Ma culture du foot se limite à suivre une finale de coupe du monde tous les 12 ans ! Mais comme vous l'avez noté, cela ne m'empêche pas de défendre des supporters devant les tribunaux administratifs et pénaux !

En ce qui concerne la banderole dite anti ch'tis, on pourrait en parler des heures. Pour rappel, lors d'une finale PSG-Lens, des supporters du PSG ont déployé une banderole : "Pédophiles, chômeurs, consaguins, bienvenue chez les Ch'tis". Ce n'était peut-être pas de bon goût mais cela ne relevait pas d'une juridiction pénale. Au demeurant, il s'agissait d'une banderole parmi 100 bien pires qui sont déployées tous les week-end dans tous les stades de France et qui, elles ne font pas l'objet de l'hystérie collective qu'on a vécue.

En réalité, c'est très intéressant : c'est à cause du film à succès et sympathique de Dany Boon que cette affaire a pris cette démesure, ce qui démontre qu'on se trouve dans le règne de l'émotion et même d'une dictature de l'émotion où la raison perd tous ses droits.

D'une blague de potache, on a fait une affaire d'Etat marquée par le grotesque et la démesure : savez-vous que l'on a fait des analyses ADN de la banderole pour retrouver ses auteurs ?

Cette affaire ne relève pas du droit pénal qui n'a pas vocation a apprécier le bon ou le mauvais goût.

Mais cette affaire est révélatrice de notre société qui a aboli toutes les barrières régulatrices traditionnelles. Parce que cela choque, il faut que cela soit poursuivi : on a perdu tout sens commun et tout sens du droit. Or, ce qui relève éventuellement de la morale ne relève pas du pénal mais la seule autorité qui reste est le juge pénal.

Résultat : 2 jours d'audience, 15 parties civiles, des ch'tis venus du Ch'nord pour réclamer l'indemnisation de leur préjudice moral et au final : 600 € d'amende ! Une quasi-relaxe au regard de l'hystérie collective qui s'est emparée de la classe politico-médiatique qui a les indignations qu'elle peut. Tout ça pour ça !

Parce que nous aimons le sport, parce qu'il n'y a pas d'infraction pénale, nous avons fait appel, mais seulement sur le plan pénal : nous avons laissé les parties civiles avec leur petit € symbolique et nous irons demander la relaxe à la Cour d'appel, en ne faisant que du droit !

Audience le 15 décembre à 13 h pôle 2 chambre 7 de la Cour d'appel de Paris. Avis aux amateurs !