Mon père, Lorsque je lis un article à propos d'un sujet qui fait débat (liberté religieuse, Vatican II...), j'ai à faire à un flot d'arguments. Il arrive parfois que l'analyse d'une revue soit reprise par une autre pour être contredite, les deux démonstrations restent pertinentes et la confusion remplace l'ignorance qui était la mienne avant de m'intéresser au sujet. Des deux cotés des saints et des théologiens sont cités (Saint Untel dit que... Monseigneur Untel dit que...). Après lecture mon impression est qu'il suffit de citer les "bonnes" personnes pour donner une certaine pertinence à une analyse qui finalement est bien personnelle à son auteur ou au groupe de personnes qu'il représente. Dans quelle mesure l'enseignement d'un saint (Saint Thomas d'Aquin, Saint Charles Borromée...) ou d'un théologien (Le cardinal Billot, le cardinal de Lubac...) peut être considéré comme sûr?

Réponse. Dans l’Eglise il faut des majores, mieux formés pour aider les minores qui n’ont pas le temps et les moyens à se faire une opinion sûre. D’où le problème crucial, pour la sortie de crise, de la formation dans les séminaires, studia religieux, universités catholiques. Dans ce domaine on voit assez peu de progrès, hélas. Mais pour le fond de votre question, les arguments valent ce qu’ils valent au regard de la raison et l’autorité des personnes cités n’est pas de soi décisive. « Toute vérité, qui que ce soit qui la dise, est du Saint esprit », aime répéter saint Thomas. « Regarde ce qui est dit et non la personne qui le dit », affirme, je crois l’Imitation de Jésus-Christ. Sauf s’il s’agit des « lieux théologiques » : Ecriture, Pères de l’Eglise, magistère. A vrai dire, il ya beaucoup de problèmes sur lesquels il est difficile de se former une opinion, même si l’on a une bonne formation : mais aussi on n’est pas tenu de le faire dans tous les cas.