[ Me connecter ]
Nouveau message | Contacts | Inscription | Retour à la liste des messages
-> Messages récents
Afficher la discussion

Une figure de roi par Gabriel Dubois (2009-01-20 19:58:00) Imprimer

La question m'a été posée, de savoir quel roi avait ma préférence, et j'ai répondu, qu'à la figure d'un roi, c'était tout l'esprit royal qui retenait ma préférence.

J'aimerais néanmoins intervenir sur une figure à la fois méconnue et décriée, je veux parler de Louis XI.

Les illustrations de Job, à la fin du XIXe siècle, dans l'album pour enfants sur la vie de Louis XI nous montre un grand roi, certes, mais un roi cruel, faisant enfermer ses prisonniers dans des petites cages de fer.

Le film intitulé Le Miracle des Loups, avec Jean Marais, donnait une image plus neutre, mais guère flatteuse, du grand roi.

Enfin, on ne compte pas, dans les écrits de l'époque et les récits historiographiques, les accusations de lâcheté, de cruauté, de machiavélisme.

Pourtant, s'il y a bien une figure de roi qui mérite mieux, c'est celle de Louis XI.

Souverain national, il sera le dernier roi de France à devoir véritablement affronter les grands seigneurs féodaux. Il les brisera, et par là accomplira un pas essentiel dans la marche vers l'unité de la France.
Roi habile politique, il le fut, mais c'est par économie du sang de ses sujets qu'il usa tant de la diplomatie et versa dans les mains des Suisses et des Alsaciens l'or qui servirait à faire la guerre au duc de Bourgogne.
Roi humaniste, aussi, il défendit les arts et les lettres, ouvrant, le premier, la France vers l'Italie de la Renaissance. Ses liens privilégiés avec Milan n'y sont pas étrangers.
Roi courageux, il paiera de sa personne à la bataille de Monthléry, et n'hésita pas à brandir l'épée chaque fois que la diplomatie échoua.
Roi chrétien, il le fut également, lui qui vouait une vénération toute particulière à Notre Dame de Cléry.
Roi réformateur, il le fut, dans la lignée de son père Charles VII, contribuant au perfectionnement des armées françaises, au développement des postes et des relais de poste. Il continua également l'oeuvre de reconstruction entamée par son père, après les déchirures de la guerre de Cent ans.
Enfin, s'il fit la guerre chaque fois que cela fut nécessaire, Louis XI était aussi un roi de paix, lui qui signa une paix de sept ans avec les Anglais, clôturant véritablement la guerre de Cent ans.

Ce que l'on a appelé le machiavélisme de Louis XI était en fait son pragmatisme au nom d'une réalité, la France.

Son véritable grand défaut fut l'impatience de sa jeunesse. Lui qui se laissa mener à la tête d'une révolte contre son père en 1440. Lui qui s'exila chez son cousin le duc de Bourgogne pour avoir trop comploté, lui qui, enfin, souleva contre sa personne et l'autorité royale la Ligue du Bien Public, dans les premières années de son règne, coalisant contre sa politique réformatrice trop hardie les énergies des grands féodaux.

Mais dans l'épreuve du début du règne, il su apprendre. Apprendre la patience et la modération.

S'il y a bien une figure de chef d'Etat que chaque président devrait méditer en France, c'est celle de Louis XI, qui s'inscrit dans la lignée d'un Philippe Auguste et d'un Philippe le Bel, et préfigure largement Richelieu ou Louis XIV.

A chacun, je conseille de lire le remarquable Louis XI de Jean Favier, publié chez Fayard.
Ce message a été lisu 518 fois
  Envoyer ce message à un ami



Le Rendez-vous débat est clos. Merci de votre participation .


La discussion

images/icones/neutre.gif Une figure de roi par Gabriel Dubois (2009-01-20 19:58:00)



19 liseurs actuellement sur le forum