Je comprends votre inquiétude qui me semble tout à fait fondée. Mais malheureusement la méthode de « travail » que vous présentez est parfaitement dans l’air du temps. Il s’agit de bricoler, d’expérimenter, de toucher à tout sans rien apprendre sérieusement : langues étrangères, informatique, chimie, technologie, SVT et j’en passe. Il y a belle lurette que les jolies leçons de choses du bon vieux temps sont passées aux oubliettes pédagogiques avec les dictées, les récitations et autres tables de multiplication ou conjugaisons apprises par cœur !
Je pense comme vous qu’il serait plus judicieux de construire les savoirs de façon logique, graduelle et coordonnée, brique après brique, un peu comme on bâtit une maison. Aujourd’hui, on en est à planter les poutres du toit dans le sable du jardin et à poser les tuiles dans la salle de séjour ! On marche sur la tête ! Le résultat de cette jolie lubie « saupoudrante » ne peut être que confusion mentale dans l’esprit des enfants. Mais peu importe, il n’y a pas plus tendance…
Je ne crois pas que TOUS les instituteurs se fassent plaisir comme vous dîtes, mais plutôt qu’ils appliquent les directives qu’ils reçoivent des autorités. Cette manière de pratiquer est en effet hautement recommandée par les conseillers pédagogiques, les inspecteurs, les profs d’IUFM et les maîtres à penser du Mammouth, les fameux « pédagogistes » (si peu pédagogues) du Ministère. Pour ces gens-là, tout doit être intuitif : la physique, la chimie, la grammaire, l’orthographe, les maths… L’enfant doit pratiquer par expériences et tâtonnements et finir par découvrir de lui-même toutes les règles. S’il ne découvre rien ce n’est pas grave. Il apprend à apprendre !
En plus de s’extasier devant le génie naissant ex nihilo, l’enseignant n’est plus là que pour veiller à ce que le jeune Einstein ne mette pas ses doigts dans les prises de courant…
Je caricature, mais c’est un peu ça !