Le Forum Catholique

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images/icones/vatican.gif  ( 137 )Bonjour, chers confrères. par Père Damien (2006-07-10 19:08:25) 

Je suis prêtre diocésain et je reconnais avec de nombreux confrères, hélas en privé, que la réforme liturgique a été anarchique et improvisée. Nous sommes bien inquiets et nos supérieurs veulent faire bonne figure alors que l'état général des paroisses et sutout des séminaires est celui d'une reconstruction timide après des années de plomb, d'hérésies et maintenant d'hypocrisie.

Mais je souhaiterais vous poser des quetions réelles et pastorales car il s'agit maintenant de trouver un chemin vers une contre-réforme constructrice.

I) Ne faut-il pas plus donner toutes son énergie pour que dans chaque paroisse la liturgie soit restaurée, missel Paul VI avec célébration "Opus Dei" ou "Saint-Martin", cela n'est-il pas ce qu'il faut d'abord voir rétabli partout plutôt que de remettre les fidèles au latin ?

II) Les erreurs des progressistes et le mépris théologique proche de l'hérésie contre le caractère propitiatoire, la réparation en justice des péchés par le sacrifice du Christ, sont en perte de vitesse.
Actuellement, de plus en plus de prêtres célèbrent la messe avec l'intention traditionnelle. N'est-il pas plus utile de combattre les derniers bastions de la théologie moderne plutôt que la messe en français en soi ?

III) Les trois prières eucharistique hors le Canon romain (Prière I) contiennent la thélogie traditionnelle par des mots explicites moins nombreux mais explicites.
La réforme de la réforme ne devrait-elle pas consister surtout à restaurer la catéchèse, le contenu des sermons ?

IV) S'il est légitime de donner une liberté à des paroisses "Saint Pie V" pour donner un excellent repère pour les autres paroisses, le plus urgent pour l'Eglise n'est-il pas de rétablir la bonne théologie dans les séminaires, de surveiller la liturgie et d'endiguer les abus, de rétablir un bon catéchisme ?


Questions plus détaillées :

1) Même si la théologie de la messe est sans équivoque dans la messe tridentine, comment imaginez-vous remettre 400 000 prêtres à la messe en latin ?

2) En 1962, est-il vrai que nombreux étaient les prêtres qui ne comprenaient plus les leçons des Heures en latin et qui en étaient dégoûtés ?

3) Quand on voit la vie accélérée du monde moderne, la liturgie des Heures en français moins longue n'est-elle pas un évènement providentiel, étant donné que d'assez nombreux prêtres ne disent pas toutes leurs heures ... ?

4 -a) Dès le début des années soixante, des prêtres d'une excellente doctrine usaient le plus possible du français dans la messe. A la traduction des lectures, ne fallait-il pas faire suivre la traduction de l'oraison ?

4 -b) Les fidèles ne comprenaient-ils pas que peu les prières latines ?
Et même aujourd'hui parmi vos fidèles, qui sauraient répondre à une messe basse pour ceux qui vont toujours à la messe chantée ?

4 -c) La messe prière eucharistique I, Canon Romain, en français n'est-elle pas un début de solution en rétablissant des prières à voix basse ?

5) En 37 ans de missel Paul VI, les fidèles n'ont-ils pas été profondémént coupé du latin ?

6) S'il est souhaitable et surtout juste que des paroisses soient consacrées à la liturgie latine ancienne en entier, du baptême au mariage, n'est-il pas exagéré de dépasser l'autorisation particulière ? La liberté totale ne provoquerait-elle pas inutilement des querelles alors que le plus important est la foi catholique enseignée en sermon et signifiée par une liturgie digne ?

8) Ne faut-il pas plus donner toutes son énergie pour que dans chaque paroisse la liturgie soit restaurée, missel Paul VI avec célébration "Opus Dei" ou "Saint-Martin", cela n'est-il pas ce qu'il faut d'abord voir rétabli partout plutôt que de remettre les fidèles au latin ?

9) Les erreurs des progressistes et le mépris théologique proche de l'hérésie contre le caractère propitiatoire, la réparation en justice des péchés par le sacrifice du Christ, sont en perte de vitesse.
Actuellement, de plus en plus de prêtres célèbrent la messe avec l'intention traditionnelle. N'est-il pas plus utile de combattre les derniers bastions de la théologie moderne plutôt que la messe en français en soi ?

10) Les trois prières eucharistique hors le Canon romain (Prière I) contiennent la thélogie traditionnelle par des mots explicites moins nombreux mais explicites.
La réforme de la réforme ne devrait-elle pas consister surtout à restaurer la catéchèse, le contenu des sermons ?

11) La vraie bataille n'est-elle pas la catéchèse, le catéchisme, le sermon du dimanche pour retrouver la doctrine traditionnelle de la messe sacrifice et banquet céleste ?

12) La réforme de la réforme ne doit-elle pas, plutôt que de proposer un retour au latin, imposer aux évêques un catéchisme pour les enfants et imposer le Compendium à tous les diocèses ?

13) La réforme de la réforme ne doit-elle pas surtout s'attacher à restaurer des rubriques dignes dans le missel Paul VI et les faire respecter pour retrouver le sens du sacré ?

14) S'il est légitime de donner une liberté à des paroisses "Saint Pie V" pour donner un excellent repère aux autres paroisses, le plus urgent pour l'Eglise n'est-il pas de rétablir la bonne théologie dans les séminaires, de surveiller la liturgie et d'endiguer les abus, de rétablir un bon catéchisme ?


Je finis par me répéter, j'arrête là pour l'instant.

A vous lire ...

images/icones/fleche2.gif  ( 154 )Quelques commentaires d'une fidèle tradie engagée par Chouette (2006-07-10 19:34:18) 
[en réponse à 137]

Mon Père,

Puis-je me permettre de vous donner quelques réponses de fidèle ??
Je le fais aussi en tant que membre du GREC, Groupe de Réflexion entre Catholiques, que vous connaissez peut-être !!!


5) En 37 ans de missel Paul VI, les fidèles n'ont-ils pas été profondémént coupé du latin ?

Je suis bien d'accord avec vous, Mon Père, mais ne voit-on pas la facilité avec laquelle nous sommes capables d'apprendre les langues...Eh bien, suivre sa messe régulièrement dans son missel latin-français, permet vraiment d'avoir une bonne notion de cette langue...



6) S'il est souhaitable et surtout juste que des paroisses soient consacrées à la liturgie latine ancienne en entier, du baptême au mariage, n'est-il pas exagéré de dépasser l'autorisation particulière ? La liberté totale ne provoquerait-elle pas inutilement des querelles alors que le plus important est la foi catholique enseignée en sermon et signifiée par une liturgie digne ?

Si des fidèles réclament cette liturgie et qu'en plus, il y a des églises vides, pourquoi ne pas laisser faire l'expérience de la Tradition ?
il serait raisonnable que les évêques ne s'y opposent pas...

8) Ne faut-il pas plus donner toutes son énergie pour que dans chaque paroisse la liturgie soit restaurée, missel Paul VI avec célébration "Opus Dei" ou "Saint-Martin", cela n'est-il pas ce qu'il faut d'abord voir rétabli partout plutôt que de remettre les fidèles au latin ?

N'y a-t-il pas, derrière cette proposition, un problème avec ces communautés qui, sur les points soulevés par certains dans nos questions auprès des abbés, ne seraient pas vraiment d'accord avec les réponses données, a priori...

10) Les trois prières eucharistique hors le Canon romain (Prière I) contiennent la thélogie traditionnelle par des mots explicites moins nombreux mais explicites.
La réforme de la réforme ne devrait-elle pas consister surtout à restaurer la catéchèse, le contenu des sermons ?


Pourquoi avons-nous besoin de 5 prières eucharistiques ? N'est-ce pas justement un ferment de problèmes, puis de divisions ?


12) La réforme de la réforme ne doit-elle pas, plutôt que de proposer un retour au latin, imposer aux évêques un catéchisme pour les enfants et imposer le Compendium à tous les diocèses ?

Vu l'ampleur des dégâts, c'est effectivement probablement un chemin raisonnable, mais l'un n'empêche pas l'autre !!!! et puis, je ne crois pas que le latin soit le problème essentiel sur lequel les "tradis" se focalisent...
images/icones/barbu2.gif  ( 155 )je serais bien interressé pas les réponses par Drakkar (2006-07-10 19:35:17) 
[en réponse à 137]

à ces questions car je crois que c'est vraiment ca qui interresse tous les catholiques attaché à Rome et qui voudraient des messes "carrées" sans pour autant qu'eles soient "tradi"

Merci d'avance
images/icones/sacrecoeur.gif  ( 168 )Les 4 premières par Abbé Guillaume de Tanoüarn (2006-07-10 20:12:21) 
[en réponse à 137]

La première et la quatrième questions se ressemblent. Il faut mettre toute son énergie à faire reconnaître par tous les évêques de la chrétienté le droit du rit imprescriptible et la validité des considérations théologiques de Mgr Gamber et du Cal Ratzinger à ce sujet. C'est le plus urgent parce que le déni de ce droit est une injustice qui empoisonne le coeur de l'Eglise.

C'est plus utile que de faire de la théologie car la liturgie est la forme de la foi pour chaque chrétien alors que la théologie n'est que la cogitatio fidei à l'usage de ceux qui l'enseignent et de ceux qui en vivent plus profondément, hélas pas la majorité des chrétiens!

Vous dîtes que les trois canons comportent aussi la doctrine de l'Eglise. Il faudrait à cela un examen minutieux que je suis tout à fait prêt à faire avec vous hors antenne. Mais le problème n'est pas là. Un rit ce n'est pas seulement un texte, c'est un ordre vivant une manifestation concrète, gestuelle aussi de la beauté de Dieu. J'ai assisté jusqu'à l'âge de 18 ans au NOM en français sans comprendre ce qu'était cette messe. C'est le rit ancien qui me l'a montré.

Cela dit, votre position de prêtre diocésain n'est pas facile et j'admire votre courage. Loin de moi l'idée de vous faire la leçon.
Fraternellement à suivre...

GDT
images/icones/hum2.gif  ( 178 )LA messe Paul VI n'existe pas, par Michel Jacques (2006-07-10 20:36:00) 
[en réponse à 137]

en tout cas en France, je dois avouer que je ne l'ai jamais recontrée. On m'a parlé de l'abbé Montarien qui la célébrait en en suivant scrupuleusement les rubriques mais à part lui et quelques autres, je crois surtout qu'il existe DES messes Paul VI, soit un foisonnement de liturgies plus ou moins dignes où chaque prêtre y va de sa petite sauce, invente des oraisons, modifie parfois le canon... parce que le plus souvent mal formé dans ce domaine.

Pardon, mon Père, pour le titre provocateur de mon post, mais c'est vraiment ce que je ressens et je parle en connnaissance de cause, ayant fréquenté la messe Paul VI jusqu'à l'âge de 26 ans avant de basculer vers la fréquentation quasi-exclusive du rite tridentin depuis 17 ans.

Vous posez, Monsieur l'abbé, beaucoup de bonnes questions auxquelles j'aimerais pouvoir prendre le temps de répondre, mais ce ne sera pas possible ce soir. Peut-être pourrions-nous poursuivre cet échange privatim si vous consentez à me fournir vos coordonnées via notre cher webmestre (surtout pas ici, vous éviterez les spams). D'ici là, j'aimerai à mon tour vous poser 3 questions :
- croyez-vous vraiment que le latin soit un problème central : je crois refléter la pensée de nombreux tradi en affirmant que nous préférerions la messe tridentine en français à la messe Paul VI en latin ;
- le principal problème de la réforme n'a-t-il pas été d'ouvrir des fenêtres avec la multiplication des ad libitum qui ont surtout conduit à du n'importe quoi liturgique, vous me pardonnerez ce mot dur mais qui reflète hélas une triste réalité, et selon un mot dont l'auteur m'écahppe : "quand on ouvre les fenêtres, il ne faut s'étonner que la tempête souffle dans la maison" ;
- enfin, le problème des traductions françaises est crucial et malgré les pétitions d'écrivains catholiques, elles n'ont pas bougé d'un iota depuis 40 ans (je pense au "consubstantialem Patris", au "ne non inducas in tentationem", au "Domine non sum dignus"...).

Au plaisir de vous lire, cher Père (ici, on dit plutôt lisurer...)

In Christo

Michel Jacques
images/icones/neutre.gif  ( 182 )Un débat intéressant par Justin Petipeu (2006-07-10 20:45:42) 
[en réponse à 137]

et qui est trop étranger aux réflexions actuelles sur "la Tradition", c'est justement d'expliquer l'écroulement post-conciliaire.

Il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas admettre que vu le nombre de "tradis" à avoir résisté aux nouveautés du concile, il semble bien qu'une grande majorité de catholiques ne connaissait ni n'aimait la messe ; sinon, il est évident que la résistance aurait été plus grande et plus spectaculaire. Voilà pourquoi il est gênant d'entendre souvent que la question liturgique serait "secondaire" ou "accessoire" par rapport à la doctrine. Elle est essentielle, au contraire.

De même, il est à noter qu'à part l'abbé de Nantes et quelques clercs et laïcs éclairés gravitant autour d'"Itinéraires", les nouveautés conciliaires sont passées un peu "comme une lettre à la poste", si je puis me permettre...
C'est seulement lors de l'imposition de la nouvelle messe que la réaction, non seulement liturgique, mais aussi doctrinale, s'est mise en branle. Alors oui, il faut le répéter, la question liturgique est essentielle.

C'est d'ailleurs tout l'espoir que nous mettons en Benoit XVI. Quelques soient ses convictions sur le concile ou sur l'oecuménisme, les mesures qu'il est susceptible de prendre sur le plan liturgique sont beaucoup plus prépondérantes dans la sortie de la crise post-conciliaire.