Bonsoir monsieur,
en consultant votre blog, je me suis intéressé à votre texte sur l'engagement chrétien.
Vous développez de longues considérations sur la passivité, la frilosité, la peur de se faire remarquer de nombreux chrétiens (ou devrais-je dire, d'hommes en général). Cependant, voici un cas concret qui peut rejoindre les espérances d'Anne Cofinier et de Marie-Bénédicte Pain (intervenues sur ce forum le 10 décembre dernier):
Si j'ai des enfants scolarisés dans l'établissement catholique (privé sous contrat) de la ville voisine; si je constate qu'ils ne reçoivent pas un bon enseignement intellectuel, manuel, comme dans l'instruction religieuse de base; et si venant signaler mon étonnement, la religieuse responsable me dit: "si vous n'êtes pas content, allez voir ailleurs".
Qu'en pensez-vous?
Je puis rester passif et laisser mes enfants baigner dans ce sombre bouillon de culture. Et j'entends bien votre réaction, c'est odieux. Je n'aurais alors pas à me plaindre des conséquences. Sauf si, modeste employé de mairie, je ne puis financièrement assumer une pension trop loin et trop chère.
Je puis sortir mes enfants de cet établissement pour leur trouver une école catholique. Mais certaines régions n'en sont pas pourvues, le sacrifice est parfois trop lourd à gérer pour certaines bourses. Si mes enfants parviennent néanmoins à étudier dans cette pension à l'esprit vraiment catholique, se posera alors l'évidence de l'engagement chrétien dans la paroisse abandonnée. Il est clair que leur départ n'aura pas aidé les enfants des voisins qui, bien que chrétiens, auront été laissés dans la médiocrité de l'école et de la paroisse.
J'aborde ce thème, même si en l'occurrence l'exemple est fictif puisque je suis encore étudiant. La notion d'"engagement" est criante dans les productions des Eglises locales. Les évêques, les curés ont conscience de solliciter pour tout les mêmes gens. Et la dernière piqûre de rappel se dota de cette citation de St François de Sales: "Fleuris là où Dieu t'a planté".
Si, pour l'épanouissement spirituel et humain de ma famille, nous choisissons de faire 30, 60 ou 80 kms chaque dimanche pour aller à la messe, l'engagement chrétien se fera naturellement au milieu de cette nouvelle communauté de chrétiens.
Vous écrivez:
Là où je suis je peux changer bien des choses par mon simple comportement, mon adhésion ou non à telle valeur, tel système. L’éducation que je donne à mes enfants concerne tous ceux qui un jour les approcheront.
Comment considérez-vous cet engagement fort des catholiques qui refusent la médiocrité de leur paroisse géographique en préférant un centre de messe traditionaliste, au risque de subir de la part de leur ancienne paroisse, de leur diocèse comme de leur voisin, les qualificatifs peu amènes de "intégristes", "sectaires", "peu fréquentables"?
Certes ces adjectifs montrent bien la vacuité des réflexions de leurs auteurs, mais ce sont ces adjectifs qui sont entendus, compris par le grand public. L'exemple d'Amiens le prouve: le quidam qui voit la sainte messe devant la cathédrale dépasse alors la barrière, et se rend compte par lui-même.
Pour moi le dilemme est le suivant:
soit je descends dans la fosse aux lions comme Daniel (ce que je ne ferai pas une fois chargé de famille), soit je m'abstiens et l'engagement catholique se réservera à la vue d'un petit nombre de convaincus (fidèles de la même chapelle, parents d'élèves ou professeurs du même établissement scolaire). Notez que la deuxième option n'est pas une solution de facilité.