Cher Baudelaire;

Une petite remarque avant que M. Brun ne veuille éclairer de ses lumières cette question. Le travail n'est pas en soi le résultat du péché originel. La Genèse (e.g. 2, 15) montre bien que l'homme est destiné à cultiver le jardin, à le jardiner; c'est bien le sens du commentaire de saint Augustin (De Genesi ad litteram notamment) si on le lit dans son entièreté : ce n'est pas le travail qui est le résultat de la faute originel mais bien sa pénibilité (la « sueur du front »).

En outre et de toute façon, la souffrance est aussi un résultat du péché originel, et nous savons par toute la tradition catholique que c'est un lieu de sanctification privilégié; il en va de même pour le travail !
Il ne s'agit pas d'abord de dignité du travail, mais de dignité du travailleur.
Voilà une partie de ce que, cher Baudelaire, vos considérations, sinon un peu hâtives, du moins faites à l'aide d'arguments un peu rapides, du travail, m'inspire, outre l'étonnement toujours renouvelé de la légèreté avec laquelle certains catholiques traitent l'enseignement de l'Église (et l'on sait depuis Pie XII au moins que la doctrine sociale n'est pas à traiter avec moins de sérieux que le reste). L'enseignement de l'Église, et notamment de Jean-Paul II, sur le travail, résonne également comme méditation sur la place et le rôle actif de l'homme dans la Création, ou dans la rédemption de celle-ci. J'ajoute aussi que ce n'est pas pour rien que Notre-Seigneur n'a pas refusé d'utiliser des métaphores laborieuses, voire industrieuses, pour désigner le devoir sacré du chrétien : « travailler à la vigne du Seigneur ».

Dieu vous ait en Sa sainte garde pendant l'année qui vient.
NéoAthanase.