Cher René Guénon ! “Initié”, et “initié” tant et plus, nous ne le voyons pas là “immobile au centre de la roue cosmique”, comme un “délivré dans la vie” grâce à la “réalisation métaphysique”, ni comme un sufi parvenu définitivement à “l’identité suprême”. Mais plutôt ce besoin de recourir, pour assurer son passage, à un dernier dhikr, comme un humble chrétien à la commendatio animæ, nous le montre en devenir jusqu’à son souffle ultime, “assoiffé” de ce Dieu qu’il avait refusé d’identifier à l’Amour. Métaphysicien hindouiste illuminé et subtil, il a droit, me semble-t-il, à notre respect ; mauvais chrétien, apostat même (et cela depuis sa première jeunesse), à notre pitié. Mais c’est en mystique musulman qu’il est mort, “mystique” malgré lui sans doute, et cela, joint à la dignité intacte de sa vie, lui donne droit à notre amour, réveille, à son sujet, notre fraternelle espérance
Noële Maurice-Denis BouletEn dehors des questions de vocabulaire, impossibles à unifier, la position de Guénon, en métaphysique pure, était plus proche de la position thomiste qu’aucune position professée par des penseurs modernes, chrétiens ou non
Comme malgré ses recherches il n’avait pas trouvé de survivance d’un ésotérisme chrétien, il considérait que le christianisme n’était plus qu’une forme religieuse déconnectée de ses liens vitaux avec ce qu’il appelait la Tradition (et qu’on n’atteint que par une “initiation” distincte des rites religieux).