Le Forum Catholique

Quel regard portez-vous sur les catholiques et leur forme de communication ? On peut ici évoquer à la fois vos rapports avec les institutions de l'Eglise (Rome, les évêques, les prêtres) mais également votre vision de la communication des associations catholiques. Recevez-vous ou percevez-vous des pressions de la part des institutions suite à la parution de tel ou tel article ou de telle ou telle information ?

Sur la communication des catholiques au sens large du terme, je la trouve globalement assez puissante malgré le recul de la foi, mais elle est beaucoup trop dispersée. Chapelles, absides, absidioles, cryptes et sous-cryptes sont souvent ce qui la caractérise. Il m’est arrivé de subir des pressions, chose à laquelle je suis particulièrement rétif. Dans ce cas-là, j’affirme que je suis libre vis-à-vis du système, mais aussi vis-à-vis de ceux qui se proclament mes amis. Chacun sait que cela a un prix.

Il me semble que les catholiques ont un vilain défaut qui consiste à utiliser les médias pour s'opposer. Pourtant il me semble que l'Evangile est bien plus une force de proposition qu'un opposition au monde et à ses dérives. "tu ne tueras pas..." Je regrette que souvent la communication de l'Eglise et des catholiques se limite à cela. Je ne dis absolument pas qu'il faille que les catholiques renient leurs valeurs fondamentales. Mais le monde des médias est complexe et il faut savoir s'en servir si on veut faire passer des messages utiles. La polémique sur le téléthon est assez révélatrice. Qu'ont gagné les catholiques et l'Eglise (dont je partage les interrogations sur l'utilisation des fonds) dans cette affaire? Rien, si ce n'est de passer encore un peu plus pour retrograde.
Je me souviens de l'impact formidable des affiches "aimez vos ennemis" qu'on pouvait lire dans le metro durant les JMJ de 97.

Les catholiques sont, avant tout, des hommes. Et, comme tout un chacun, ils peuvent réagir lorsque l'on met en avant le voisin... Dans l'ensemble, même dans un mode aussi attentif que celui des catholiques traditionnels, les choses se passent bien.

Quant à nos relations avec les institutions, elles sont assez simples. Il m'a toujours été facile de frapper haut (Rome) et quasiment impossible d'accéder (du moins pour une publication) aux hommes d'Eglise français.

Bizarrement, les catholiques ont un vrai problème avec la communication. Ils ont le meilleure message et sont généralement ceux qui savent le moins bien le faire passer !!!!

Côté institutions, il y a deux visions de la presse : celle qui est pour nous et celle qui est contre nous. De cette dernière ils n’attendent rien de bon et ne sont qu’agréablement surpris quand elle leur sourit. De l’autre, c’est un peu leur journal paroissial : ils n’ont qu’à recopier le communiqué !

C'est dire s'il m'est arrivé dd'avoir des démêlés avec certains évêques pour qui "La Croix", par bien des côtés, demeure quand même un peu le journal auquel ils envoient leurs communqiués et qui s'étonnent quand nous n'avons pas repris leur prose in extenso...

Je trouve normal que les institutions cherchent à faire passer leurs messages. C'est aussi leur boulot. J'ai bcp appris en observant Joaquin Navarro-Valls, un spécialiste du genre, qui arrivait à nous entourlouper avec une extrême intelligence. On ne pouvait que se mordre les doigts de s'être laisssé prendre et tenter de vaincre la fois suivante, très motivant. Le retour en France a été un peu rude de ce côté là. Chez les protestants, j'ai rencontré une excellente responsable de com, elle aussi très maline et chaleureuse. Mais elle a l'avantage d'une structure tout de même plus légère que celle des catholiques. D'où la difficulté. Je remarque une liberté croissante des évêques en matière de prise de parole. Ils ne semblent plus vouloir croire que penser d'une seule voix est gage d'unité.

J'ai bcp appris en observant Joaquin Navarro-Valls, un spécialiste du genre, qui arrivait à nous entourlouper avec une extrême intelligence.

Dans quel but auriez vous dû être entourloupés?
Auriez vous des exemples?

Nous convaincre qu'un texte ne vas pas sortir avant deux mois pour nous faire perdre le goût de le chercher dans les "caves" du Vatican. Et deux jours après, le voir sortir comme une fleur, sans que personne n'ait eu de copie pirate avant. Pour lui, ce fut une réussite.

Peut-on imaginer que lui même ne sache pas que le document allait paraître et qu'il fut lui même surpris?

Puis je me permettre de vous demander quelques précisions sur des informations que j'ai lu en diagonale (vous me pardonnerez) dans lesquelles vous sembliez affirmer que dés le début des années 80 au vatican l'on voulait rendre une certaine liberté à la liturgie de Saint Pie V. Ou puis je trouver votre article?

Aurait-il été possible que ce genre d'informations ne puissent filtrer?
Que le mouvement traditionnaliste qui prétend avoir des contacts dans la curie Romaine puisse totalement ignorer ces faits au début des années 80 ou la crise était là mais pas encore la rupture?

Vou remerciant de vos réponses
Sincères salutations

Les évêchés tentent-ils d'exercer des pressions sur vous ? Un prêtre diocésain m'avouait dernièrement que sa paroisse s'était désabonnée du Figaro après un article que vous aviez consacré à une conférence donnée à Paris par le cardinal Arinze sur les dérives liturgiques. "On" vous avait trouvé trop "favorable" au cardinal. Recevez-vous des pressions de la part de votre journal et de son service abonnements pour tenter de ménager la chèvre et le chou en pareille circonstance ?

Cher XA, on a plutôt tendance à en rire. On tient très fermement à notre indépendance Et la menace du curé ou du vieux colonel grincheux qui se désabonne ne nous effraie pas. On sait que d'autres s'abonnent pour des raisons inverses. Parfois, en réunion de rédaction, le matin lorsqu'un chef de service fait une remarque sur un papier, on sait parfois que l'origine est téléguidée. Mais c'est rare.

Il est difficile de donner une réponse globale à propos de la communication dans l'Eglise et ses différentes composantes. Chaque organisme dispose de ses propres moyens. On trouve souvent des gens très compétents qui vous informent à bon escient. Rien ne vaut évidemment les relations personnelles, les amitiés de longue date pour être informé exactement de ce qu'il est le plus difficile de révéler sur la place publique. J'ai toujours eu la chance de disposer d'un bon réseau dans l'Eglise pour me tenir au courant des questions les plus difficiles. J'ajoute que les relations entre confrères sont précieuses pour échanger et compléter des informations.