Le Forum Catholique

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images/icones/find.gif  ( 10355 )Les conditions du Royaume par Bernard Joustrate (2018-05-24 19:59:17) 

Nous sommes sûrement nombreux sur ce forum (et bien au-delà) à espérer la restauration du Royaume de France.

Ne pensez-vous pas que la société française est aujourd’hui beaucoup plus éclatée qu’il y a deux siècles et demi, de sorte que son Unité paraisse à vue humaine être une utopie complète ? Comment voyez-vous les conditions d’une telle restauration ?
images/icones/neutre.gif  ( 10358 )[réponse] par abbé Michel Viot (2018-05-24 20:15:05) 
[en réponse à 10355]

Je vous renvoie à mon tout dernier livre chez Via Romana, L'heure du royaume de France est-elle venue ?, et au précédent chez le même éditeur, Il y a quelque chose de pourri au royaume de France

A propos de l'éclatement de la société française, il est tout aussi grave aujourd'hui qu'en 1789, mais il y a une différence. Tous les acteurs de 1789 (les vrais) étaient des gens cultivés, qui connaissaient l'histoire de leur pays. Aujourd'hui, la culture est la chose du monde la moins partagée, ce qui n'empêche pas les vrais décideurs de savoir ce qu'ils font, et pour cela d'être encore plus pervers que ceux de 1789, qui pour la plupart n'étaient pas conscients des horreurs qu'ils allaient déclencher. Aujourd'hui, nos décideurs savent. C'est là qu'est la difficulté, parce qu'ils n'ont même pas peur des risques énormes qu'ils font courir à notre pays et à l'humanité. Et c'est en cela que notre situation est pire qu'en 1789. Ajoutons à cela la circonstance aggravante suivante : le peuple de 1789 était chrétien, et aimait son roi. Aujourd'hui, dans sa majorité, il n'est plus grand chose, il n'aime plus personne. Les individus s'aiment furieusement eux-mêmes, dans la logique de la philosophie des Lumières. C'est pourquoi une véritable restauration royale ne serait possible que dans le cadre d'une reconquête victorieuse de la France par le catholicisme, ce qui impliquerait des conversions nombreuses, et venant de tous les horizons. Ainsi pourrait être compris le pacte de Reims, qui implique le sacre. Car, je tiens à le préciser, ceux qui voudraient restaurer une royauté à tout prix, quitte à faire l'économie du sacre, commettraient une terrible erreur. Leur roi ne durerait pas longtemps, une république à nouveau numéro ne tarderait pas à lui succéder, quand ce ne serait pas une dictature militaire. Donc il faut renforcer la communauté catholique, et faire du communautarisme catholique.
images/icones/sacrecoeur.gif  ( 10369 )« une reconquête victorieuse de la France par le catholicisme »  par Basam Damdu (2018-05-24 21:10:14) 
[en réponse à 10358]

Je rebondis sur votre voeu d’ «  une reconquête victorieuse de la France par le catholicisme ».

J’adhère pleinement à cette idée, mais... pensez-vous que cette reconquête soit envisageable sans le soutien de l’Eglise ? Aujourd’hui, ne vous parait-il pas que l’épiscopat français est particulièrement silencieux et timoré ?

Qu’avez-vous pensé par ailleurs du récent discours du Président de la République devant les Evêques de France ?
images/icones/neutre.gif  ( 10373 )[réponse] par abbé Michel Viot (2018-05-24 21:27:01) 
[en réponse à 10369]

Cette reconquête n'est bien sur possible qu'avec le soutien de l'Eglise et je suis sr que nos évêques agiront dans ce sens sans quoi ils ne se mobiliseraient pas tant pour se battre sur les questions de bioéthique, et questions sociétales, et ils n'auraient pas invité le Président de la République aux Bernardins.

N'oubliez pas non plus que nous sortons à peine du triste principat de François Hollande qui bloquait toute discussion sérieuse avec l'Etat.

Quant au discours du président Macron, je l'ai longuement analysé dans l'un de mes derniers blogs : https://michelviot.wordpress.com/2018/04/15/le-grand-soir/

Il n'y a pas de procès d'intention à faire au président. Il faut s'en tenir à ce qu'il a dit et ce qu'il n'a pas dit. Dans l'ensemble, j'ai trouvé beaucoup d'éléments positifs, mais aussi des contradictions à la fin du discours. Cela dit, il me semble que les conditions sont réunies pour entamer un vrai dialogue pour réparer le "lien abimé" entre l'Eglise et l'Etat. Sur le moyen et long terme, la situation actuelle n'est pas viable, surtout avec la présence "incontrôlée" de l'islam.
images/icones/4a.gif  ( 10375 )Je dois vous faire un aveu par Bernard Joustrate (2018-05-24 21:38:45) 
[en réponse à 10358]

Vous m’avez un peu cassé le moral dans votre livre. En conclusion (p.287), vous relevez l’ignorance crasse des catholiques français de leurs Saintes écritures. Et vous établissez précisément le parallèle avec la méconnaissance ou plutôt la connaissance falsifiée de l’Histoire de leur pays.

Me permettrez-vous de vous avouer qu’à vue humaine tout ceci parait effrayant ? On a vraiment du mal à envisager le bout du tunnel. Car, comme vous l’indiquez dans votre réponse précédente, aujourd'hui « les vrais décideurs (savent) ce qu’ils font ». Le combat parait tellement inégal, à moins d’une intervention de la Providence...
images/icones/neutre.gif  ( 10378 )[réponse] par abbé Michel Viot (2018-05-24 21:52:20) 
[en réponse à 10375]

Pour rétablir votre moral, souvenez vous que l'Eglise de France au tout début du XVIIe siècle était dans un état lamentable, tout simplement parce qu'elle n'avait pas véritablement reçu le concile de Trente. D'ailleurs, d'une manière générale, il faut à peu près 50 ans pour recevoir un concile. Et la France a toujours été particulièrement dure d'oreille vis à vis de Rome au nom d'un gallicanisme mal compris, ce qui alla en s'empirant jusqu'à la Révolution française et au delà.

Cela dit, grâce aux rois très catholiques de notre pays, qui surent mettre en valeur de bons évêques, le catholicisme retrouva progressivement son éclat. Ainsi, c'est parce qu'il était un bon évêque de Luçon, appliquant le concile de Trente, visitant ses paroisses, s'occupant du catéchisme, qu'Armand du Plessis, duc de Richelieu fut appelé à la cour par Marie de Médicis, puis élevé par Louis XIII au rang de principal ministre. Et il s'occupa des questions religieuses du royaume avec autant d'efficacité que pour celles qui relevaient du politique. Ce qui explique sous Louis XIV l'éclosion de l'école française et son rayonnement jusqu'au XVIIIe siècle inclus. Car l'Eglise du siècle des Lumières était loin d'être aussi mauvaise qu'on l'a dit, malgré toutes ses erreurs.

Il ne faut donc pas désespérer. Quand on a vu ce que, personnellement, j'ai vu il y a 20 dans le catholicisme français et qu'on voit ce qui se passe aujourd'hui, on ne peut que croire à l'intervention du Saint Esprit. Si le Seigneur avait abandonné l'Eglise catholique qui est en France aux conséquences des erreurs commises dans les années 1970, elle n'existerait plus depuis longtemps.