Bernard XIBAUT
Joseph Doré, la responsabilité d’un évêque
Mame, octobre 2006, 22 €
Prêtre du diocèse de Strasbourg, ancien directeur du grand séminaire, nommé en 2003 chancelier de l’archevêché, ce proche collaborateur de l’évêque-théologien démissionnaire est un témoin privilégié. Mgr Joseph Doré s’est épuisé en dirigeant un vaste évêché concordataire et en menant conjointement son activité de théologien (sa bibliographie pastorale et générale depuis 1997, date de sa nomination, remplit la bagatelle de 67 pages). Le présent ouvrage démontre, selon un plan des plus classiques (célébrer, enseigner, gouverner), que les choix pastoraux de ce sulpicien sont des choix théologiques. Il en est ainsi pour les orientations sacramentelles, entre autres exemples (pastorale des divorcés remariés, ministères non-ordonnés, etc.). Le théologien a été confronté, dès son arrivée en Alsace, aux célébrations communautaires du sacrement de pénitence avec absolution collective, coutumes fortement ancrées depuis 1974 avec l’appui de Mgr Elchinger. Dans la foulée du nouveau Code de droit canonique (1983, c. 961), Jean-Paul II a publié une Exhortation apostolique, Reconciliatio et Paenitentia (1984), pour ne plus laisser prise à la dérive post-conciliaire. Le 7 avril 2002 paraît le Motu proprio Misericordia Dei ne permettant plus de soutenir l’interprétation large du concept de « nécessité grave » telle qu’elle prévalait alors en Alsace. Mgr Doré se voit donc obligé de publier des orientations qui en appellent à la responsabilité de chacun… mais en biaisant : « Là où les tendances traditionnelles attendaient une remise en cause des célébrations communautaires, le texte de l’évêque réaffirme leur valeur. Non seulement il n’“interdit” pas ces célébrations, mais il demande qu’elles soient organisées partout, y compris dans les paroisses et les communautés qui jusque-là s’y refusaient ». Dans le chapitre consacré aux grands chantiers immobiliers, Bernard Xibaut démontre comment Mgr Doré a « particulièrement manifesté son attachement à la réforme liturgique de Vatican II à travers l’installation de deux autels destinés à la célébration face au peuple : celui de la chapelle du palais épiscopal et celui de sa cathédrale. » Ce choix a été suivi dans le diocèse d’une vague de suppression d’autels provisoires, installés aux lendemains du concile, pour ancrer définitivement la révolution liturgique, Mgr Doré manifestant chaque fois « son soutien à cette belle cause ». La marque du concile est toujours « une tonalité fondamentale qui doit habiter chacune des dimensions de la vie diocésaine ». Le primat de l’idéologie a la vie dure.
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