Le Forum Catholique

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images/icones/neutre.gif  ( 4639 )La dernière: sur le bien commun par baudelairec2000 (2007-12-31 18:26:03) 

En bon lecteur de saint Thomas, j'avais cru comprendre que l'homme était ordonné à la société comme la partie au tout, que d'une certaine façon l'homme était fait pour l'Etat (polis ou Respublica), la société ou l'Etat étant antérieure à l'individu, démentant les propos futurs de Pie XI, qui n'hésitait pas à affirmer que la société était faite pour l'homme. D'autre part, le Docteur commun affirme la primauté du bien commun sur les biens particuliers, pour cette raison que le bien commun diffère radicalement d'un ensemble de biens matériels, économiques, d'avantages, qui ne peuvent se partager et engendrent ainsi des conflits entre les membres de cette communauté. Le bien commun pourrait bien s'appeler la paix, c'est du moins ce que l'on peut lire chez saint Augustin ou Alcuin.

La doctrine sociale a inversé la perpspective: la subordination des individus à la société fait place, dans le cadre de cet enseignement, à la subordination de la société à l'individu. Vous écrivez en effet:

" L'économie et la société sont au contraire au service de la dignité humaine. Elles doivent la promouvoir, la construire et la protéger." Il me semble que l'économie, du moins celle qu'envisagent Platon dans la République et Aristote dans le premier livre de sa Politique (vous ne manquerez pas, je suis sûr, de remarquer la similititude, la constance des préoccupations de ces deux auteurs), est au service de l'homme; quant à la subordination de la société par rapport à l'homme, l'inversion est criante par rapport aux affirmations d'une longue tradition philosophique. Seule similitude dans vos propos avec saint Thomas, le rythme ternaire: promouvoir, construire et protéger; similitude dans les termes mais non dans la prespective.

Je cite saint Thomas dans le De Regno (livre II, chapitre 4):

" Instruit donc par la loi divine, le roi doit porter son pricipal effort à la manière dont la multitude qui lui est soumise mènera une vie bonne. Cet effort se divise en trois points:

- d'abord INSTITUER une vie bonne dans la multitude qui lui est soumise;

- deuxièmement, l'ayant établie, la CONSERVER;

- troisièmement, l'ayant conservée, la faire PROGRESSER."

Et saint Thomas de continuer sur le thème essentiel de la paix:

" Or pour qu'un homme mène une vie bonne, deux conditions sont requises: l'une, la principale, est d'agir selon la vertu, car la vertu est ce par quoi on vit bien. L'autre secondaire et comme instrumentale, consiste dans la suffisance des biens corporels dont l'usage est nécessaire à l'acte de la vertu. L'unité elle-même de l'homme est causée par la nature mais l'unité de la multitude, que l'on appelle paix, doit être procurée par les soins du gouvernant. Ainsi donc, pour instituer la vie bonne de la multitude, trois conditions sont requises. Premièrement que la multitude soit établie dans l'unité de la paix. Deuxièmement que la multitude unie par le lien de la paix soit dirigée au bien-agir. Car comme un homme ne peut bien agir en rien si l'on ne suppose d'abord l'unité de ses membres, ainsi la multitude des hommes à qui manque l'unité de la paix est empêchée de bien agir, étant en lutte contre elle-même. Troisièmement il est requis que, par l'activité du gouvernant, il y ait une quantité suffisnate de choses nécessaires au bien vivre. "


On se situe avec saint Thomas à mille années lumières d'une conception économique ou matérielle du bien commun, de la vision d'un Etat distributeur de biens ou d'avantages matériels.


baudelairec2000 qui reconnaît avoir été plus que prolixe et vous remercie par avance de vos réponses.
images/icones/neutre.gif  ( 4679 )St Thomas vs. Pie XI ! par Une Ame (2008-01-02 22:42:45) 
[en réponse à 4639]

Il fallait oser. Tout cela parce que vous mélangez encore une fois l'homme en tant qu'individu et l'homme en tant qu'essence, en tant qu'humain.

Relisez donc St Thomas dont vous vous dites "bon lecteur", mais dont visiblement vous n'avez pas tout compris : la dignité humaine, le bien commun, la loi humaine, l'état.

Il serait un peu long de démêler tous vos sophismes, mais permettez-moi juste de vous faire remarquer que vous vous contredisez vous-même :

[St Thomas : ]Troisièmement il est requis que, par l'activité du gouvernant, il y ait une quantité suffisnate de choses nécessaires au bien vivre.


On se situe avec saint Thomas à mille années lumières [...]de la vision d'un Etat distributeur de biens ou d'avantages matériels.



Bien à vous
Une Ame