Définition

Le Forum Catholique

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Rémi Fontaine -  2007-12-13 18:46:47

Définition

Très bonne question qu’on esquive trop souvent. Je prends bien soin de mon côté de déminer le terme en y mettant le plus souvent des guillemets à cause de sa connotation généralement péjorative. Mais puisque vous êtes donc en terminale (avec JB), expliquons : le communautarisme est un concept analogique, comme on dit en philosophie. C’est-à-dire qu’il se dit et se vit de plusieurs façons plus ou moins bonnes ou mauvaises, selon qu’il est plus ou moins ordonné ou non au bien commun général.
D’après le petit Robert c’est un système (disons une pensée ou doctrine) qui développe (défend) la formation de communautés par opposition au métissage individualiste. Par extension, ce peut être la proposition d’une société selon un modèle organique (subsidiarité) plutôt que mécaniste (étatisme laïciste). Mais l’homme étant naturellement un animal social et politique, personne en fait (à part l’ermite ou la brute) n’échappe au communautarisme. Pas même le laïcisme jacobin de stricte observance qui, après la destruction (partielle) des corps intermédiaires, recrée artificiellement ses propres communautés (départements, partis, lobbies de toutes sortes : gay, féministe…) selon le principe maçonnique : « dissoudre et coaguler ».
Il faut donc bien distinguer :
- les communautés légitimes (dites d’ouverture), naturelles ou d’élection, de droit inné ou acquis, qui répondent diversement au bien commun national. Par exemple : les familles, les communes, les provinces, les catholiques ou les protestants de France, le peuple breton ou corse, les Portugais ou les Arméniens habitant en France, la communauté des harkis, les corps de métiers, un club de joueurs de pétanque, etc. ;
- les communautés illégitimes (dites aussi d’enfermement), toujours artificielles ou contre-nature, parce que fondées sur un désordre politique, moral ou religieux qui nuit au bien commun. Par exemple : les mafias de toutes sortes, un certain lobby gay par son prosélytisme exclusif, un certain lobby islamiste prônant le terrorisme, la secte du temple solaire, etc.
Comme dans la théorie des ensembles, tout cela se vit dans une commutativité nationale (voire internationale) de bon ou de mauvais aloi, avec inclusions, exclusions, intersections, etc…

Le communautarisme est un concept à la fois moral et politique, contrairement à ce qu’on prétend souvent.
En effet, il y a donc bon (sain) et mauvais (malsain) communautarisme, comme il y a juste et injuste discrimination. Le bon communautarisme (organique) se fonde, selon les principes de totalité et de subsidiarité, sur :
- la distinction entre communautés (plus ou moins) légitimes (elles-mêmes hiérarchisées) et communautés (plus ou moins) illégitimes, ce qui suppose un sens de la vérité et du bien commun (de le loi naturelle et surnaturelle) ;
- la reconnaissance (outre leurs droits naturels) des droits acquis par les communautés légitimes qui varient d’une communauté à l’autre : le droit des harkis ne devrait pas être le même que celui des immigrés, à fortiori des clandestins…
- une claire vision de ce qu’il faut faire vis-à-vis des communautés illégitimes : répression ou tolérance (légale ou de fait), en fonction du bien commun.

C’est globalement ce qu’on appelle la préférence communautaire
Le nationalisme à la française bien compris constitue au reste un bon communautarisme par excellence, par sa volonté d’organiser, hiérarchiser et développer les communautés légitimes de la nation envers et contre ses communautés illégitimes (par exemple les « Etats confédérés » chez Maurras). On peut dire en quelque sorte du (bon) communautarisme ce que Henri Charlier disait du nationalisme (à la française) : « Chez nous le nationalisme n’a été qu’un moyen intellectuel de défendre par des arguments puisés dans l’histoire et la philosophie le sentiment naturel d’amour de la patrie qui y était combattu par toutes sortes d’idéologies et un enseignement falsifié de l’histoire, auxquels beaucoup de catholiques se laissent prendre encore. »
C’est une réaction salutaire (de survie) à une idéologie et une culture de mort issues de la Révolution.
http://www.leforumcatholique.org/message.php?num=4437