« Notre route en Eglise. Invités et Serviteurs à l’horizon 2015 » est la Lettre Pastorale de Mgr François Blondel, sur l’orientation et la vie du diocèse de Viviers pour les années à venir (Supplément à Eglise de Viviers n°12 du 29 juin 2008).
Le projet pastoral de l’Eglise catholique en Ardèche présente un intérêt de par la situation de ce diocèse français, proche de la faillite. Cette situation n’est pas une exception en France mais la situation de plus de la moitié des diocèses. La lecture attentive de la lettre pastorale, disponible à la sortie des églises ardéchoises, nous permet d’analyser les modalités de la gestion de la déroute ecclésiale d’un petit diocèse. Mgr Blondel a été nommé en 1999 ; âgé de 69 ans il est représentatif de l’épiscopat « moyen » actuellement en place. Cette lettre pastorale vient dans la foulée d’une « étape riche » de l’histoire diocésaine : pendant près d’un an a été évaluée la mise en œuvre du projet pastoral diocésain Invités et Serviteurs qui guide le diocèse depuis 2002. Un document de travail a été réalisé par « l’équipe de pilotage » qui a permis de « vivre une riche assemblée de type synodal, le 5 avril 2008 ». La plupart des orientations de cette assemblée sont reprises par Mgr Blondel en « quatre pistes » constituent le plan de sa lettre pastorale de 40 pages : I – Nos communautés ecclésiales ; II- L’Eucharistie et les Sacrements (page 6), source de Vie pour l’Eglise et pour le monde (page 16) ; III - La Parole de Dieu, source de la foi et de la proposition de la foi (page 25) ; IV- Le service, la présence et le partage, notre Eglise dans le monde de ce temps (page 32). L’Eglise d’Ardèche, comme tant d’autres, est confrontée à une « sérieuse difficulté : peu de prêtres sont actuellement en âge de recevoir la charge pastorale d’une Paroisse » (il n’y a plus de charge paroissiale après 75 ans). La lettre pastorale estime que la situation est grave. Comme le prévoit le Code de droit canonique de 1983, certaines paroisses seront confiées dans un très proche avenir « à une équipe, tandis qu’un prêtre ne résidant pas habituellement dans la Paroisse aura la fonction de ‘Modérateur de la charge pastorale’ (c’est-à-dire qu’il viendra régulièrement faire le point, vérifier les décisions avec l’équipe…) ». C’est déjà le cas pour deux paroisses, le regroupement des paroisses en groupes de villages ayant eu lieu en 2002. Mgr Blondel envisage déjà une Eucharistie tous les deux dimanches pour certaines communautés locales, le plus souvent célébrée par un prêtre retraité, en souhaitant que l’écart ne devienne pas plus grand. Beaucoup de fidèles n’auront pratiquement plus de messe dominicale dans leur église. Chaque paroisse devra donc dans les mois qui viennent se doter d’un « projet missionnaire paroissial ». La conception, la mise en œuvre et l’accompagnement de ce projet est de la responsabilité de l’Equipe d’Animation Paroissiale (EAP). Elle le soumettra à l’avis du Conseil Pastoral de la Paroisse (CPP), composé en majorité de fidèles laïcs (CIC, n° 536). L’Assemblée diocésaine du 5 avril 2008 considère que le Conseil Pastoral de Paroisse est peu visible, mal perçu. Le rôle essentiel de l’EAP apparaît donc clairement. Ses membres sont des « diacres, laïcs en mission ecclésiale, autres laïcs ou religieuses – sans pour autant confondre le sacerdoce baptismal et le sacerdoce ministériel ». Ils « sont associés à la responsabilité du curé, ou même participent à l’exercice de sa charge pastorale quand il n’y a pas de curé résidant. Ils le peuvent, dans notre situation ils le doivent même, et c’est une richesse. Il doit s’agir d’une équipe, ce qui suppose un nombre restreint de personnes (six est un bon chiffre) et la volonté effective de partage en esprit et en vérité. C’est ensemble que les membres de l’Equipe d’Animation Paroissiale porte le souci de toute la Paroisse ». L’EAP se réunit au moins une fois par mois. Il est précisé plus avant que dans les célébrations liturgiques en l’absence de prêtre, c’est le diacre qui « dirige la prière, avec une équipe. Dans la plupart de nos Paroisses, il y a un ou des laïcs en mission ecclésiale avec une lettre de mission de trois ans, renouvelable habituellement une fois, souvent avec un contrat de travail : ce sont les animateur laïcs en pastorale (ALP). Une mission nouvelle se dessine pour l’avenir de nos Paroisses : celle de l’Animateur Laïc en Pastorale Paroissiale (ALPP). » Cette fonction se met progressivement en place et sept personnes ont d’ores et déjà reçu cette mission. Il s’agit d’un laïc en mission ecclésiale, membre de l’EAP, envoyé par l’évêque pour contribuer à « l’unité paroissiale, au service du travail commun ». Il sera l’auxiliaire du curé d’une grande paroisse et pour l’EAP quand il n’y aura pas de curé résident. Il sera donc une pièce maîtresse qui devra être contrebalancée par d’autres laïcs, deux ou trois membres de l’EAP. Il est prévu de doubler l’EAP par un « Délégué pastoral », non membre de l’AEP. Son rôle est d’animer les « Equipes-relais » des communautés locales. La lourdeur administrative de l’appareil ecclésial saute aux yeux et on peut émettre certains doutes sur la mobilisation effective du laïcat, la raréfaction des vocations allant de pair avec la disparition du socle catholique, à la source des vocations. |