[réponse]

Le Forum Catholique

Imprimer le Fil Complet

Révérend Père Louis-Marie de Blignières -  2009-11-27 18:32:21

[réponse]

Très Révérend Père, j'aimerais savoir quel est précisément l'esprit du concile dernier, quelle est exactement sa dynamique. D'une part je lis avec dévotion des extraits des textes conciliaires dans la "Liturgia Horarum", d'autre part on est peiné par une contestation continue (doctrine, liturgie, discipline, etc.) se réclamant d'une dynamique "perdue" des années soixante (du siècle précédent) et qui n'est pas réprouvée tandis que... "Ecône" a été puni. Pourquoi deux poids et deux mesures? Excusez-moi de poser cette question un peu simpliste mais une telle situation devient éprouvante dans notre Eglise. D'avance, merci.

Réponse. J’ai moi-même bien du mal à comprendre ce qu’est ce fameux « esprit ». Ce sont ceux qui l’invoquent qui lui donnent un contenu, variable selon les personnes et les moments, mais toujours marqué par un esprit antidogmatique et l’« impiété à l’égard de l’être historique de l’Eglise » (comme dit Madiran). Peut-être que le discours de Benoît XVI à la Curie le 22 décembre 2005 vous éclairerait. L’ « herméneutique de rupture » s’appuie sur un supposé « esprit », qui fut celui des éléments les plus progressistes au moment du Concile, et qu’ils n’ont pu que très partiellement inscrire dans les textes eux-mêmes. Disons que les considérants de plusieurs textes sont marqués d’équivoques ou d’imprécisions, de silences, qui viennent peut-être de l’intention délibérée de placer là le moyen d’aller plus loin ultérieurement. Mais le magistère comme tel, s’il a accepté que les textes soient promulgués par lui avec ces insuffisances, n’a pas ratifié ces intentions de « dépassement » ultérieur. On peut dire même que Benoît XVI les a désavouées par le discours cité. Reste à mon avis que des interprétations authentiques de fort degré d’autorité (préparées par le Catéchisme de l’Eglise catholique et certaines des Encycliques de Jean-Paul II) sont nécessaires sur les points les plus épineux : collégialité, liberté religieuse, œcuménisme, rapport aves les non-chrétiens. Je remarque que Benoît XVI parle, non d’une « herméneutique de continuité » mais « de la réforme (ou du renouveau) dans la continuité ». Disons que « le Concile » (évènement) est terminé, ce qui reste ce sont les Actes promulgués (donnée magistérielle). L’avenir dira si ces Actes seront la base d’une vrai réforme dans la continuité.
http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=8180