, les premiers visés, les premiers à la fois adulés et refusés ?

Le rôle clef, les questions qui mouchent à tout coup ne sont-elles pas : quelle est ma position avec et devant mes parents, comment leurs parler de ce qui compte, comment leur parler de ce dont ils ne me parlent pas, où alors dans un sens qui n'est pas "mon truc" ?


Il me semble que cette entrée en recherche de soi est justement ce mode d'accès à la vie spirituelle personnelle, au mode de contrôle et de décision de soi que le guide spirituel va pouvoir aborder : sujet familier, éclairage inédit, et bien des vérités ressassées qui répulsent par la forme seront entendues, et acceptées, appréciées dans leur fond par quelqu'un qui va mettre le doigt sur les bonnes accroches des questions à la fois détestées et passionnément attendues.


Aider les "ados" à savoir comprendre les réponses ou à formuler leurs questions aux parents est primordial.

N'est-ce pas le point d'entrée rêvé, à la fois vers la concorde et pour l'autonomie en matière de relations familiales ?


J'ai beaucoup apprécié que vous demandiez aux parents leur accord.
Réussissez-vous à éviter leur ingérence dans cette affaire de leurs enfants ?
Que faites-vous s'ils refusent et que le jeune, lui, y tient vraiment ?



Glycéra

images/icones/1a.gif  ( 6852 )[réponse] par Abbé Régis Spinoza (2009-01-05 21:39:09) 
[en réponse à 6846]

Chère Glycéra,

En soulevant dans mon ouvrage la nécessité de demander l'autorisation aux parents une direction spirituelle j'ai précisé que si les parents venaient à refuser, il faudrait obéir car "on ne se trompe jamais en obéissant". Cela m'est arrivé une fois et j'ai donc dis au garçon de se soumettre à la décision de ses parents. Dans tous les cas, le prêtre n'a pas le droit ( au nom de quoi?) de s'opposer à la décision des parents.
Quant aux parents, je leur rappelle que je suis tenu au secret confié. Les parents l' ont toujours respecté et savent très bien que si la confiance d'un adolescent venait â être trahie, cela aurait des conséquences très lourdes.
images/icones/1f.gif  ( 6855 )secret confié... jusqu'où? par Mamounette (2009-01-05 21:48:06) 
[en réponse à 6852]

je me suis toujours demandée si un de mes enfants se confiait à un prêtre concernant des bêtises qu'il aurait pu faire à la maison ou chez des amis(je pense en particulier à des sites internets ou des jeux suspects!)

ne serait-il pas bénéfique que ce prêtre s'il connait les parents ne leur ouvre les yeux quand aux préocupations de leur fils ?j'aimerais qu'on le fasse pour moi !
images/icones/1a.gif  ( 6864 )[réponse] par Abbé Régis Spinoza (2009-01-05 22:28:18) 
[en réponse à 6855]

Chère Mamounette,

Non, le prêtre ne peut trahir le secret confié mais enrevanche invite l'adolescent, quand c'est grave, à en parler à ses parents. Il m'est arrivé, pour une raison très sérieuse, de demander l'autorisation au garçon de pouvoir en parler à ses parents car il ,'osait pas le faire. Il me l'a accordée.
Je pense, en revanche, que les parents sont suffisamment avertis des dangers qui guettent nos ados et la vigilance doit être de mise sans tomber dans un système étouffement où la confiance n'aurait plus sa place. Mais il ne faut pas confondre confiance et naïveté...