Mon Père, Quels souvenirs gardez-vous de vos années d'études secondaires à Paris puis supérieures à Versailles (d'après Wikipedia), au plan religieux ? C'était l'époque du Concile, comment vous a-t-elle marqué ? Cordialement, Eugenio
Réponse. Pour les études secondaires, j’ai gardé le souvenir d’un Collège excellent au point de vue humain (moralité impeccable ce me semble), de très bonne qualité intellectuelle, accueillant pour les familles en difficulté comme la nôtre. Nos supérieurs (Directeur, Préfets) étaient des prêtres dévoués, proches de nous (peut-être trop pour certains). Mais je n’ai pas été marqué par leur zèle religieux ni leur spiritualité. Je crois rétrospectivement que certains commençaient à douter. Plusieurs ont quitté le sacerdoce. La catéchèse dans le secondaire ne m’a pas laissé une forte impression, surtout à partir de 1965 (j’ai passé le Bac en 1967). J’ai le souvenir que l’on pouvait fumer dans les cours de caté, que l’on nous parlait de la drogue (on était contre !) de la peine de mort (on était pour !) et que l’on nous a fait voter pour savoir si nous voulions la liturgie en vernaculaire (dans ma classe, on a dit non !). Mais on aurait aimé avoir de vrais cours de théologie. Le jour ou l’aumônier a écrit et expliqué le Nom de Dieu en hébreu au tableau, nous étions passionnés.
Pour les études supérieures, j’ai toujours regretté que nos aumôniers jésuites ne nous donnent pas ces cours. J’étais agnostique depuis 1965, et j’attendais que l’on me prouve rationnellement l’existence de Dieu (nous étions plusieurs dans ce cas). J’ai eu droit à des réunions informelles où on parlait de tout et de rien et qui tournait à la propagande (gauchisante, s’entend). En mai 68, nos Supérieurs nous ont incités à soutenir le mouvement étudiant parisien, en nous libérant pour la grande manif gauchiste du 13 mai (Bastille : 600000 personnes). Un certain nombre d’entre nous ont été à la contre-manif des Champs-Elysées (peu connue : 2000 personnes) ! L’avantage, c’est que j’ai été vacciné pour ma vie contre le progressisme (que je n’aimais déjà pas beaucoup pour des raisons familiales et personnelles) et contre la technocratie libérale, dont nos chefs étaient des représentants « catholiques ».
A cette époque j’ai eu la chance d’être informé sur la crise ecclésiale (notamment celle de la messe) par Itinéraires où mon frère Hugues travaillait ; et j’ai bénéficié, de 1968 à 1972, de l’enseignement de l’Office dirigé par Jean Ousset (ex-Cité catholique), qui m’a énormément apporté, et indirectement a occasionné mon retour à la foi en 1970. A l’époque on se sentait quand même très minoritaire dans l’Eglise et la société, mais on ne manquait pas d’esprit militant. Pour a part, je me suis rattaché pendant deux ans au rit byzantin à Saint Julien le Pauvre.
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