Sur la prière en famille...

Le Forum Catholique

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Aétilius -  2009-12-17 22:03:13

Sur la prière en famille...

Un autre point, sur lequel vous avez peut-être déjà réfléchi :

Avez-vous une idée de solution quand dans le couple, chacun est plein de bonne volonté, et désireux de prier ensemble.

Toutefois, ayant reçu une éducation religieuse catholique traditionnelle pour l'un, catholique moderne pour l'autre, l'un des conjoints conçoit plutôt la prière en famille/dans le couple comme un moment déritualisé que chacun, individu, couple, famille..., s'approprie, la position logique étant debout (position certes chrétienne, mais dont le sens, lié à la résurrection, n'est plus compris), tout en français et si chants il y a, plutôt des récents (ce qui est lié à sa propre culture familiale, avec une insistance sur la joie du moment, qui doit être visible, surtout verbalisée, et non pas intériorisée).

L'autre préfère, non pas que ce soit un but en soi mais un excellent outil ayant fait à travers les âges ses preuves, un ancrage corporel et langagier dans la Tradition vivante occidentale, ce qui implique une certaine ambiance de coupure avec la vie ordinaire, et donc une préparation pour rentrer dans la prière, à certains moments un agenouillement, des gestes de prière, certains chants éventuellement en latin, la langue liturgique de l'Eglise (je pense en particulier au "Pater", ce qui évacue le problème de la différence entre les deux versions, au "Gloria Patri")...?

Autre problème, concernant le tutoiement/vouvoiement de Dieu qui, mine de rien, si chacun est pratiqué à l'exclusion totale de l'autre, manifeste deux visions différentes de Dieu, pourtant complémentaires (cf sainte Thérèse de Lisieux qui, lorsqu'elle adresse à Dieu le Père le vouvoie mais le tutoie lorsqu'elle le prie dans la personne du Fils), ainsi que la traduction du Notre-Père (l'actuelle est parfois plus littérale, mais avec le controversé "ne nous soumets pas à la tentation", et ce tutoiement qui fait voir Dieu comme le bon pote genre saint Nicolas ; la classique a le mérite d'être ancré dans les siècles chrétiens, avec ce respect de Dieu, mais aussi ce décalage de vouvoyer son Père, si étrange aujourd'hui, et ce risque de prendre Dieu pour un être lointain, limite Père Fouettard).

Dans la même veine, que faire lorsque le conjoint est gêné par les prières traditionnelles "ô mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous de l'Enfer, et conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celle qui ont le plus besoin de votre Miséricorde", en raison de la mention de vérités dérangeantes et pas très joyeuses, plus ou moins refusées aujourd'hui par nombre de catholiques (l'Enfer) ; de la prière "mon Dieu, donnez-nous des prêtres...", en raison de sa tournure bien peu utilitaire (triple invocation, ce qui ne cadre pas avec la manière ordinaire de parler) ; de la formule "Et que par la Miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts (ou, pire : "trépassés") reposent en paix (on va tous directement au ciel à la mort, à en croire beaucoup : pas besoin donc de prier pour ceux qui nous ont déjà quittés).

Le Christ recommande pour prier personnellement de se retirer seul dans sa chambre, mais ne dit rien de la prière collective, à propos de laquelle des us se sont dégagés rapidement, le corps étant au service de la prière au même titre que l'âme.

Certains diront que ce sont des détails, au-delà desquels il faut passer, mais ce sont, me semble-t-il, en fait de réelles blessures symboliques dans la communion, sur un axe horizontal entre les catholiques d'aujourd'hui, sur un vertical avec ceux des générations antérieures. Déjà qu'elles sont dures à vivre dans le cadre de l'Eglise, elles sont encore plus douloureuse dans le cadre de la "petite Eglise" que se doit d'être le couple chrétien.

Surtout comment faire, si l'un des deux, en gros le traditionnel, préfère se faire discret (en particulier en baissant la voix aux paroles "changées" du Notre-Père version classique), traînant donc des pieds pour prier d'une manière qui lui semble autour de lui amener progressivement à un abandon de la pratique et à une foi bien relâchée et relativiste. Comment faire si c'est l'autre au contraire qui doit "subir" une manière de prier qui lui paraît anachronique et dérangeante sur nombre de points ?

En vous remerciant de m'éclairer, si bien sûr vous avez des idées pour nous aider à avancer sur ce beau chemin, exaltant mais combien rude et exigeant de la sainteté, dont je reconnais être encore bien éloigné.

Je vous souhaite en tout cas un joyeux et saint Noël...

En union de prière, ainsi qu'avec tous ceux qui connaissent mon identité réelle, en premier lieu (mais je me trompe peut-être) l'abbé IItimII 3, que j'en profite pour saluer

Aétilius
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