Le Forum Catholique

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images/icones/heho.gif  ( 4896 )Questions précises sur le NOM par Réginald (2008-02-06 20:25:14) 

M. l'abbé, je me permets de vous poser les deux questions que j'avais soumises naguère à l'abbé Ribeton et à l'abbé Claude Barthe. Vous me pardonnerez le caractère aride et précis de leur formulation, mais la gravité de la matière exige que l'on parle précisément et que l'on entre dans certains détails. Réginald

Indépendamment de toute problématique spécifiquement canonique, cette position me semble appeler les questions théologiques suivantes :

1. si vous jugez impossible en toute circonstance, pour un prêtre, la célébration de la messe selon les livres de 1969, ce ne peut être que parce qu’une telle célébration comporte une déficience objective, quoi qu’il en soit des intentions subjectives du célébrant. Parfois, on entend dire que les prêtres de la F.S.S.P. revendiquent simplement le droit à une sorte de « témoignage » contre les abus liturgiques ; mais vous conviendrez avec moi qu’une telle justification est bien imprécise, et surtout insuffisante, surtout lorsqu’il s’agit du culte que l’Église rend à son Époux. Pouvez-vous, par conséquent, dire clairement si une célébration selon le N.O.M., conforme en tous points aux rubriques, et même, si cela peut clarifier le débat, en langue latine et versus Deum, constitue oui ou non un désordre moral objectif, et, dans l’affirmative, quelles vertus sont alors blessées ? S’agit-il de la vertu théologale de foi, de la religion, de la prudence, d’autres vertus encore ? Et de quelle manière théologiquement précise se réalise le manquement aux vertus concernées ? Pensez-vous que la messe célébrée quotidiennement par le Saint Père est affectée, oui ou non, de ce désordre ou manquement objectif ? Et si vous pensez, en revanche, que la célébration du N.O.M. ne constitue, de soi, aucune faute matérielle, comment justifiez-vous alors votre choix de ne jamais utiliser ce rite ?



2. Du côté du rite lui-même, en quoi consiste précisément et formellement le defectus qui, à vos yeux, en exclut la célébration ou concélébration ? Cette déficience est-elle d’ordre strictement dogmatique, ou théologique, ou simplement culturelle ? Si elle est dogmatique, comment est-elle conciliable avec l’indéfectibilité de l’Église ? Si elle est théologique, à quel degré et de quelle manière vicie-t-elle la célébration ? Et si elle est seulement culturelle, pourquoi implique-t-elle la nécessité de ne jamais utiliser ce rite ?



Je vous remercie très vivement de répondre à ces deux questions, qui, par delà toutes les querelles de personnes, sont au cœur des controverses qui divisent le monde Ecclesia Dei.

Réginald
images/icones/neutre.gif  ( 4905 )Forme ordianire/extraordinaire par Babakoto (2008-02-07 17:45:24) 
[en réponse à 4896]

En complément des questions de Reginald, quel est votre sentiment sur cette distinction introduite par Benoît XVI? Pensez-vous qu'il s'agisse effectivement du même rite sous deux formes différentes?

Merci

Babakoto
images/icones/neutre.gif  ( 4924 )sur le NOM par abbé Bernard Lucien (2008-02-07 20:03:12) 
[en réponse à 4896]

1- Comme vous le demandez, je réponds simplement à votre première question en soulignant que telle qu'elle est posée, elle demeure dans l'universel et donc ne suffit pas à determiner un agir moral qui concerne le singulier.
Ceci-dit, non, célébrer le NOM avec toutes les rubriques et tout et tout, n'est pas de soi un désordre moral objectif.

2- L'agir moral est spécifié non-seulement par son objet considéré dans l'universel, mais en outre par l'ensemble des circonstances (pertinentes) qui peuvent affecter le sujet de l'acte, d'autres personnes, les conditionnements de l'objet, etc...
Par exemple (je sais bien que cet exemple ne colle pas sur tous les points avec notre sujet), le mariage, pour un jeune homme encore libre, n'est pas objectivement un désordre moral. Cependant, le mariage pour tel jeune homme qui aurait perçu des appels à la vocation religieuse, pourrait bien être, pour lui, un péché.

3- En ce qui concerne le NOM, les circonstances sont celles de la crise de l'Eglise, avec en particulier la mise en cause très répandue et peu contrecarrée officiellement des principaux dogmes concernant la sainte Messe comme la Présence Réelle, le rôle spécifique du prêtre, et surtout le caractère sacrificiel et même propitiatoire de la sainte Messe. Sur ces divers points, et en particulier sur le dernier, le NOM présnte un profond recul dans l'expression (paroles ou gestes) du Mystère. C'est cette double circonstance qui a demandé et demande encore le témoignage de la Foi vis-à-vis de ces vérités. La manière la plus simple, formelle et directe de ce témoignage de la Foi, consiste précisément à s'en tenir à la forme extraordinaire du rite romain.
mais je reconnais volontiers que d'autres personnes, percevant d'autres urgence dans la crise de l'Eglise, puissent porter un jugement prudentiel différent sur la manière d'exprimer ce témoignage de la Foi.
images/icones/neutre.gif  ( 4961 )En pratique par gguivarch (2008-02-07 21:58:48) 
[en réponse à 4924]

Est-ce à dire que quelqu'un qui croit sincèrement que le NOM (en tout cas tel que célébré à peu près partout en France) peut faire perdre la foi ou tout du moins la diminuer (ce qui est déjà très grave en soi) doit s'abstenir d'y assister le dimanche ou fêtes d'obligation à défaut de messe tridentine à distance raisonnable ?
Comment le concilier avec l'obligation d'aller à la Mese le dimanche ?
images/icones/neutre.gif  ( 4928 )La Foi, c'est la foi qui pose problème? par Maïe (2008-02-07 20:22:00) 
[en réponse à 4896]

-+JHS+-

Bonsoir Monsieur l'abbé,


3- En ce qui concerne le NOM, les circonstances sont celles de la crise de l'Église, avec en particulier la mise en cause très répandue et peu contrecarrée officiellement des principaux dogmes concernant la sainte Messe comme la Présence Réelle, le rôle spécifique du prêtre, et surtout le caractère sacrificiel et même propitiatoire de la sainte Messe. Sur ces divers points, et en particulier sur le dernier, le NOM présente un profond recul dans l'expression (paroles ou gestes) du Mystère. C'est cette double circonstance qui a demandé et demande encore le témoignage de la Foi vis-à-vis de ces vérités. La manière la plus simple, formelle et directe de ce témoignage de la Foi, consiste précisément à s'en tenir à la forme extraordinaire du rite romain.
mais je reconnais volontiers que d'autres personnes, percevant d'autres urgence dans la crise de l'Église, puissent porter un jugement prudentiel différent sur la manière d'exprimer ce témoignage de la Foi.


Si je comprend bien la fin de votre réponse sur la pratique, ou le refus de la pratique du NOM, ce n'est pas cette question de la forme ordinaire ou extraordinaire du rite qui est au cœur de la crise de l'Église.
Si je vous ai bien compris, célébrer selon le VOM, c'est manifester très ouvertement son désaccord avec d'autres problèmes, qui ne sont pas liturgiques.
Mais quels problèmes, s'il y a accord sur Vatican 2, la liberté religieuse, que sais-je encore?
La foi, que je souligne en gras dans votre texte? L'apostasie, comme Notre-Dame nous l'a dit à Fatima, et La Salette aussi, je crois.
J'aimerai vraiment une réponse, même si ma question vous semble "capilotratée".
Merci en tout cas d'être là pour nous éclairer.
images/icones/neutre.gif  ( 4932 )[réponse] par abbé Bernard Lucien (2008-02-07 20:37:37) 
[en réponse à 4928]

Comme je l'ai dit dans le texte que vous citez, il s'agit des points intrinsèques à la Messe et que le rit est censé exprimer et expliciter.