Le Forum Catholique

http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=2602
images/icones/1a.gif  ( 2602 )Réaction conservatrice au Québec ? par Le souricier (2007-04-30 18:10:37) 

Bonjour Jean,

Bienvenue sur le forum !

Une première question qui a trait aux élections récentes au Québec.

Faut-il y voir le début d'une réaction conservatrice ?

Que faut-il penser des "Adéquistes" ?

Y a-t-il des liens entre certains d'entre eux et Egards ?


Amitiés,

Olivier
images/icones/neutre.gif  ( 2610 )Réaction conservatrice par Jean Renaud (2007-04-30 18:43:04) 
[en réponse à 2602]

Bonjour Olivier,

Je crois que cette élection annonce la fin de la Révolution tranquille. L’élite « libérale » (au sens américain), qu’elle soit fédéraliste ou séparatiste, a été rejetée par le Québec profond. Faut-il y voir le début d’une réaction conservatrice ? C’est une autre question. Les « idées » politiques de Mario Dumont, le chef de l’ADQ, tendent à la défense de la famille et de la responsabilité personnelle. Ce sont là les germes d’un sain conservatisme. Mais c’est un conservatisme plus instinctif que doctrinal, tenté par un individualisme puéril (les jeunes adéquatisques sont souvent libertariens). En outre, après 47 ans de libéralisme extrême, les instincts ne suffisent plus : il faut parfaire les balbutiements imparfaits du bon sens par un discours suivi et une doctrine explicite. Cela manque à l’ADQ. Ce parti est assez pauvre en idées. Peut-être s’en méfie-t-il un peu, comme autrefois la vieille Union Nationale de Maurice Duplessis. Il manque au Québec une véritable intelligentsia conservatrice, comme on la trouve aux États-Unis, capable de mener un combat culturel, qui lui pourra nourrir le combat électoral.

Mais la période actuelle ouvre aussi la voie à ce que j’appelle la conjonction des ressentiments, l’alliance islamo-gauchiste nationaliste verte – car l’environnementalisme radical sera le ciment de cette nouvelle gauche québécoise qui profitera autant que l’ADQ de l’échec des vieux partis. Nous sommes donc dans une situation très imprévisible.

Pour ce qui est des contacts, le Québec est petit. Et certains membres de notre équipe ont des liens avec l’ADQ. Mais moi, je ne suis membre d’aucun parti. Je crois que l’intellectuel catholique doit dire ce qu’il croit vrai le plus simplement et le plus directement possible. Le « combat électoral » a d’autres exigences.
Amitiés
Jean Renaud
images/icones/neutre.gif  ( 2619 )Pour rebondir par Archambaut (2007-04-30 19:06:18) 
[en réponse à 2610]

sur la question de notre ami Souricier au sujet des élections Québécoises, ne craignez-vous pas que la chute du PQ et le rejet de la souveraineté n'entraînent la ruine du français au Québec?

Où en est d'autre part le français au Québec? Est-ce le début de la fin comme à Montréal?

images/icones/neutre.gif  ( 2633 )Eglise du Quebec par CP (2007-04-30 19:36:48) 
[en réponse à 2619]

A propos du Québec, comment expliquez vous que cette terre de foi catholique enracinée se soit laissée emporter si vite au vent nouveau des années 60???

et ce dans un continent nord-américain resté globalement plus religieux que la vieille Europe ??
images/icones/neutre.gif  ( 2681 )Explications par Jean Renaud (2007-04-30 23:27:19) 
[en réponse à 2633]

Excusez-moi, je n’avais pas vu votre question. Je répondrais (comme je l’ai déjà noté ailleurs) qu’il y a là un phénomène de modernisation accélérée comme on l’a vu en Espagne. Peut-être les pays catholiques résistent-ils plus longtemps au sécularisme, mais qu’ils s’écroulent d’un coup et plus vite.

Il y a aussi ce formidable instrument de sécularisation qu’a été l’école étatisée créée en 1960. On a séparé une génération de croyants de ses enfants et on a produit des déracinés (en gros, cette génération correspond à vos soixante-huitards).

Mais cela n’explique pas encore une apostasie de cette ampleur. Il y a là de l’inexplicable.

L’Amérique protestante a sans doute mieux résisté. Je dirais que les protestants résistent moins à la phase individualiste de la modernité, tandis que les catholiques succombent plus vite à la phase étatiste. Car l’étatisme compense un sens communautaire qui était très présent dans les sociétés catholiques.