Le Forum Catholique

Quel regard portent sur vous vos confrères de la presse écrite ou parlée ? Avez-vous une identité propre au sein du monde de la presse ? Votre positionnement dans le cadre de l'information religieuse fait-il de vous des "journalistes à part" ?

Il y a quelques années, les journaux ne s'intéressaient que très peu à la question religieuse chrétienne, ce sujet ne faisait pas vendre. Très peu de Une sur ce sujet, pas d'article supérieur à une demi-page.
Ces derniers mois, suite à l'érection de l'IBP et la future libéralisation du rite St Pie V, il semble que cela ait un peu changé ? Est-ce une impression ou une réalité ? Le débat à propos du Téléthon as-t-il aussi participé à la reprise de parole de l'Église auprès du public à travers les médias ?

Dans le cadre des évènements récents qui touchent le monde traditionnel, avez-vous une place plus importante pour vous exprimer dans vos médias sur le fait religieux ?

Pour ma part, je pense que l'intérêt pour l'information religieuse en provenance du Vatican n'a jamais vraiment baissé, en particulier au moment des voyages de JPII. Et que les débats sur l'Islam en France, à la fin des années 90, ont largement réanimé le feu qui couvait. Me souviens aussi de mon directeur de DESS, en 97, interloqué par le succès de JMJ et me demandant de consacrer mon mémoire de fin d'année au développement possible des médias catholiques. Selon moi, la question des tradis est un "pic" lié à toute une histoire franco-latiniste qui passionne les lecteurs. Mais il ne me semble pas que ce soit une lame de fond.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, j'ai (mais je pense ne pas être le seul à "Présent") d'excellentes relations avec un certain nombre de confrères. Le seul bémol étant que, hormis quelques cas dont certains sont présents ce soir, ces relations restent du domaine personnel.

Traiter des questions religieuses est peut-être particulier au sein du journalisme, mais, contrairement à ce que prétendent certains, nous sommes des journalistes à part... entière.

Une identité propre aux journalistes d'information religieuse ? Sans doute. Je le sens bien au sein de l'Association des journalistes d'information religieuse (dont font partie aussi quelques-uns des participants de ce débat) car il y règne une atmosphère particulière de bonne confraternité.

Je crois toutefois que cette identité propre est due d'abord à la nature particulière des sujets que nous traitons et des gens que nous rencontrons. Contrairement à la presse politique ou à la presse économique, nos "clients" n'ont pas besoin de nous et ne se battent pas pour que nous parlions d'eux. Dans le domaine religieux, c'est plutôt "pour vivre heureux, vivons cachés"... ET je crois que cette relation particulière avec eux influe beaucoup sur notre métier. Sommes-nous pour autant des journalistes "à part" ? Je ne le crois pas. Nous nous sentons, en tous cas, pleinement journalistes...

Quant à la place de la religion dans l'ensemble des médias, j'aurais tendance à dire que c'est fluctuant et que nous fonctionnons ici sur des cycles longs. Après une longue période de décrue (1970-1980), il me semble qu'on assiste aujourd'hui à un regain d'intérêt. J'aurais du mal à en situer le point de départ : les JMJ de Paris ? Dans tous les cas, le 11 septembre 2001 marque un tournant car de nombreuses rédactions ont soudain pris conscience que la dimension religieuse n'était plus un élément qu'on pouvait traiter en quantité négligeable et qu'il fallait de véritable spécialiste du sujet.

Ce n'est évidemment pas l'opinion que l'on porte sur moi qui m'importe. La seule chose que je puisse livrer ici concerne les années passées au Quotidien de Paris de Philippe Tesson. La rédaction y était très diverse. J'ai toujours eu les meilleures relations avec mes collègues qui connaissaient parfaitement mes opinions. On ne gagne jamais à se dissimuler. Il y a eu quelques incidents sans conséquences à propos de sujets conflictuels. Mais c'est la loi du genre. Il serait assez désastreux que se constitue une sorte de tribu des journalistes catho (je supporte très mal ce diminutif) qui vivrait retranchée et qui regarderait les autres du haut de son mépris. Un autre style de relation est possible.