Le Forum Catholique

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images/icones/1g.gif  ( 6486 )Pourquoi le Traditionalisme français par Jean-Paul PARFU (2008-12-06 21:06:53) 

s'enferme-t'il, encore au début du XXIème siècle, dans un néo-maurrassisme :

-anti-européen primaire, qui est aussi, selon moi, l'une des causes de l'échec du Front National, alors que l'Europe chrétienne est la forme accomplie de notre Patrie ;

-et systématiquement anti-évolutionniste, alors qu'au plus tard depuis Pie XII et son encyclique "Humani Generis" l'Eglise admet la compatibilité du dogme de la Création de l'Univers par Dieu et de la théorie de l'évolution ?
images/icones/neutre.gif  ( 6516 )[réponse] par Michel De Jaeghere (2008-12-09 19:03:36) 
[en réponse à 6486]

Cher Monsieur
Je ne crois pas que l’on puisse réduire le traditionalisme catholique au maurrassisme (c’est ce que croient nos évêques, ils se trompent), non plus que le maurrassisme au traditionalisme catholique. Ce sont deux univers qui se recoupent sans se recouvrir. Il y a des maurrassiens agnostiques, des traditionalistes étrangers à la pensée de Maurras, en grand nombre. Cela dit, le maurrassisme n’est pas un péché non plus. Pie XII a levé la condamnation de l’Action française en chargeant l’abbé Luc Lefevre de féliciter ses amis pour leur courageuse résistance à cette condamnation illégitime par son prédécesseur mal informé(le fait est rapporté dans le livre de Philippe Prévost sur la condamnation de l’Action française). Le maurrassisme est né en dehors de l’Eglise comme aussi la pensée d’Aristote. Cela n’a pas empêché Saint Thomas d’Aquin d’en faire son miel.
S’agissant de l’Europe (mais cela n’engage que moi), il me semble que vous êtes victime d’une illusion d’optique : l’Union européenne n’est en rien la résurrection de la Chrétienté médiévale, elle ne vise pas à constituer, pour nous, une nouvelle patrie, élargie. C’est une étape au mondialisme, qui participe à la réduction de la personne au statut de consommateur sans racine, sans passé, sans âme, sans patrie, comme en témoignent aussi bien le refus d’évoquer les racines chrétiennes de l’Europe dans le projet de constitution européenne que le démantèlement des frontières extérieures de l’Union. Renaissance catholique a consacré à la problématique que vous soulevez une Université d’été en 1998. Les actes en ont été publiés sous le titre : Europe ou Chrétienté. Je me permets de vous en conseiller la lecture.
S’agissant de la théorie de l’évolution, je vous avoue mon incompétence absolue. Il me semble que Pie XII enseigne que nous devons tenir l’idée que l’humanité descend d’un couple unique, fondement de l’unité de la famille humaine et de la doctrine du péché originel, le reste étant du domaine de la libre discussion entre scientifiques. J’en suis là.
Le problème me parait tenir à ce que les évolutionnistes font de leur théorie un dogme, plutôt qu’une hypothèse (alors que certains scientifiques estiment qu’elle n’est pas démontrée), et qu’ils refusent à leurs adversaires le droit de défendre leurs propres conceptions, en les présentant comme des rétrogrades et de dangereux fanatiques.
Etranger pour ma part à toute pensée scientifique, je ne crois pas beaucoup à la préhistoire. Par pente naturelle, je trouve plus rigolote la vision beketchienne d’une humanité créée ex nihilo le vendredi 12 avril -6452 à 15 heures trente (je cite de mémoire), comme en attesterait, parait-il l’épaisseur de poussière dont est couvert le sol de la lune. Mon fils, qui fait des études, me dit que ça ne tient pas debout. Je le veux bien mais c’est dommage. Les dinosaures m’ennuient. Ce qu’il me semble que nous devons rejeter, c’est le darwinisme, qui fait du seul hasard le moteur de l’histoire. Comme l’a montré Maxence Hecquard dans son livre sur les principes philosophiques de la démocratie, Darwin a donné un fondement scientifique au matérialisme d’Epicure : le monde n’a aucun ordre, il n’a ni cause première (le Dieu créateur) ni fin (le souverain Bien qui est Dieu lui-même) à laquelle la création doive être ordonnée.
Le Docteur Dor défend (comme vous, semble-t-il) l’idée que le Dieu créateur ait pu se servir de l’évolution comme d’un instrument de sa création. Pourquoi pas, après tout ? Ce que je vois mal, c’est comment concilier ce processus avec la stabilité de la nature humaine, à laquelle l’Incarnation de Jésus Christ a donné une dignité éminente. Il ne me semble pas acceptable, si évolution il y eu, qu’elle se poursuive pour donner un jour naissance à une espèce dont le Dieu fait homme n’aura pas partagé la nature. Il serait intéressant de poser la question à quelqu’un de plus savant que moi.

images/icones/info2.gif  ( 6531 )évolution et histoire par dominique bontemps (2008-12-09 20:08:07) 
[en réponse à 6516]


Ce qu’il me semble que nous devons rejeter, c’est le darwinisme, qui fait du seul hasard le moteur de l’histoire.


Permettez-moi de corriger ce qui me semble erroné, bien que je n'ai guère de compétences scientifiques en ce domaine.

Le Darwinisme ne fait pas du hasard le seul moteur de l'histoire : il ne prétend pas expliquer l'histoire ! De manière plus générale, l'évolutionnisme fait du hasard un des deux principaux phénomènes d'où découle l'évolution, sur une échelle de temps bien plus grande. En revanche, à l'échelle de l'histoire, l'évolutionnisme à proprement parler professe qu'il n'a rien à dire : l'espèce humaine est considérée par tous biologiquement stable sur une période plus large que la période historique.
De toutes façons, l'homme actuel biaise le processus évolutif : par la pratique de la médecine en particulier, mais aussi par des éléments culturels, il se soustrait à la sélection naturelle dont l'évolutionnisme fait l'autre pilier de l'évolution.
D'autres théories scientifiques sont élaborées pour expliquer le développement culturel, là aussi à une échelle relativement large, mais pas forcément l'histoire et tous ce qu'elle implique de libre arbitre.