la démocratie "acceptable" pour les Papes modernes.

Le Forum Catholique

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baudelairec2000 -  2008-01-02 16:23:53

la démocratie "acceptable" pour les Papes modernes.

Léon XIII est l'auteur de plusieurs encycliques politiques (Diuturnum ilud sur l'origine du pouvoir civil, Nobilissima Gallorum gens, Immortale Dei sur la constitution chrétienne des Etats, Au milieu des sollicitudes, j'oubliais Libertas); or, si le premier des pontifes de la Doctrine sociale insiste sur l'origine du pouvoir (Omnis potestas a Deo), s'il doit préciser, en ces temps de persécution, les rapports de l'Eglise et de l'Etat, il oublie, me semble-t-il, de réaffirmer deux points importants:

- premier point, la subordination du politique au religieux (dois-je renvoyer les liseurs au De Regno de saint Thomas, qui insiste lourdement sur ce point); dans Immortale Dei, il se contente d'affirmer la distinction des deux pouvoirs.

- deuxième point, la division classique des régimes ou gouvernements en deux catégories, les régimes justes et les régimes injustes; la division remonte à Platon, elle est clairement établie par Aristote dans la Politique et reprise par saint Thomas dans le De Regno.

Développons ce second principe:

un bon régime ou bon gouvernement est celui qui est exercé en vue du bien commun, injuste celui qui est exercé en vue d'un bien propre.

Les régimes justes sont:

- la royauté (le gouvernement juste d'un seul)

- l'aristocratie (régime d'un petit nombre d'hommes vertueux)

- la politia (terme calqué sur le grec politeia, régime des citoyens, les politès), c'est un gouvernement exercè par quelque multitude, une démocratie restreinte.


Pour les régimes injustes:

- la tyrannie (pouvoir d'un seul, exercé en vue de son bien propre)

- l'oligarchie (pouvoir d'un petit nombre d'hommes riches)

- la démocratie (democratia, pouvoir du demos).

Tout ceux qui savent lire auront compris que la démocratie est classée dans les régimes injustes. Or, on se plait trop souvent à confondre democratia et politeia; on confond, non sans arrière pensée, république (constitution) et démocratie. C'est ainsi que Léon XIII dit que la France a connu depuis la fin du XVIII e siècle trois régimes: la monarchie, l'empire et la république. Exit le thème si cher au Rousseau du Contrat social, le thème fondamental de la démocratie. La forme injuste de gouvernement est ainsi gommée et disparaît au profit d'une nomenclature établie de mainère bien superficielle. Il suffit que l'un de ces trois régimes affirme son origine, du moins ne la nie pas, qu'il soit apte à procurer le bien des citoyens, pour qu'il soit recevable par les catholiques. Le tour est joué, le Ralliement s'impose sans aucune contestation de la part des catholiques: le régime qui dans les années 1880-1890 persécute l'Eglise - et les persécutions de la Troisième République sont constantes- n'en est pas moins un régime respectable parce que, qu'il le veuille ou non, c'est un régime qui vient de Dieu. Qu'on relise ces différentes encycliques de Léon XIII et l'on réalisera à quel point le Pape et une partie de l'appareil n'ont pas ménagé leurs efforts, déployé des subtilités, proches de l'escroquerie intellectuelle, pour rallier les catholiques au régime, au système démocratique.


Je n'ai malheureusement pas le temps de développer un certain nombre de considérations sur le Radio-Message de Noël 44 de Pie XII sur la démocratie. On cherche en vain les caractères, une définition de ce type de régime. Pie XII développe abondamment les caractères de l'homo democraticus et ceux du gouvernant dans un démocratie, mais point de référence au bien commun. Pourquoi cette volonté de passer sous silence l'enseignement politique traditionnel? Pourquoi lui substituer une pensée sociologique (le vocable est dû à Marcel Clément), toujours mouvante, par essence évolutive?
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