Le Forum Catholique

Une liseuse pose une question dans le prolongement de la précédente :

Les supérieurs de la FSSP ont-ils l'intention de séparer l'ivraie du bon grain dans ses rangs ? (Ou : comment se fait-il que des "signataires" s'y trouvent encore, alors qu'on vient d'en voir les graves conséquences sur Lyon.)

Je ne crois pas qu’on puisse présenter les choses d’une manière aussi simple : il n’y a pas d’un côté les bons, et de l’autre les méchants ; il n’y a pas parmi nos prêtres d’un côté l’ivraie, de l’autre le bon grain … Cette vision binaire et manichéenne ne tient pas compte des qualités d’âmes de chaque prêtre. De plus, il est toujours dangereux d’enfermer les personnes sous des étiquettes. Cela est toujours réducteur et souvent réserve des surprises. Le rôle des supérieurs de la FSSP n’est pas d’organiser je ne sais quelle chasse aux sorcières mais bien plutôt d’encourager tous les prêtres de la communauté à vivre toujours plus selon le charisme propre qui l’anime, à toujours mieux observer les constitutions. Si certains ne se reconnaissent plus dans ce cadre ou dans ces constitutions, ils ont la liberté de demander leur excardination. C’est ce qu’ont fait un certain nombre de prêtres de la Fraternité, qui ont demandé leur entrée dans tel ou tel diocèse. Dans bien des cas, nous gardons des rapports amicaux avec eux, et nous approuvons l’honnêteté de leur démarche, car pour des prêtres mal à leur aise avec l’identité d’une communauté, cela ne servirait à rien de vouloir la changer peu à peu de l’intérieur : mieux vaut tirer les conséquences d’une vocation que l’on reconnaît finalement différente. Cela peut d’ailleurs jouer dans un autre sens, où des prêtres diocésains ou bien appartenant à d’autres congrégations désirent rejoindre les rangs de la Fraternité St-Pierre. Nous en avons accueillis un grand nombre, en particulier aux Etats-Unis.

La question qui vous a été posée l'était pour une raison bien concrète. En effet, l'affaire de Lyon n'est pas du tout rassurante pour les fidèles de la FSSP, puisqu'elle démontre que des prêtres (dont les supérieurs et leurs confrères savaient pourtant ce qu'ils pensaient puisqu'ils l'avaient exprimé dans le fameux recours) peuvent, du jour au lendemain, les priver de tout ce qui avait été construit pendant des années.
Ce que vous répondez là ne me rassure donc pas tellement !

SC

Cher Sursum Corda,

Grâce à Dieu, je crois que les fidèles lyonnais ne sont pas privés de tout ce qui avait été construit. Mais je reconnais que la situation est difficile. Evidemment, nous serions dans une position plus forte si le Saint-Siège prévoyait pour la France une sorte d'administration apostolique avec une vraie juridiction. Si nos communautés se trouvaient bloquées dans leur développement, alors que nous avons chaque année beaucoup d'ordinations, je crois que cette solution serait inéluctable.

Merci pour votre réponse, cher M. l'abbé. Votre franchise est plaisante !
Puis-je vous demander -mais si vous ne pouvez pas répondre pour une raison ou une autre, ne tenez surtout pas compte de cette question, je comprendrai très bien- quand est-ce que nous aurons un supérieur de Maison à Lyon (il manque cruellement...).


SC

Il est un peu tôt pour vous répondre. Et je profite de votre message pour saluer la qualité du travail pastoral des abbés Roseau et Maître dans cette affaire : ils se sont montrés parfaitement responsables et leur attitude a été très surnaturelle.

Ah oui, ces deux jeunes abbés sont vraiment super, c'est bien vrai ! (Ma question ne mettait pas en doute leurs qualités, d'ailleurs, je pense que vous l'avez bien compris !)