Je précise d’abord que je ne suis plus « un homme politique français », ayant cessé toute activité en ce domaine. Cela dit, je puis vous répondre sur le fond.
La forme monarchique ne fait pas nécessairement appel à un régime particulier. Dans certains pays, la monarchie a toujours été représentative, comme au Japon depuis quinze siècles, à quelques rares exceptions près, notamment les règnes Meiji et Showa entre 1867 et 1945. La formule du « roi qui règne et ne gouverne pas » a existé à toutes les époques et sous toutes les latitudes. Le roi est souvent un pontife (« pontifex » : qui fait le pont) assurant un rôle de régulateur qui permet la stabilité de la vie politique et la pérennité de l’identité collective.
Cela dit, compte-tenu de l’état de nos sociétés, à bien des égards on peut se plaindre de ce que les monarchies contemporaines ne donnent pas pleinement satisfaction. L’exemple du roi Baudouin des Belges obligé de céder devant l’avortement en est un exemple, et l’on pourrait en ajouter d’autres. On sait aussi que les rois actuels, bien que disposant de beaucoup plus de pouvoir et d’influence que les Français ne l’imaginent, ont subi tout de même une limitation de leurs pouvoirs au long des deux derniers siècles. Mais tant qu’il y a un roi, il y a une espérance. Les modes démagogiques passeront comme toutes les modes, et alors pour les Etats qui auront eu la chance de conserver leur monarchie, la renaissance sera plus facile. Il en est des institutions comme d’un corps malade : tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.
Pour ma part, je suis sensible au principe du régime mixte, que déjà des Grecs comme Hérodote ou Hippodame envisageaient, sans avoir jamais pu le pratiquer, d’ailleurs : mélanger la monarchie, l’aristocratie et la démocratie, afin que ces trois formes, qu’ils appelaient « pures », produisent le meilleur d’elles-mêmes : arbitrage bienfaisant, dévouement d’une élite créatrice, dignité de chacun ; et s’empêchent mutuellement de produire ce qu’elles recèlent de pire : tyrannie, égoïsme oligarchique, démagogie. J’ai une immense admiration pour un Louis XIV, mais aujourd’hui les peuples exigent de participer à la définition de la politique publique. C’est peut-être encore une mode qui passera, mais aujourd’hui il serait vain de vouloir ignorer cette exigence de démocratie.
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