" L'homme est, de toute la Création, le seul être voulu pour lui-même ". Et moi qui croyait que l'homme avait été créé pour servir Dieu.

" En aucun cas et à aucun moment, l'homme ne peut donc être asservi à une autre créature, fût un ange. " Vous n'ignorez pas qu'Aristote faisait de l'esclavage un état naturel ( La Politique), que saint Paul recommande aux esclaves d'être soumis à leur maître, que l'Eglise n'incite pas les esclaves à la révolte, à sortir en quelque sorte de leur condition. Il n'est pas contraire à l'ordre naturel, à la vertu de justice, il n'est pas immoral qu'un homme puisse être soumis à un autre, qu'il puisse dépendre d'un autre homme. Mes propos, ceux d'une longue tradition philosophique et juridique, ne sont pas, je vous l'accorde, compatibles avec les principes des Lumières. Politiquement incorrects...


Créé à l'image de Dieu, tombé dans le péché originel, devenu esclave du péché, l'homme a été libéré du péché par le Christ, devenant ainsi un fils par adoption, bénéficiant de la liberté des fils de Dieu. La liberté des enfants de Dieu suppose que ceux-ci soient les serviteurs de Dieu à l'image de la nouvelle Eve, "ancilla domini". Quand la liberté humaine passe une fois encore par la soumission.

D'autre part, il me semble abusif de parler d'une égalité entre les hommes quant à la dignité: tous les hommes participent à la même nature humaine créée par Dieu, tous ne bénéficient pas de la restauration de cette nature par la mort et la résurrection du Christ, car tous ne sont pas baptisés, il y a donc une inégalité entre un baptisé et un non baptisé; inégalité encore entre ceux qui vivent de la vie divine et ceux qui par leur conduite indigne l'ont perdue et se sont coupés ainsi de la communion des saints. Dieu appelle tous les hommes au salut, mais tous ne répondent pas à cet appel.

L'indépendance ontologique de l'individu, indépendance toute théorique, passe -logiquement- par une affirmation renforcée de la soumission de la nature à l'homme, soumission bien réelle et trop souvent excessive: cette dernière compense l'absence d'égalité entre les individus. L'homme épris de liberté se console et se rattrape comme il peut... Aussi permettez-moi de vous dire combien les propos qui suivent me font sourire:

1 " Que l'homme soit dépendant d'une chose qu'il a créée est un signe non seulement d'avilissement mais de décadence. "

2 " La dignité humaine comprend de façon intrinsèque la domination sur les choses de la nature. "

3 " La solidarité humaine exige de soi une égalité face aux droits et aux devoirs. "


Je ne vois pas d'autre source à ce discours sur la dignité humaine que la philosophie des droits de l'homme, une référence à la devise de notre chère démocratie issue de la Révolution fançaise, référence évidemment que vous ne pouvez avouer.